TOUJOURS REBELLE
JACKIE VAUTOUR
Un nouveau chapitre dans la saga de Jackie Vautour est lancé. L’éternel rebelle tentera d’être reconnu comme Métis devant la Cour suprême du Canada, tout en représentant une centaine de familles expropriées de Kouchibouguac qui revendiquent des droits métis devant la Cour du Banc de la Reine du Nouveau-Brunswick.
À 88 ans, Jackie Vautour n’est toujours pas sur la veille de baisser les bras. Avec son fils, Edmond, et son avocat, Michael Swinwood, à ses côtés, il a rencontré les médias, vendredi au centre étudiant de l’Université de Moncton, pour une mise à jour sur sa lutte devant les tribunaux sur les droits métis.
Les trois hommes ont abordé une multitude de sujets, dont le financement des deux processus devant les tribunaux, leur espoir que la Cour suprême du Canada reconnaîtra les métis du Nouveau-Brunswick et leurs pourparlers avec le conseil de bande d’Elsipogtog, qui revendique aussi des droits autochtones sur le parc national Kouchibouguac.
Et comme toujours, Jackie Vautour a démontré qu’il reste inébranlable devant son combat qu’il compte mener jusqu’à son dernier souffle.
Au printemps 2015, un groupe d’expropriés a lancé une campagne de financement en vue de revendiquer des titres ancestraux métis devant la Cour fédérale. Depuis, un groupe de 126 familles a ramassé environ 160 000$ afin de retenir les services de Me Swinwood.
Une cause a été déposée devant le tribunal fédéral en décembre 2015. Elle a ensuite été transférée à une juridiction provinciale, en début mai, quand le chef d’Elsipogtog, Arren Sock, a lancé sa propre action afin d’obtenir des titres autochtones sur un territoire qui comprend Kouchibouguac.
La semaine prochaine, Me Swinwood demandera au Palais de justice de Moncton qu’un juge responsable de la gestion de l’instance détermine si la cause des expropriés de Kouchibouguac et celle du Conseil de bande d’Elsipogtog sont conciliables.
L’avocat de Jackie Vautour souhaite arriver à une entente avec l’avocat du groupe d’Elsipogtog, Bruce McIvor, afin que les deux partis collaborent dans le dossier.
En parallèle avec ce cas, Me Swinwood prépare le dossier de Jackie Vautour pour la Cour suprême du Canada. Après que la Cour d’appel du N.-B. ait refusé d’entendre la cause de M. Vautour, en début mai, l’homme de Kouchibouguac tentera d’être entendu par le plus haut tribunal du pays, en fin juin.
M. Vautour tentera de convaincre la Cour suprême de modifier ou de remplacer le test Powley, soit l’examen utilisé dans les tribunaux canadiens afin de déterminer si un individu est titulaire de droits métis.
Selon Me Swinwood, le test Powley ne tient pas compte de la réalité historique du Nouveau-Brunswick. Il aurait plutôt été conçu pour les communautés métisses du Manitoba et de l’ouest de l’Ontario.
Il affirme que le Nouveau-Brunswick est le lieu de naissance des métis au Canada, mais qu’une «conscience de génocide» a empêché les communautés historiques métisses de la province de s’afficher comme tel.
Une campagne de sociofinancement sera lancée afin d’absorber les coûts des démarches devant la Cour suprême.
«Tous les métis dans l’est du Canada veulent être reconnus. Ils ont tous des cartes et font partie d’associations, mais personne n’a de droits. Nous avons la chance de changer ça devant la Cour suprême», affirme Edmond Vautour.
Malgré le fait que le processus est plus long que prévu - Me Swinwood avait prédit qu’il durerait deux ans -, les familles restent déterminées, selon Edmond Vautour.
«Ça dépend comment longtemps que je peux vivre. Mais je suis prêt à me battre jusqu’au bout. Je ne suis pas fatigué de ma lutte contre le gouvernement.»