«L’histoire des Premières Nations n’est pas bien enseignée»
De passage dans le Restigouche, le chef national Perry Bellagarde a insisté sur l’importance de changer les mentalités
À l’aube du 150e anniversaire de la Confédération, le chef national de l’Assemblée des Premières Nations, Perry Bellagarde, a réitéré son invitation aux gouvernements de faire une plus grande place – plus juste et équitable – à l’histoire amérindienne dans les écoles du pays.
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L’histoire des Premières Nations est présente dans les manuels scolaires des écoles canadiennes, mais elle n’est qu’effleurée et on fait aussi généralement abstraction des passages plus ou moins élogieux.
Peu de gens savent, par exemple, que jusqu’au milieu du siècle dernier, de nombreux autochtones ne pouvaient sortir de leur réserve sans une autorisation spéciale, avoir recours aux services d’un avocat ou même voter aux élections canadiennes sans renoncer à leur titre (émancipation).
Un passé difficile à croire, mais pourtant bien réel et pas si lointain.
Mais l’enseignement de ces chapitres plus nébuleux de l’histoire amérindienne pourrait permettre aux Canadiens de mieux comprendre ce que vivent les autochtones aujourd’hui et constituer un grand pas vers une réelle réconciliation.
«Les changements de mentalités passent par la connaissance et la reconnaissance», croit le chef de l’APN, Perry Bellegarde.
Il s’agissait d’une partie du message qu’il a livré lundi à Dalhousie aux jeunes de la Première Nation d’Eel River Bar ainsi qu’à certains membres de la Première Nation de Listuguj.
Pendant plus d’une heure, il a traité des nombreuses injustices et inégalités auxquelles ont été confrontées – et sont parfois toujours confrontées – les 634 nations autochtones du pays.
Son discours n’en était pas pour autant négatif. Au contraire, il visait surtout à motiver les membres de ces communautés, invitant au passage la jeunesse à demeurer le plus longtemps possible à l’école ainsi qu’à conserver le langage et les traditions ancestrales.
«Ce sont là nos plus grands trésors», a-t-il lancé à son auditoire.
Que faire pour construire un meilleur Canada?
«Selon moi, la réponse passe par un meilleur apprentissage de la réalité de l’autre», indique-t-il.
Il note qu’il existe des manquements énormes dans l’enseignement de la contribution autochtone à la création du pays jusqu’à nos jours.
«Malheureusement, l’histoire des Premières Nations n’est pas bien enseignée à travers le pays. On ne parle pas ou presque pas de la Loi sur les Indiens, des pensionnats autochtones, des traités; tous des événements qui ont causé de grands traumatismes chez nos peuples. L’éducation est le meilleur moyen de parvenir à faire évoluer les choses. Elle mène à la sensibilisation, à la compréhension puis à l’action, comme des changements législatifs et l’amélioration des relations entre autochtones et non autochtones», indique-t-il.
Car s’il croit que les jeunes autochtones doivent connaître d’où ils viennent pour avancer, il croit également que le message doit être véhiculé à chaque Canadien, question de briser les stéréotypes.
«On doit apprendre l’un de l’autre. Parler de nous en égaux. La coexistence pacifique et le respect mutuel, c’est ce à quoi nous devons aspirer», dit-il.
Encore aujourd’hui, M. Bellegarde estime que la population canadienne en connaît trop peu sur les autochtones qui, pourtant, étaient ici bien avant l’arrivée des premiers Européens.
«Lorsqu’on regarde la liste des pays ayant la meilleure qualité de vie, le Canada se classe au 6e rang au chapitre internationale. Mais si on ne considérait que les réserves autochtones, il tomberait au 63e rang. La différence est majeure et pourtant, on vit dans le même pays», a-t-il exposé comme exemple.
Selon M. Bellegarde, certaines provinces sont en avance sur d’autres en ce qui a trait à l’enseignement de l’histoire autochtone.
«Je crois qu’il y a une ouverture, un progrès. Il faut simplement maintenir la pression», ajoute-t-il, promettant d’utiliser cette année historique pour le pays afin de rétablir un brin… d’histoire.