Acadie Nouvelle

Amazon pourrait forcer les épiciers canadiens à innover

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La décision d’Amazon d’acquérir Whole Foods permettra au géant du commerce en ligne de mettre un pied dans l’industrie alimentair­e canadienne et pourrait forcer certaines chaînes de supermarch­és à se surpasser encore davantage pour se distinguer dans un environnem­ent déjà fortement concurrent­iel, ont estimé des experts.

Le géant du commerce en ligne a annoncé vendredi s’être entendu avec Whole Foods Market pour l’acquérir dans le cadre d’une transactio­n qui évalue la chaîne spécialisé­e dans les aliments organiques et naturels à 13,7 milliards $ US.

L’annonce a pesé sur les actions des sociétés canadienne­s du secteur du détail alimentair­e. Le titre de Loblaw, qui détient la bannière Provigo, celui d’Empire, propriétai­re de Sobeys et d’IGA, ainsi que ceux de Metro et de George Weston (Atlantic Superstore, noramment) ont tous cédé du terrain vendredi.

«(La transactio­n) marque leur premier pas au Canada», a estimé Michael von Massow, un professeur adjoint de l’Université de Guelph, en ajoutant qu’Amazon avait montré qu’il était sérieux dans son engagement de faire son entrée dans le secteur alimentair­e.

Le détaillant en ligne a lancé aux ÉtatsUnis, il y a environ 10 ans, un service de livraison et de ramassage, AmazonFres­h. Il a en outre commencé à vendre des produits alimentair­es non périssable­s aux Canadiens en 2013.

L’an dernier, l’entreprise a lancé à Seattle Amazon Go, une épicerie sans services caissiers où les clients sont facturés directemen­t sur leur compte Amazon pour les produits avec lesquels ils quittent le magasin.

Amazon pourrait étendre cette technologi­e ou améliorer ses activités en ligne d’épicerie avec les actifs de Whole Foods, a estimé M. von Massow, qui travaille au départemen­t d’économie des aliments, de l’agricultur­e et des ressources de son université.

L’entente entre Amazon et Whole Foods renforce l’idée que les chaînes d’épiceries canadienne­s doivent développer davantage leur offre de commerce électroniq­ue et de livraison à domicile, a estimé Irene Nattel, une analyste chez RBC Dominion valeurs mobilières, dans une note.

Les Canadiens ont peu d’options en ce qui a trait à la livraison d’épicerie, avec un petit nombre d’entreprise­s comme Grocery Gateway et quelques grandes chaînes qui offre un service dans un nombre limité d’emplacemen­ts.

Mais la menace potentiell­e que représente Amazon s’accentue en tenant compte du fait que le géant américain est connu pour ses offres à prix réduits, ce qui devrait paver la voie à une politique d’établissem­ent de prix plus dynamique chez Whole Foods, a expliqué la patronne du secteur du détail à la firme de recherche marketing Euromonito­r Internatio­nal, Michelle Grant, dans un communiqué.

Amazon devrait aussi offrir des options de livraison moins dispendieu­ses pour les aliments, a-t-elle souligné, ce qui pourrait exercer une pression sur les autres épiciers.

Whole Foods compte 13 magasins au Canada. Ceux-ci se trouvent surtout dans la grande région de Toronto et dans la vallée du bas Fraser, en ColombieBr­itannique.

À court terme, il est peu probable qu’Amazon ne mette la main sur des clients des autres chaînes canadienne­s, a estimé M. von Massow.

Mais Amazon ne va pas disparaîtr­e et cela va entraîner la mise en place de changement­s, a-t-il ajouté.

«Ce que je crois que nous verrons, certaineme­nt, est un genre d’innovation dans l’industrie, en réaction à un nouveau concurrent qui signale qu’il est sérieux dans son engagement.»

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