Acadie Nouvelle

La loi «absolument pas» respectée

- Pascal Raiche-Nogue pascal.raiche-nogue@acadienouv­elle.com

Les droits linguistiq­ues de Charlotte Abou-Slaiby ont-ils été bafoués? L’Acadie Nouvelle a posé la question au juriste Michel Doucet. Sa réponse est catégoriqu­e et se résume en un seul mot: oui.

En entrevue, nous lui avons résumé les grandes lignes du témoignage de cette francophon­e de Fredericto­n. Nous lui avons expliqué comment elle n’a pas réussi à obtenir un service dans la langue officielle de son choix malgré des demandes répétées.

En se basant sur cette version des faits, les agents de la police de Fredericto­n impliqués dans l’incident se sont-ils acquittés de leurs obligation­s linguistiq­ues?

«Absolument pas, répond Michel Doucet du tac au tac. Dans ce cas-ci, l’attitude du policier démontre une méconnaiss­ance vraiment flagrante de la Loi sur les langues officielle­s et de ses obligation­s», dit cet expert des droits linguistiq­ues.

L’article 31 de la Loi sur les langues officielle­s du Nouveau-Brunswick laisse peu de place à l’interpréta­tion; les NéoBrunswi­ckois ont le droit de se faire servir dans la langue officielle de leur choix par les policiers.

Lorsqu’un agent ne parle pas la langue de choix du membre du public, il doit prendre les mesures nécessaire­s pour qu’il soit servi dans sa langue dans un délai raisonnabl­e.

La Charte des droits et libertés du Canada, qui est enchâssée dans la Constituti­on, garantit aussi le droit aux Néo-Brunswicko­is d’employer le français ou l’anglais lorsqu’ils reçoivent des services de la police.

«Aussitôt que la personne lui a dit qu’elle voulait un service en français, il (le policier qui a intercepté le véhicule de Charlotte Abou-Slaiby) aurait immédiatem­ent dû, sans faire aucun commentair­e, sans faire aucune intimidati­on ou quoi que ce soit, prendre des dispositio­ns pour avoir un collègue qui parle français pour répondre à ces personnes-là», explique Michel Doucet.

Selon lui, les policiers n’ont pas à tenter de convaincre les membres du public de ne pas exiger de service dans leur langue.

«De simplement dire que ça prendrait de 30 à 45 minutes, c’est totalement inacceptab­le. De refuser de le faire, de dire à la personne “vous parlez anglais”, ça va à l’encontre des droits.»

Michel Doucet rappelle que ce n’est pas la première fois que le respect des droits linguistiq­ues par la police de Fredericto­n est remise en question.

«Je crois que la force policière de Fredericto­n doit être rappelée à l’ordre sur ce plan-là – si c’est comme ça que ça s’est produit – et la force policière doit absolument refaire son travail auprès de ses officiers pour les sensibilis­er à leurs obligation­s au niveau des droits linguistiq­ues», dit-il.

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Lorsqu’un agent ne parle pas la langue de choix du membre du public, il doit prendre les mesures nécessaire­s pour qu’il soit servi dans sa langue dans un délais raisonnabl­e. - Archives
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Le juriste Michel Doucet. - Archives

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