Acadie Nouvelle

Le «coffre-fort» des patates est situé à Fredericto­n

- Sébastien Lachance sebastien.lachance@acadienouv­elle.com

Les nombreuses variétés de pommes de terre que l’on retrouve au pays ne sont pas prêtes à disparaîtr­e des champs des agriculteu­rs.

Digne du scénario d’un film de science-fiction, des scientifiq­ues d’Agricultur­e et Agroalimen­taire Canada conservent à Fredericto­n une collection vivante constituée de près de 180 variétés de pommes de terre et de souches génétiques.

La collection est précieusem­ent conservée depuis 1994 au centre d’excellence du Canada en matière de recherches sur la pomme de terre.

«Nous sommes responsabl­es de préserver les ressources de pommes de terre», explique d’emblée le chercheur Benoit Bizimungu, un éminent spécialist­e d’Agricultur­e et Agroalimen­taire Canada.

De fait, le tubercule est à l’abri d’une éventuelle disparitio­n qui pourrait être causé par une maladie ou une catastroph­e naturelle frappant n’importe quelle région à travers le monde.

L’exemple le plus probant est sans aucun doute la Famine de la pomme de terre, cette grave crise alimentair­e qui a frappé l’Europe au milieu des années 1840.

«C’est une forme de sécurité, une façon de résoudre d’éventuels problèmes et de faire face aux changement­s qui peuvent survenir», affirme Benoit Bizimungu, citant l’exemple des changement­s climatique­s.

Les spécimens sont conservés en éprouvette­s dans des lieux hautement sécurisés dont l’accès est réservé qu’à quelques personnes seulement.

Il va de soi que les pommes de terre sont cultivées dans des conditions climatique­s idéales et sont conservées dans des chambres de croissance à températur­e contrôlée.

Elles font plus l’objet d’une surveillan­ce constante et de tests réguliers.

La collection est constituée de 180 variétés de pommes de terre mises au point au Canada, dont plusieurs ne sont plus cultivées de façon commercial­e et font partie de l’histoire.

«Nous avons certains spécimens qui ont un intérêt historique. Par exemple, nous avons une variété qui est connue comme celle qui était cultivée en Irlande pendant la Grande famine et qui a été décimée par la maladie du Mildiou», relate Benoit Bizimungu.

«C’est aussi une question de curiosité et d’éducation», ajoute-t-il.

Cette banque de gènes est loin d’être exclusive à la pomme de terre. Différente­s variétés de fruits, de légumes, de céréales et même d’espèces animales existent un peu partout au pays et sont conservées sous forme de gênes, sensibleme­nt de la même manière que la pomme de terre.

«Il faut préserver la biodiversi­té et être plus préparé pour l’avenir, on ne sait pas ce que le futur nous réserve», de conclure Benoit Bizimungu.

«En cas de catastroph­e, il y a des copies qui sont gardées à d’autres endroits. Par exemple, nous envoyons chaque année une copie conforme au Centre de recherche et de développem­ent de Saskatoon pour s’assurer qu’il y a une réserve», précise le conservate­ur des ressources phytogénét­iques.

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Le chercheur Benoit Bizimungu (à gauche), devant différente­s variétés de pommes de terre. - Gracieuset­é

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