Le homard canadien vaut 20% de plus que le homard américain
Le homard canadien vaut près de 20% de plus que le homard américain sur les marchés internationaux. Le crustacé provenant des eaux de la côte canadienne a une meilleure réputation que celui du sud de la frontière. Jean-Marc Doiron
Un importateur coréen s’est fait pincer, la semaine dernière, pour avoir faussé la provenance du homard qu’il vendait aux restaurants locaux. En faisant passer son homard des États-Unis pour du homard pêché au Canada, il a escroqué plus de 400 millions $US (540 millions $CAN) du portefeuille de ses clients.
Le marchand, identifié comme un homme de 53 ans nommé Kim, a importé 321 cargaisons de homard provenant des États-Unis depuis septembre 2014, selon le média spécialisé en fruits de mer SeafoodNews. En créant de fausses étiquettes, il a fait croire à ses clients que son produit avait été pêché au Canada.
L’anecdote braque les projecteurs sur une réalité profitable aux pêcheurs des Provinces maritimes: leur réputation est bien meilleure que celle des Américains. En fait, elle est environ 20% meilleure.
La ruse a permis au fraudeur d’écouler son stock pour 2,32 milliards $US, plutôt que le 1,9 milliard $US qu’il valait.
La garde côtière de la Corée du Sud souligne que les «homards américains sont moins populaires que le produit canadien, car ils contiennent moins de viande».
Pourtant, le homard pêché sur les côtes du Nouveau-Brunswick et de la NouvelleÉcosse est de la même espèce que celui capturé par les pêcheurs du Maine, soit le Homarus americanus. Comment expliquet-on donc la perception des Coréens?
Selon Geoff Irvine, président du Conseil canadien du homard, l’écart des prix est lié au fait que les Américains pêchent le homard pendant une plus longue période de l’année. En été et à l’automne, le crustacé est dans une phase de mue défavorable.
«Si le homard a récupéré de sa mue, est plein de viande et a une bonne concentration de protéine sanguine, il va survivre un vol jusqu’en Asie. En général le homard qui survit de cette façon provient de la côte atlantique de la Nouvelle-Écosse et la baie de Fundy.»
«Au fond, c’est la même espèce. S’il est classé, bien traité et bien géré, tout le monde peut avoir du bon homard. Mais la majorité du homard pêché aux États-Unis est sur les marchés dans une période où il n’est pas de grande qualité.»
En 2014, le Conseil canadien du homard a lancé une stratégie de marketing visant à renforcer l’image de marque du homard canadien. L’équipe de M. Irvine veut mettre l’emphase sur la «qualité supérieure, le goût délicieux et la disponibilité à longueur d’année» du crustacé des homardiers du Canada.
«La qualité fait partie de notre programme de création de marques. Nous rappelons aux membres de l’industrie que la qualité est importante. Nos clients doivent recevoir ce pour quoi ils ont payé. Ça ne fait pas du bien à qui que ce soit d’envoyer un homard de mauvaise qualité.»
Les pêcheurs du nord-est du NouveauBrunswick pêchent le homard au printemps. Ceux de la baie de Fundy pêchent en fin novembre et au printemps. Depuis quelques semaines, les pêcheurs de la Péninsule acadienne et Chaleur reçoivent environ 7,50$ la livre pour leurs prises, des prix historiquement élevés.
Les pêcheurs du détroit de Northumberland pêchent en août et septembre, mais la majorité des prises sont destinées aux usines de transformation.