Les soldats bûcherons acadiens seront honorés
Une facette méconnue de l’engagement du Canada dans la Première Guerre mondiale sortira enfin de l’ombre. La mémoire des quelque 12 000 soldats bûcherons du Corps forestier canadien sera bientôt honorée en France, où plusieurs ont perdu la vie durant l’un des conflits les plus sanglants de l’histoire.
Près de 4000 soldats bûcherons canadiens ont été déployés dans la région de l’Aquitaine, dans le sud-ouest de la France. La moitié d’entre eux étaient francophones. Plusieurs étaient des Acadiens. Au total, près de 12 000 forestiers canadiens ont été envoyés en France.
Bien qu’ils étaient moins exposés aux dangers des conflits armés, plusieurs sont décédés à la suite d’accidents de travail et de nombreux d’entre eux ont succombé aux conséquences de la grippe espagnole.
Ernest William Pinet, originaire de Paquetville, figure parmi ces soldats bûcherons qui ont été mobilisés en France pour soutenir les forces alliées. Il est décédé à la suite d’une pneumonie dans la région de Landes, dans le sud-ouest de la France, le 19 octobre 1918. Son corps repose actuellement dans un cimetière à Talence, près de la ville de Bordeaux.
Du 22 au 25 juin 2017, des cérémonies auront lieu pour honorer la mémoire de ces individus. Les efforts d’Ernest Pinet seront soulignés le 22 juin. Une couronne de coquelicots sera déposée au pied de sa tombe.
Charles Pinet, le cousin à Ernest, veut s’assurer que l’histoire des soldats bûcherons acadiens soit connue du grand public.
«C’est important d’honorer les Acadiens morts au service pendant la guerre», croit le vétéran de la guerre de Corée âgé de 89 ans.
Il regrette cependant de ne pas pouvoir assister à la cérémonie du 22 juin.
«J’aimerais ça y aller, mais ma santé ne le permet pas.»
UN CHEMIN DE MÉMOIRE DES BÛCHERONS
Si l’histoire du Corps forestier canadien est sortie de l’ombre, c’est en partie grâce à David Devigne, un chercheur français et spécialiste de l’histoire militaire du Canada. Il s’intéresse à l’histoire deux guerres mondiales depuis 1992.
«En 1994, j’ai découvert que des hommes sont venus couper du bois en France, dont un fort contingent de Canadiens. J’ai découvert que plusieurs de ces hommes reposaient en Aquitaine. Peu d’informations parlaient de l’existence du Corps forestier canadien. Après de multiples recherches, j’ai découvert que ce corps fut créé en 1916, dissous en 1920 puis réactivé en 1940 pour disparaître définitivement en 1946», explique-t-il dans un courriel envoyé à l’Acadie Nouvelle.
«J’ai décidé d’écrire sur ces hommes, de retrouver leurs familles et de savoir qu’elle a été leur mission pour les besoins de la guerre.»
Même si leur histoire est méconnue, ces hommes ont joué un rôle primordial dans l’effort de la guerre, dit M. Devigne. Le bois était un produit de première nécessité. Il servait notamment à soutenir les tranchées et à construire des baraquements, des hôpitaux, des entrepôts, des voies ferrées et des ponts. On s’en servait aussi pour le chauffage et la fabrication de cercueils.
Éventuellement, David Devigne s’est associé à d’autres chercheurs pour former le collectif «Corps forestier allié en Aquitaine». Ensemble, ils ont organisé la mise en place d’un chemin de mémoire des bûcherons qu’ils ont baptisé le «Lumberjack Trail». Des plaques seront inaugurées dans plusieurs communautés. Une carte du parcours sera disponible dans les offices de tourisme de la région.
«Le chemin de mémoire sera un tracé dont les curieux, les descendants ou les passionnés d’histoire pourront suivre.»
Le collectif espère aussi publier un livre à ce sujet en 2018 ou 2019.