Solidarité avec la pauvre Terre
C’est Pentecôte! La fête du commencement de l’Église. Celle aussi de la nouveauté et de l’inespéré qu’apporte l’Esprit. Dans plusieurs régions du monde, la nature éclate pour cette fête: les fleurs sont belles et le vent fait danser les épis dans les cham
Ici, nous sommes encore loin de la récolte. Mais si nous voulons des fleurs et des fruits dans quelques semaines, nous devons préparer les semences et les mettre en terre ces jours-ci. À travers un long processus de maturation, la nature fera son oeuvre… comme l’Esprit travaille au coeur de ce monde.
Depuis Pâques, nous lisons en Église des extraits des Actes des apôtres. Le personnage principal est surprenant parce qu’invisible: l’Esprit-Saint. Ce livre présente l’idéal de vie de la première communauté chrétienne. Ce qui étonne, c’est que tout était mis en commun.
Nul n’osait se dire propriétaire de ses biens. On les apportait et on les déposait aux pieds des apôtres qui les distribuaient à chacun selon les besoins. Partager avec les pauvres, c’était faire oeuvre de miséricorde. Cela avait une importance aussi grande que l’annonce du Christ à travers la prédication et la célébration.
Penser aux pauvres, c’est se dire à soimême: «Ce pauvre est un membre de mon corps. Il a des besoins comme moi, mais il manque d’argent, de nourriture, de vêtement.»
En réfléchissant ainsi, le partage devient une nécessité qui incombe à tous et non pas une activité extraordinaire pratiquée une fois par année au moment de la guignolée. De nos jours, celle qui manifeste une grande pauvreté est notre soeur la Terre. Notre planète est une pauvre qui a besoin de soins. Apprendre et imiter le style de vie de nos devanciers nous fait vivre solidairement entre nous et avec notre soeur et mère la terre.
Les premiers chrétiens reconnaissaient qu’ils n’étaient propriétaires de rien… y compris de la terre qu’on a marchandée au cours de l’histoire en vendant des morceaux de planète aux plus offrants. Et cela, au nom du droit à la propriété pour la survie.
Ce droit à la propriété tire ses origines de la Rome païenne. Les juristes de l’époque reconnaissaient trois éléments constitutifs au droit de propriété. En premier, le droit d’user de la chose possédée. Ensuite, le droit d’en percevoir des fruits et des revenus. Enfin le droit de retirer de la chose une utilité définitive, de la consommer en la détruisant matériellement, voire d’en abuser.
Comment s’accommoder d’une conception de la répartition des biens héritée de la Rome païenne? Cette vision est pourtant défendue par nos civilisations occidentales. Elle est en contradiction avec les valeurs chrétiennes.
Certains propriétaires croient qu’ils ont le droit de faire ce qu’ils veulent sur leur terre ou avec leurs biens… «parce que ça leur appartient!» On peut certes en user, mais pas en abuser! Cela est irréconciliable avec notre condition citoyenne et chrétienne.
Prendre soin de la Terre, notre demeure commune, c’est une responsabilité pour tous. Mais il y a une raison de plus pour les chrétiens de prendre soin de la création. C’est reconnaître que notre Terre est un don de Dieu qui nous est confié. Nous n’en sommes pas les propriétaires, mais les intendants.
De nos jours, on devrait pouvoir reconnaître les chrétiens à leur souci de l’écologie. Prendre soin de la création, embellir le monde, planter des fleurs, aménager des parcs, cultiver un potager. Voilà la miséricorde au 21e siècle!