Le «coffre-fort» des patates est situé à Fredericton
Les nombreuses variétés de pommes de terre que l’on retrouve au pays ne sont pas prêtes à disparaître des champs des agriculteurs.
Digne du scénario d’un film de science-fiction, des scientifiques d’Agriculture et Agroalimentaire Canada conservent à Fredericton une collection vivante constituée de près de 180 variétés de pommes de terre et de souches génétiques.
La collection est précieusement conservée depuis 1994 au centre d’excellence du Canada en matière de recherches sur la pomme de terre.
«Nous sommes responsables de préserver les ressources de pommes de terre», explique d’emblée le chercheur Benoit Bizimungu, un éminent spécialiste d’Agriculture et Agroalimentaire Canada.
De fait, le tubercule est à l’abri d’une éventuelle disparition qui pourrait être causé par une maladie ou une catastrophe naturelle frappant n’importe quelle région à travers le monde.
L’exemple le plus probant est sans aucun doute la Famine de la pomme de terre, cette grave crise alimentaire qui a frappé l’Europe au milieu des années 1840.
«C’est une forme de sécurité, une façon de résoudre d’éventuels problèmes et de faire face aux changements qui peuvent survenir», affirme Benoit Bizimungu, citant l’exemple des changements climatiques.
Les spécimens sont conservés en éprouvettes dans des lieux hautement sécurisés dont l’accès est réservé qu’à quelques personnes seulement.
Il va de soi que les pommes de terre sont cultivées dans des conditions climatiques idéales et sont conservées dans des chambres de croissance à température contrôlée.
Elles font plus l’objet d’une surveillance constante et de tests réguliers.
La collection est constituée de 180 variétés de pommes de terre mises au point au Canada, dont plusieurs ne sont plus cultivées de façon commerciale et font partie de l’histoire.
«Nous avons certains spécimens qui ont un intérêt historique. Par exemple, nous avons une variété qui est connue comme celle qui était cultivée en Irlande pendant la Grande famine et qui a été décimée par la maladie du Mildiou», relate Benoit Bizimungu.
«C’est aussi une question de curiosité et d’éducation», ajoute-t-il.
Cette banque de gènes est loin d’être exclusive à la pomme de terre. Différentes variétés de fruits, de légumes, de céréales et même d’espèces animales existent un peu partout au pays et sont conservées sous forme de gênes, sensiblement de la même manière que la pomme de terre.
«Il faut préserver la biodiversité et être plus préparé pour l’avenir, on ne sait pas ce que le futur nous réserve», de conclure Benoit Bizimungu.
«En cas de catastrophe, il y a des copies qui sont gardées à d’autres endroits. Par exemple, nous envoyons chaque année une copie conforme au Centre de recherche et de développement de Saskatoon pour s’assurer qu’il y a une réserve», précise le conservateur des ressources phytogénétiques.