Acadie Nouvelle

Montréal a vibré aux rythmes de l’Acadie

- Ugo Giguère

Devant une place des festivals remplie et des drapeaux étoilés qui flottaient au-dessus des têtes, la nouvelle génération de musiciens acadiens a pris possession de Montréal, mercredi soir. «Événement historique» pour certains, la Soirée Acadie Rock des Francofoli­es marque un moment décisif dans l’industrie musicale.

À tout seigneur, tout honneur, Radio Radio et Lisa LeBlanc ont monopolisé la scène une bonne partie du spectacle. Après tout, ce sont eux qui ont amorcé cette nouvelle vague de la chanson acadienne il y a environ 10 ans.

«Avant, on n’avait pas dans l’idée qu’on pouvait percer au Québec. Radio Radio a été un game changer pour nous autres. Ils sont arrivés en conquérant­s. Ils étaient là pour rester. Puis, il y a eu Lisa et ç’a confirmé qu’on arrivait», analyse l’instigateu­r du spectacle Joseph Edgar.

Il ajoute cependant qu’avant tout ça, il y a eu Marie-Jo Thério. En toute logique, c’est elle qui a ouvert le spectacle. Elle est apparue devant son piano, incandesce­nte, la grande soeur bienveilla­nte, celle qui a tracé le chemin. Elle nous a offert sa magnifique pièce Café Robinson pour donner le ton.

Lisa LeBlanc a été la première à faire réagir la foule qui ne s’est pas fait prier pour entonner son hymne aux jours où la «vie

c’est d’la marde»! Les Hay Babies ont, elles aussi, obtenu la faveur du public tout comme Les Hôtesses d’Hilaire et la singularit­é de Serge Brideau qui ont révélé le côté irrévérenc­ieux de la scène musicale acadienne.

Le poète Jean-Paul Daoust a lui aussi mérité une chaleureus­e ovation au terme de son allocution déjantée et lubrique intitulé Tarzan, en hommage à Gérald Leblanc. Le public en redemandai­t!

FIERTÉ ET SOLIDARITÉ

La route a été longue avant d’en arriver à ce rassemblem­ent sur scène 100% acadien. Joseph Edgar en rêve depuis au moins 10 ans, depuis qu’il a organisé le 15 août des

fous entre 1994 et 2008. Il a proposé le concept une première fois il y a cinq ans, mais le temps n’était pas encore venu. «Je savais que ça viendrait, Laurent (Saulnier) a toujours backé les artistes acadiens», souligne l’auteur de l’Espionne russe.

Quand on lui demande s’il réalise que le moment est enfin arrivé, il répond: «C’est sûr que je vais brailler ma vie après le son entrée sur scène.

ACADIENS, QUÉBÉCOIS… ET AMÉRICAINS AU RENDEZ-VOUS

Plus de quatre heures avant le début du spectacle, on sentait déjà que Montréal se mettait à l’heure des Maritimes. Pendant que les Hay Babies s’affairaien­t à terminer leur test de son pour leur concert sur la deuxième scène, on entendait la voix de Caroline Savoie dans les haut-parleurs de la promenade. Au même moment, Joey Robin Haché et Menoncle Jason se relayaient pour le 5 à 7.

Une bonne heure avant le début du grand spectacle, Mathieu Tremblay et sa conjointe Ainslie Boudreau avaient hâte de voir les Hay Babies. Le couple montréalai­s déménage en Nouvelle-Écosse à la fin du mois. La jeune femme native de Truro ramène son amoureux dans son patelin.

«On vient faire le plein des Maritimes avant de partir!», lance Mathieu, qui show!» Une douce revanche pour des années connaissai­t aussi le répertoire de Lisa de bataille. «Y a longtemps fallu se LeBlanc et de Radio Radio. Un peu plus battre avec des diffuseurs qui avaient peur loin, l’Américaine Kayleen Prins, tout et qui ne voulaient pas ‘‘prendre le risque’’ juste débarquée de Chicago avait bien hâte avec des artistes acadiens. Là, on vient de découvrir les artistes acadiens. «Ils ont prouver que ça se peut et pour tous ceux quelque chose de spécial! Surtout Lisa qui nous ont dit non là… c’est le fun!» LeBlanc, elle est géniale», confie la francophil­e La Runaway Queen en personne, Lisa qui apprend la langue avec les textes LeBlanc, n’y croyait pas non plus à ce pow de la rockeuse.

wow montréalai­s. «Je suis vraiment émue Marion Deschênes et Anyk Marchand, de voir qu’on est tous là, ici à Montréal. Il toutes deux d’Edmundston, mais établies faut savoir ce que ça signifie d’être là, c’est à Montréal pour les études, tenaient absolument incroyable.» «à vivre ce moment historique». Même écho pour Caroline Savoie qui «C’est la première fois que ça se passe à disait n’avoir «jamais vu autant d’Acadiens Montréal un spectacle qui réunit autant à Montréal! (...) Moi qui m’ennuyais de d’artistes acadiens. Surtout, on a hâte de chez nous, c’est comme si l’Acadie était venue voir la gang qui va être ici ce soir!», a confié à moi! C’est un rêve cette soirée-là, Marion.

c’est le plus gros festival francophon­e en «Radio Radio et tous les artistes qui Amérique du Nord, c’est incroyable», a-telle sont ici ce soir démontrent qu’on ne vit commenté. pas en 1900 et qu’on ne fait pas juste de Pour Pierre Guitard, dont la carrière est la musique folkloriqu­e. On est aussi capable encore naissante, le bain de foule représenta­it de parler de choses différente­s et de toute une promotion. «À mon dernier faire de la bonne musique francophon­e», show, il y avait dix personnes dans un café. insiste Anyk qui étudie à la maîtrise en Je pense que j’ai fait un step up à soir», a histoire de l’art acadien à l’Université lancé l’auteur-compositeu­r-interprète à Concordia.

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La Place des Festival était remplie à craquer pour le grand spectacle de mercredi. − Gracieuset­é: CMA 2019 (photo François Carl Duguay)
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Les Hôtesses d’Hilaire et la singularit­é de Serge Brideau ont révélé le côté irrévérenc­ieux de la scène musicale acadienne. − Gracieuset­é: CMA 2019 (photo François Carl Duguay)

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