Les francophones de Miramichi craignent de perdre leurs églises
Les francophones de la grande région de Miramichi craignent eux aussi pour l’avenir de leurs églises dans la foulée de la restructuration du diocèse catholique de Saint-Jean.
L’Acadie Nouvelle rapportait la semaine dernière que les francophones de Fredericton risquaient de perdre leur église et leur paroisse en raison de la reconfiguration du diocèse.
Les efforts de rationalisation de l’Église catholique romaine pourraient cependant avoir aussi des effets jusque dans la région de Miramichi, qui fait également partie du grand diocèse de Saint-Jean.
Le sort des églises de la Nativité-de-laBienheureuse-Vierge-Marie de Miramichi et de l’Ascension de Beaverbrook est en jeu.
Le diocèse de Saint-Jean compte 83 paroisses et missions. De ce nombre, 34 sont aux prises avec de «sérieux défis» financiers, selon le site web de l’institution.
L’Église a donc retenu les services de la firme américaine Catholic Leadership Institute pour l’épauler dans un processus de «revitalisation» afin, notamment, de réduire le nombre de lieux de culte et d’entités administratives sur son immense territoire.
Après avoir consulté le clergé et les paroissiens, la firme a proposé quatre scénarios de réorganisation pour la région de Miramichi. La sauvegarde de la messe hebdomadaire en français dans les deux églises ne fait pas partie de tous les scénarios envisagés.
«Nous risquons de perdre beaucoup plus que seulement la messe en français. C’est important la messe, mais la culture prendrait un drôle de coup», raconte le curé qui partage son temps entre les deux églises, le père Paul LeBlanc.
Lorraine Gagnon fréquente l’église de la Nativité chaque samedi. Même si rien n’est encore joué, l’idée d’aller à l’église de l’Ascension, 20 kilomètres plus loin, ou d’aller à la messe en anglais dans une autre église de la région, ne l’enchante pas.
«C’est ma culture. Nous sommes toujours allés à la messe en français mon mari et moi quand on grandissait. Nous y allons chaque samedi. Il y a l’église de Beaverbrook, mais les chemins ne sont pas très bons, surtout l’hiver», raconte la paroissienne.
«On aime ça à la Nativité et on aimerait rester, mais on ne sait pas...». Mme Gagnon n’écarte pas la possibilité d’aller à la messe en anglais «s’il n’y a pas d’autre option, mais on aimerait garder le français autant que possible.»
L’évêque de Saint-Jean, Mgr Robert Harris, assure qu’aucune décision n’a encore été prise concernant la réorganisation des trois grandes régions du diocèse.
«Il faut toujours se rappeler que ce qui a été proposé, ce n’est pas la décision», explique-t-il.
Les paroissiens ont jusqu’au 4 juin pour faire connaître leur opinion au diocèse. Le Catholic Leadership Institute présentera ensuite son rapport à l’évêque à la fin du mois. La reconfiguration devrait être annoncée cet hiver.
«Les francophones doivent présenter leur situation particulière. Ils ont le droit de le faire et j’espère qu’ils vont le faire», affirme Mgr Harris.
Le statu quo n’est cependant pas une solution, rappelle-t-il.
«On ne peut plus soutenir le nombre d’églises que nous avons avec le nombre de personnes qui les fréquentent. Il faut trouver des solutions.»