«JE VEUX ÊTRE MÈRE LE PLUS LONGTEMPS POSSIBLE»
Un cancer n’affecte pas seulement la personne qui en est atteinte. Il se répercute sur son entourage. Une maladie, c’est un drame familial aux multiples conséquences.
Depuis que son fils a été diagnostiqué cancéreux, au début de l’été 2014, Jessica Ward ne travaille plus. Les traitements de son enfant l’accaparent à plein temps. L’isolement social, cette résidante de Bertrand, près de Caraquet, en parle comme «un effet secondaire inévitable».
«Mon cercle d’amis se rapetisse d’année en année. J’ai ma part de responsabilité. Ce que je vis est atypique, je ne peux pas continuellement en parler et je n’ai pas toujours l’énergie. Je me suis coupée d’amis, j’en ai conscience. Comment reconnecter avec eux?»
Soucieux de briser cette tendance, la Société canadienne du cancer du NouveauBrunswick inaugure un nouveau programme cet été. Elle propose un camp d’été Goodtime à la fois destiné aux jeunes et à leur famille.
«On a notre camp d’été traditionnel en juillet, mais il ne s’adresse qu’aux enfants. La nouveauté avec ce rendez-vous, c’est que l’entourage peut participer», explique Michelle St-Pierre, gestionnaire des programmes de prévention et de soutien.
Le camp familial Goodtime aura lieu du 25 au 27 août, au Camp Rotary à Sunnyside Beach sur les berges de Grand Lake, près de Fredericton. Il est gratuit pour toute la durée du séjour, à l’exception des frais d’inscription (25$).
La capacité d’accueil est de 13 familles. Une équipe médicale sera présente sur place, en permanence.
«Nous voulons offrir une authentique expérience de camp d’été aux enfants et un peu de répit à leurs proches qui vivent la maladie au quotidien. Il y aura des activités et des périodes de repos pour que tout le monde puisse en profiter.»
Michelle St-Pierre espère également permettre aux parents de faire connaissance et peut-être de garder contact.
«Oui, il y a les réseaux sociaux de nos jours. Mais ça ne remplacera jamais le contact humain.» Jessica Ward approuve. «Facebook me fait mal parfois. Les utilisateurs ne publient que des photos heureuses ou des messages positifs. Jérémie est suivi à l’hôpital de Québec. J’y ai rencontré des parents d’enfants malades avec qui j’ai sympathisé. On s’envoie des messages, mais ce n’est pas suffisant. J’éprouve un manque.»
Lorsque la mère de famille a entendu parler du programme estival offert par la Société canadienne du cancer du NouveauBrunswick, elle a tout de suite sauté sur l’occasion.
«Je nous ai inscrits. J’ai hâte! Ça va être un bon moment pour Jérémie et, à mon conjoint et à moi, ça va nous changer d’air. Il est de notre responsabilité d’y participer pour que cette opportunité soit renouvelée.»
Des camps semblables sont proposés en Colombie-Britannique et en NouvelleÉcosse. Ils ont fait leurs preuves.
Dans l’Ouest canadien, les inscriptions génèrent désormais des listes d’attente tant la demande est forte.
Phyllis Branch, est infirmière pédiatrique en oncologie à l’hôpital Dr GeorgesL.-Dumont, à Moncton. Elle est l’une des encadrantes des camps d’été de la société provinciale mis en place en juillet.
«On voit les bienfaits qu’en tirent les enfants. C’est incroyable! On est témoin de belles histoires.»
L’infirmière se souvient notamment de cette petite fille de 10 ans qui venait pour la première fois, l’année dernière, et qui s’est transformée au fil des jours.
«Au début, elle était un peu gênée. Puis, elle a pris confiance en elle. Sa façon de parler et de se comporter a changé. Je la suis à l’hôpital et elle me parle encore de ses vacances.»
En moyenne, de 20 à 25 nouveaux cas touchants des enfants se déclarent chaque année au Nouveau-Brunswick. Une donnée qui reste stable et qui ne tient pas compte du nombre des rechutes.
Les parents intéressés pour prendre part au camp familial Goodtime ont jusqu’au 30 juin pour s’inscrire. Renseignements auprès de Michelle St-Pierre (mstpierre@ nb.cancer.ca ou 1-800-455-9090).