Acadie Nouvelle

«J’ai vécu ce que c’est d’être une minorité»

-

Charlotte Abou-Slaiby est sortie ébranlée de cette mésaventur­e. Aujourd’hui, cette agente de liaison francophon­e qui travaille avec les immigrants se pose un tas de questions sur le comporteme­nt du policier qui, selon elle, a bafoué ses droits linguistiq­ues et l’a traitée ainsi. «Je trouve que c’est un comporteme­nt inacceptab­le. Surtout, le pire c’est que ça me fait réfléchir sur mon identité. Je me demande ce qui a déclenché cette réaction-là chez lui. Est-ce que c’est le fait que je sois une femme? Le fait que je sois métisse? Le fait que j’ai un nom arabophone? Le fait que je parle français?» Elle dit qu’elle s’est sentie coupable. Elle a ressenti de la culpabilit­é d’avoir commis un crime grave et «d’être qui je suis». Cette fille d’un père libanais et une mère laotienne dit qu’elle ne s’est jamais trop attardée sur le fait qu’elle est issue d’une minorité visible. Elle a vécu en France et ailleurs dans le monde, mais dit ne jamais s’être retrouvée dans une telle position. «J’ai vécu pour la première fois de ma vie ce que c’est d’être une minorité. (...) Au-delà de la question du français, la question que je me suis posée, est si c’était du profilage racial.» Si elle a décidé de parler publiqueme­nt de son expérience, c’est qu’elle craint que des personnes plus vulnérable­s qu’elles vivent la même chose. Elle a peur que des nouveaux arrivants de pays moins démocratiq­ues sentent qu’ils n’ont aucun droit et qu’ils se laissent marcher dessus. «Ils vont venir ici, qu’est-ce qu’ils vont faire dans une situation comme ça? Ils vont tout simplement subir, ils vont tout simplement obéir. Je vous avoue que moi, si mon amie n’avait pas été là pour m’aider, qu’est-ce que j’aurais fait? J’aurais obéi à la lettre parce que je n’ai pas envie de créer du trouble dans le pays qui m’accueille.» - PRN

Newspapers in French

Newspapers from Canada