Richesse de la diversité en Église
Le patriarche Bartholomée de Constantinople et le pape François étaient en Égypte à la fin avril. La visite a été relayée par les grands médias. Il ne faudrait pas qu’elle tombe en oubli parce que ce fut un grand pas sur le chemin de la réconciliation ent
En fait, trois grands leaders religieux se sont retrouvés au Caire: le pape François, le patriarche de Constantinople et le «pape» des Coptes orthodoxes qui vivent en Égypte. Ils ont rencontré les leaders de l’islam sunnite lors d’une rencontre interreligieuse sur le thème de la paix. À la suite des attentats perpétrés contre des chrétiens lors du dimanche des Rameaux, ce sommet était important.
Cette visite devient l’occasion d’une introduction à la diversité et à la richesse de ces Églises orthodoxes qui ne sont pas unies à l’Église latine (l’Église catholique de rite romain). Ces jours-ci, j’ai l’occasion de côtoyer des jeunes de ces Églises alors que j’accompagne un groupe de jeunes de chez nous à Taizé pour une semaine de rencontres internationales.
Dans l’histoire, c’est la diversité au sein des communautés qui vient d’abord. La lecture des Actes des Apôtres en fait foi. L’organisation et l’unification viennent après. Au début du christianisme, tout était tradition vivante, orale et locale. Il y avait beaucoup de liberté et d’improvisation jusqu’aux environs l’an 150. À cette époque, des conciles (ou synodes) ont été convoqués pour uniformiser les différents credos et tenter d’éliminer des hérésies.
Aux différents conciles, les évêques présents sont ceux des Églises qui se sont développés dans les centres urbains de l’Empire romain: Rome, Alexandrie, Antioche, Constantinople et Jérusalem. Mais aussi à l’extérieur de l’empire: en Arménie, en Mésopotamie, en Éthiopie et en Inde.
En Occident, la puissante Rome va adopter le rite latin et l’importance de cette Église édifiée sur la pierre que représente Simon va faire en sorte qu’elle va imposer ses pratiques, sa théologie et ses rites liturgiques à plusieurs Églises locales de l’empire d’Occident.
En Orient, l’Église s’adapte à des langues et à des cultures anciennes. Les rites des Églises chrétiennes d’Orient font une grande place au mystère, à la beauté (avec les icônes) et aux liturgies (avec leurs chants caractéristiques, l’abondance de leur encens, etc.) Pourtant, il y a beaucoup plus que les rites qui caractérisent ces Églises.
Si les conciles de Nicée et de Constantinople sont importants pour le credo de toutes les Églises, les conciles suivants (notamment Éphèse et Chalcédoine) ont adopté des thèses qui ont créé des dissensions qui ont culminé avec le schisme de 1054: l’Église de Rome se sépare de toutes les autres Églises. Ce schisme confirme des divisions qui existaient déjà.
À partir du 16e siècle, des missionnaires vont aller à la rencontre de certaines Églises d’Orient pour qu’elles reviennent à la communion avec Rome. Des groupes vont accepter la main tendue et vont devenir des Églises orientales catholiques qu’on appelle «uniates». Aujourd’hui, nous avons donc des Coptes catholiques, des Grecs catholiques, etc.
Entre les Églises, il n’y a plus les querelles doctrinales des origines: les choses sont dites différemment, mais l’essentiel demeure.
De plus, la collaboration entre les Églises s’intensifie. Entre les catholiques romains et les Églises orientales orthodoxes, il y a des accords pastoraux.
La visite de Paul VI en Terre sainte en 1964 et la rencontre avec le patriarche grec orthodoxe a été un moment décisif de l’oecuménisme. Cette rencontre était une reconnaissance mutuelle. La dernière rencontre entre le pape François et le patriarche Bartholomée est aussi une étape importante sur le chemin de l’oecuménisme.