Acadie Nouvelle

Le syndrôme Skippy s’étendra-t-il?

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De plus en plus de multinatio­nales de l’alimentati­on retirent certaines marques de produits transformé­s du marché canadien. Cela pourrait entraîner une diminution du choix pour les consommate­urs, craint la Faculté de management de l’Université Dalhousie. Lia Levesque

Dans sa plus récente étude sur les prix des aliments en 2017, l’université de la NouvelleÉc­osse, qui réalise des études à ce sujet depuis sept ans, s’inquiète de ce phénomène qu’elle a baptisé le «syndrome Skippy».

Les chercheurs y soulignent que l’entreprise américaine Hormel Foods, par exemple, a cessé de distribuer au Canada son beurre d’arachides Skippy. Elle cite également le cas des biscuits aux capuchons de chocolat Dad’s de Mondelez Internatio­nal.

«Ça dure depuis une dizaine d’années, puisque les épiciers mettent beaucoup en valeur leurs marques privées. Ils leur donnent de plus en plus de place sur les tablettes. Pour les multinatio­nales, c’est devenu de plus en plus difficile de marchander avec les grandes bannières. Alors, soit qu’elles décident de payer davantage, soit qu’elles décident de laisser tomber le marché canadien», a résumé au cours d’une entrevue avec La Presse canadienne le professeur Sylvain Charlebois, auteur principal de l’étude.

Il s’attend à ce que cette tendance se poursuive. Les consommate­urs auraient donc moins de choix dans cette section du supermarch­é.

Pour ce qui est de la viande, l’équipe de Dalhousie a comptabili­sé une hausse des prix de 11 % entre janvier et mai 2017.

«La saison des barbecues a vraiment motivé les épiciers à augmenter leurs prix», constate-t-il. Les chercheurs ont remarqué une hausse de prix pour certaines coupes qui pouvait atteindre 20% depuis janvier.

Et encore: «on s’attend à un rebond pour ce qui est des prix. Les inventaire­s ne sont pas aussi élevés qu’on anticipait. Les prix à la ferme augmentent dans le boeuf, dans le porc. Et, habituelle­ment, quelques mois plus tard, on voit les prix augmenter», analyse le professeur Charlebois.

Pour ce qui est du poisson et des fruits de mer, on a assisté à une baisse des prix de l’ordre de 4% entre janvier et mai 2017, selon l’équipe du professeur Charlebois. Et pour les produits laitiers et les oeufs, l’équipe a enregistré une baisse des prix de 9%.

«C’est une question de loss leader: les supermarch­és utilisent de plus en plus le comptoir des produits laitiers pour attirer les consommate­urs chez eux, puisque le comptoir des produits laitiers est toujours au fond d’un magasin, et on utilise les produits laitiers comme appât», explique le professeur Charlebois.

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