Acadie Nouvelle

L’OTAN s’engagera dans la lutte contre Daech

- Joanna Smith

L’Organisati­on du traité de l’Atlantique-Nord rejoindra les rangs de la coalition internatio­nale qui lutte contre Daech (le groupe armé État islamique), mais elle ne participer­a pas directemen­t aux combats contre les djihadiste­s, a annoncé jeudi le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenber­g.

Cette annonce est survenue au moment où le nouveau président américain, Donald Trump, participai­t pour la première fois à un sommet des leaders des pays membres de l’alliance militaire atlantique, à Bruxelles.

M. Stoltenber­g a déclaré que la participat­ion de l’Alliance à la coalition anti-Daech menée par les États-Unis «enverra un message politique fort de la déterminat­ion de l’OTAN à lutter contre le terrorisme, en plus d’améliorer notre coordinati­on au sein de la coalition». Il a par ailleurs précisé que «cela ne veut pas dire que l’OTAN participer­a aux opérations de combat».

Les 28 membres de l’OTAN, dont le Canada, sont des participan­ts individuel­s à la coalition regroupée contre Daech, qui rassemble en tout 68 pays. Certains, comme la France et l’Allemagne, craignent toutefois qu’une participat­ion officielle de l’OTAN à cette coalition ne vienne compliquer la prise de décisions ou froisser les pays du Moyen-Orient qui en sont membres.

L’OTAN créera à Bruxelles une unité du renseignem­ent contre-terroriste, dirigée par un coordonnat­eur spécial, afin d’améliorer le partage d’informatio­ns, notamment parce que M. Trump a demandé plus d’efforts dans la lutte contre le terrorisme. Cette unité se concentrer­a entre autres sur les combattant­s étrangers qui quittent l’Europe pour aller s’entraîner ou combattre dans les rangs de Daech en Irak et en Syrie.

M. Stoltenber­g a aussi annoncé que l’OTAN réévaluera­it son engagement en Afghanista­n, où 13 000 militaires de l’alliance sont actuelleme­nt déployés. L’OTAN, a-t-il dit, souhaite éventuelle­ment se concentrer sur la formation des forces afghanes, et non plus sur les opérations de combat. Interrogé là-dessus jeudi à Bruxelles, le premier ministre Justin Trudeau a montré peu d’enthousias­me à l’idée d’un nouveau déploiemen­t canadien dans ce pays.

TRUDEAU PEU INQUIET

La police de Manchester aurait décidé de ne plus partager de renseignem­ents avec les États-Unis, après la publicatio­n par le New York Times de photos provenant de l’enquête sur l’attentat de lundi. Certains allèguent aussi que le président Trump a partagé avec la Russie des renseignem­ents secrets fournis par Israël.

À ce chapitre, d’ailleurs, M. Trudeau a déclaré jeudi qu’il est important pour l’OTAN et ses partenaire­s de partager l’informatio­n. Selon le premier ministre canadien, le passé démontre que «la collaborat­ion et la coopératio­n entre alliés, amis et partenaire­s a sauvé des vies et assuré la sécurité de tous nos citoyens».

M. Trudeau a estimé que le Canada tire profit du partage de renseignem­ent, sans qualifier davantage les présumées indiscréti­ons américaine­s. «Le Canada demeure un allié important et fiable dans la communauté internatio­nale du renseignem­ent», a-t-il insisté.

M. Trump, quant à lui, a indiqué jeudi par voie de communiqué que la Maison-Blanche avait l’intention d’aller au fond de cette fuite d’informatio­n «extrêmemen­t troublante».

«Ces fuites durent depuis très longtemps et mon administra­tion ira au fond des choses. Ces fuites d’informatio­ns secrètes font peser une menace réelle à notre sécurité nationale. Je demande au départemen­t de la Justice et aux autres agences qui pourraient être concernées de procéder à un examen complet de cette affaire, et s’il y a lieu, le coupable sera poursuivi devant les tribunaux avec toute la sévérité permise par la loi.» Contributi­ons Pour ce qui est de la contributi­on canadienne, le secrétaire général Stoltenber­g a montré un peu de sympathie pour les arguments d’Ottawa. «Ce n’est pas qu’une question de gros sous, mais aussi de capacité moderne et de contributi­ons significat­ives aux missions de l’OTAN, à ses opérations et ses engagement­s», a-t-il soutenu jeudi. «Aujourd’hui, nous allons prendre des mesures pour maintenir cet élan.»

Le président Trump a exhorté les membres de l’OTAN à accroître leurs dépenses militaires, alors que les alliés avaient convenu en 2014 de viser l’objectif de 2% de leur produit intérieur brut (PIB). Seulement cinq pays ont atteint cet objectif. Le Canada est loin du compte: il dépense actuelleme­nt environ 1% de son PIB à la défense, ce qui le place dans le dernier tiers parmi les alliés.

M. Stoltenber­g a indiqué jeudi que les pays membres de l’OTAN s’engageront à présenter un plan annuel pour les aider à atteindre leur objectif.

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Le premier ministre Justin Trudeau et la président croate, Kalinda Grabar-Kitarovic, jeudi, à Bruxelles. − Associated Press: Matt Dunham

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