Plaisirs d’été
L’été arrive officiellement cette semaine. Le temps de «se refaire» intérieurement. Au soleil. Avec des amis. Cela peut aussi se faire dans les livres. La lecture se conjugue avec le désir de plusieurs pendant l’été: décrocher d’un horaire et ne rien avoi
Il arrive pourtant que même en comblant ce désir, on arrive à la fin des vacances avec un sentiment d’avoir perdu son temps: «Je n’ai rien fait de mes vacances». Il me semble que la lecture permet de perdre son temps pendant l’été, tout en arrivant à la fin en se disant que la belle saison a été remplie et profitable à cause de ce(s) livre(s) qui nous a fait du bien.
Allez-y! Tentez l’expérience: lisez un livre. À voir les piles de bouquins dans les grandes librairies, le marché du livre reste stable. Mais je me demande parfois combien de livres sont lus parmi tous ceux qui sont achetés. C’est peut-être le temps de sortir de votre bibliothèque ce livre que vous vous promettez de lire depuis des mois. Ou encore de faire un saut à la bibliothèque ou à la librairie pour vous en procurer un.
J’ai pensé proposer des suggestions de lecture. En me disant que ça serait plus intéressant si ça ne venait pas seulement de moi. J’ai alors questionné d’autres amants des livres.
J’ai d’abord rejoint Fernand Arseneau. Il avait les mains dans la terre en train de «rempoter» ses fleurs. Après avoir semé la culture, les arts et les lettres, cet universitaire et humaniste à la retraite continue à propager la beauté. Je lui ai demandé sa suggestion de lecture d’été.
Il m’a parlé des groupes de partages qu’il anime depuis de nombreuses années à La Solitude de Pré-d’en-Haut, ou chez
lui au Cap-Pelé. Pendant ces rencontres, les membres partagent autour de l’évangile. De plus, ils réfléchissent à partir d’un livre. Depuis quelques années, il se sert d’un ouvrage de Karen Armstrong, Compassion: manifeste révolutionnaire
pour un monde meilleur (Belfond, 2013). En partant des grands philosophes grecs, passant par Confucius et l’altruisme de Jésus, l’auteur propose un rapport juste avec soi-même, les autres et la création pour répondre aux défis du vivre ensemble.
J’ai ensuite fait la même demande à Johanne Poirier, la benjamine des Filles de Marie-de-l’Assomption. Sa réponse ne s’est pas fait attendre. Spontanément, elle a répondu: plus tard, je serai un enfant de Éric Emmanuel Schmitt (Bayard Culture: 2017). Johanne est une lectrice assidue de cet auteur qui nous a donné ces dernières années plusieurs oeuvres inspirantes. Il y a son classique Oscar et la
dame rose. Aussi l’Évangile selon Pilate. Et le récit de sa conversion: Nuit de feu. Je la laisse dire pourquoi elle a retenu son dernier opus.
«Profondeur! Authenticité! Transparence! Inspirant! À partir d’un entretien, l’auteur nous révèle ses rêves, ses valeurs, ses regrets, le sens qu’il donne à l’existence et plus encore! Par ricochet, si on sait lire entre les lignes, le témoignage d’Éric Emmanuel Schmitt nous plonge dans notre propre histoire. J’aime cet auteur qui arrive en mettre en mots des réalités parfois si difficiles à nommer. Lecture rafraîchissante pour l’été!»
J’ai aussi joint la libraire de notre région, Isabelle Bonin. Cette Française d’origine est copropriétaire de la librairie Pélagie. Pour ouvrir et tenir une librairie chez nous (où la situation économique et l’absence d’une politique d’achat ne favorisent pas les libraires indépendants), il faut faire preuve d’entêtement pour persévérer. Lorsque je lui ai demandé ses suggestions pour les lecteurs de cette chronique, elle a bien montré sa double appartenance à la France et à l’Acadie: un livre de Christian Bobin ou du Père Zoël Saulnier.
Elle m’est revenue en après-midi avec une suggestion précise: La lumière du
monde (Folio; Gallimard, 2014) de Bobin. Dans ce livre-entretien, Lydie Dattas a volontairement enlevé toutes les questions qu’elle a posées à Bobin. Cela nous donne un accès direct à ses inspirations et à son style. Plusieurs autres titres de Bobin révèlent ses thèmes de prédilection: La plus-que-vive, Ressusciter, La Grande vie, etc. Vous trouverez les livres de Bobin chez votre libraire. Isabelle m’a d’ailleurs dit qu’elle en avait commandés. J’en ai vu… et aussi ceux du Père Saulnier.
Le cardinal Gérald-Cyprien Lacroix m’a aussi fait une proposition qui intéressera les personnes impliquées en paroisse.
Cette lecture d’été les mènera à la rentrée pastorale remplie de bonnes idées. Parce qu’il ne faut pas se faire d’illusion: les vacances auront une fin et elles doivent aussi être un tremplin pour les prochains mois d’engagement. Il suggère La boîte à
outils: 75 idées pour votre paroisse. Cet ouvrage de Michael White et Tom Corcoran vient tout juste de paraître (mai 2017) aux Éditions Saint-Joseph.
J’ajoute mes suggestions en rafales. D’abord l’encyclique écologique du pape François sur la sauvegarde de notre maison commune: Laudato Si (2015). Ensuite, deux plaidoyers contre la médiocrité m’ont à la fois bouleversé et réconforté récemment: Camarade, ferme ton poste de Bernard Émond (Lux. 2017), Et
si la beauté rendait heureux? de Thibault et Cardinal (La Presse, 2016). Enfin, le livre de André Landry, Barnabé, pardon! (Éditions de la Francophonie, 2016), raconte l’histoire oubliée des lépreux qui ont péri sur l’île Sheldrake à l’embouchure de la Miramichi. Un monument commémoratif y sera dévoilé cet été.
Lire un livre, c’est un plaisir à se faire. Offrir un livre, c’est un plaisir à partager. Si vous cherchez encore un cadeau pour papa, vous avez ma suggestion. Bonne lecture! Bonne fête des Pères!