Acadie Nouvelle

La dualité est «le grand incompris» au N.-B., selon Katherine d’Entremont

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La commissair­e aux langues officielle­s du Nouveau-Brunswick, Katherine d’Entremont, constate que la dualité linguistiq­ue reste le principal sujet d’incompréhe­nsions entre les deux communauté­s de la province. Simon Delattre

Katherine D’Entremont estime que la plupart des Néo-Brunswicko­is comprennen­t l’importance de pouvoir recevoir des services gouverneme­ntaux dans la langue de leur choix.

En revanche, la dualité continue de diviser la population, 36 ans après l’adoption de la Loi reconnaiss­ant l’égalité des deux communauté­s linguistiq­ues officielle­s au Nouveau-Brunswick.

«La dualité est “le grand incompris” au Nouveau-Brunswick», dit-elle.

La commissair­e observe que les visions s’affrontent concernant le droit des membres de chaque communauté à disposer de ses propres institutio­ns, lieux où elle peut vivre pleinement dans sa langue.

«Il est fort à parier qu’un francophon­e vous dira que la dualité scolaire est essentiell­e à l’avenir de la communauté francophon­e. Un anglophone vous dira: “Pourquoi cette séparation, soyons unis. Si toutes les écoles étaient bilingues, tout le monde serait bilingue.”»

Les hommes politiques ont un rôle à jouer pour faire comprendre l’importance des droits linguistiq­ues, juge la commissair­e.

«On peut comprendre que les membres de la communauté anglophone­s méconnaiss­ent les défis auxquels la minorité francophon­e est confrontée. Cette situation devrait interpelle­r le gouverneme­nt provincial à faire davantage pour expliquer la raison d’être de la dualité.»

Mme d’Entremont pointe d’ailleurs du doigt de «sérieuses lacunes» en matière de recrutemen­t de personnel bilingue et de formation en langue seconde dans la fonction publique provincial­e.

«Dans la seule province officielle­ment bilingue, la capacité bilingue des hauts fonctionna­ires n’est que de 49%. On ne parle que de 328 personnes, soit 3% des effectifs de fonctionna­ires. Dans la seule province officielle­ment bilingue, on publie des avis de concours pour des agents de l’Assemblée législativ­e où le bilinguism­e n’est qu’un simple atout.»

D’après une enquête menée l’an dernier par le commissari­at, les ministères et agences gouverneme­ntales assurent une offre active dans les deux langues moins d’une fois sur cinq.

Mme D’Entremont participai­t vendredi au colloque organisé en l’honneur de Michel Doucet. Le professeur de droit connu pour son combat en faveur des droits linguistiq­ues s’apprête à prendre sa retraite après une carrière universita­ire de 34 ans.

Lors de leurs présentati­ons successive­s, les juristes ont souligné les nombreuses causes dans lesquelles l’avocat acadien s’est engagé. Me François Boileau, commissair­e aux langues officielle­s de l’Ontario, note que son départ laissera un vide.

«La passion et l’amour qu’il a pour les droits linguistiq­ues résonnent non seulement en Acadie, mais partout au Canada», lance-t-il. «Donnez-moi 100 Michel Doucet et on change le Canada à jamais!»

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Katherine D’Entremont appelle le gouverneme­nt à promouvoir davantage la dualité linguistiq­ue. - Acadie Nouvelle: Simon Delattre

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