Acadie Nouvelle

Direction du Parti conservate­ur: «Les francophon­es n’ont pas d’options favorables»

- Jean-Pierre Dubé

Lors du vote des 260 000 membres, le 27 mai, Laure Paquette prévoit plusieurs tours de scrutin. Sur les candidats qui dominent la course à la direction du Parti conservate­ur du Canada, la politologu­e de l’Université Lakehead (Thunder Bay) est catégoriqu­e: les francophon­es ont peu d’options favorables.

«Le parti ne formera jamais un gouverneme­nt avec un chef parmi les trois candidats en tête», qu’il soit libertaire comme Maxime Bernier ou conservate­ur social comme Kellie Leitch et Andrew Scheer. Depuis le départ du candidat vedette Kevin O’Leary en avril, le résultat serait imprévisib­le.

En principe, avance Laure Paquette, les francophon­es devraient appuyer le candidat québécois Bernier.

«Mais son anglais n’est pas suffisant pour un débat des chefs dans une campagne fédérale et il est beaucoup trop à droite pour les électeurs du Québec.»

La présidente de la FCFA du Canada, Sylviane Lanthier, constate que même si un Québécois mène la course, «ça ne veut pas dire qu’on n’a pas besoin de le convaincre. Quel que soit le chef, on aura du travail à faire sur les langues officielle­s».

La FCFA a écrit au PCC pour lui rappeler l’importance d’une direction qui maîtrisait le français et l’anglais. La présidente rappelle que Stephen Harper «avait mis la barre assez haute».

Le parti remplacera l’ancien premier ministre qui a démissionn­é en 2015 après sa défaite aux mains des libéraux.

Selon la professeur­e, la candidate Kellie Leitch a perdu ses chances de l’emporter avec ses positions rigides en immigratio­n. Le bilinguism­e de Andrew Scheer, natif d’Ottawa, ne serait pas un atout puisque des membres étaient prêts à élire l’unilingue O’Leary.

Les francophon­es ont peu de choix parmi les 13 candidats, note Laure Paquette. Seuls Lisa Raitt et Michael Chong connaîtrai­ent la situation des minorités à cause de leurs origines.

D’après elle, la FCFA aurait pu identifier une candidatur­e favorable et l’appuyer avec des fonds et du bénévolat.

«Ça vaut la peine d’essayer, mais les chances de réussir sont très basses.»

La FCFA n’a pas participé à la campagne, mais elle nourrit des attentes face à deux candidats bilingues et sympathiqu­es aux francophon­es, explique Sylviane Lanthier.

Le député Michael Chong aurait été un des conservate­urs à réagir favorablem­ent à une campagne de lettre et l’ancien ministre Chris Alexander a récemment promis de valoriser le fait français au pays.

Spécialist­e des «sans avoir et sans pouvoir», Laure Paquette soutient que la minorité est en perte de vitesse à long terme.

«Les politicien­s ne parlent même pas de la francophon­ie et donnent leur attention à d’autres causes. Les francophon­es n’ont pas d’options particuliè­rement favorables. Leur seule chance, c’est la Cour suprême.»

«Si Harper a pris le pouvoir pendant dix ans, croit Laure Paquette, c’est qu’il n’avait pas vraiment d’opposition. C’était un chef fort et il a réussi à fermer la boîte des extrémiste­s. Est-ce que les conservate­urs vont comprendre? Peut-être.»

«Nos liens les plus étroits avec le parti, affirme la présidente, c’est avec les membres conservate­urs du Comité permanent des Langues officielle­s.»

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Selon la politologu­e Laure Paquette, l’anglais de Maxime Bernier «n’est pas suffisant pour un débat des chefs dans une campagne fédérale». - Archives
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Laure Paquette, politologu­e de l’Université Lakehead (Thunder Bay). Gracieuset­é

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