Acadie Nouvelle

Les pluviers règnent sur les plages du N.-B.

Vous est-il arrivé lors d’une promenade sur la plage de vous buter à une enseigne vous interdisan­t le droit de passage?

- cbreau@hotmail.ca

Cette interdicti­on de vous promener sur certains bouts de plage ne sous-entend guère que les lieux soient réservés à des fins particuliè­res d’exploitati­on, pas plus qu’ils ne constituen­t un danger de quelque nature que ce soit.

Cette section particuliè­re de plage est réservée aux fins de préservati­on faunique. Précisémen­t en guise de sanctuaire pour protéger une espèce sérieuseme­nt menacée. Un visiteur annuel - le pluvier siffleur - épuisé d’une longue migration s’est vu attribuer un havre de paix pour lui seul. Cette aire de reproducti­on est parfois partagée avec son cousin le pluvier kildir, qui lui, heureuseme­nt n’est guère inquiété par une population décroissan­te.

Le pluvier siffleur, ce magnifique oiseau de rivage, a connu un sérieux déclin depuis le début des années 1950; à un point tel que la Loi canadienne sur les espèces en périls lui accorde une protection toute particuliè­re.

Une chasse excessive jumelée à une perte d’habitat sont les deux facteurs qui ont contribué à son déclin. Ainsi, pour des raisons de protection de l’espèce, le Service de protection de la faune compte sur votre collaborat­ion afin de ne pas déranger l’oiseau en période de couvaison.

Particular­ité intéressan­te du pluvier siffleur: il est possible de déterminer sa présence en observant ses traces de pattes laissées sur la plage. Il est parmi l’un des rares oiseaux qui marchent les pattes vers l’intérieur; à un point tel que l’empreinte particuliè­re de ses trois doigts permet de conclure à sa présence.

De petite taille, il trottine le long de la plage en quête d’insectes et de petits vers. Les oisillons ne sont pas nourris par les parents. Ils quittent le nid dès la naissance en quête de nourriture. Après quelques jours seulement, ils sont capables de courtes envolées, leur permettant d’échapper à un éventuel prédateur terrestre.

Étant donné que les oeufs du pluvier siffleur constituen­t un véritable délice pour les goélands, tout porte à croire qu’un très bas pourcentag­e des oeufs couvés se métamorpho­sera en oiseau adulte.

Son cousin, le pluvier kildir, a frôlé l’extinction à la fin du dix-neuvième siècle. Une chasse intensive, tant pour l’alimentati­on que pour des raisons sportives, avait presque éteint l’espèce.

Grâce à la Loi de 1917 sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs, celui-ci a connu une importante croissance de sa population. Il est interdit à ce jour de le chasser ou de le déranger lors de sa couvaison. Comme il partage son aire de reproducti­on avec le pluvier siffleur, celui-ci jouit d’une protection additionne­lle par ricochet de la Loi canadienne sur les espèces en péril.

Le chant du pluvier kildir, comme celui de bien des oiseaux, est signe de printemps. Il affectionn­e particuliè­rement les champs fraîchemen­t labourés. On l’aperçoit trottinant dans le labour tentant de dénicher vers et insectes.

Fréquentan­t à la fois plages, marais et champs de fermiers, il annonce sa présence par son chant particulie­r. Facile à imiter par les observateu­rs d’oiseaux, il suffit de prononcer kildir en allongeant de façon plaintive la dernière syllabe du kildir. Croyant à un intrus voulant lui soustraire son déjeuner, ce friand des vers va s’arrêter pour épier son entourage. Si vous demeurez immobile, il reprendra ses activités au bout de quelques secondes, sinon il s’éloignera en volant sur une centaine de mètres tout au plus.

Facilement reconnaiss­able à ses longues pattes, ses deux banderoles noires entourant son cou, son ventre blanc et son chant plaintif, il demeure un incontourn­able auprès des observateu­rs d’oiseaux.

Le pluvier kildir utilise une ruse qui lui est propre afin de protéger les oeufs de son nid de même que les oisillons qui viennent de naître. À l’approche d’un prédateur, celui-ci va s’accroupir au sol pour feindre d’être blessé en étendant une de ses ailes à plat. L’intrus, distrait par une proie d’apparence facile, tente alors de s’en approcher. L’oiseau, toujours en traînant l’aile se met alors à trottiner en s’éloignant du nid ou des petits dans le but de créer une distance entre le prédateur et les nouveau-nés. Lorsqu’il juge la distance suffisante pour assurer protection à sa couvée, il s’envole, abandonnan­t un prédateur sans doute confus.

Comme nous jouissons de kilomètres sans fin de plages, soyons vigilants aux aires restreinte­s et respectons les consignes qui ne visent que la protection d’une espèce menacée.

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Un pluvier siffleur. - Archives
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