Acadie Nouvelle

FIN DE NON-RECEVOIR À FREDERICTO­N

OBLIGATION DE BILINGUISM­E CHEZ LES HAUTS FONCTIONNA­IRES

- Mathieu Roy-Comeau mathieu.roy-comeau@acadienouv­elle.com

La commissair­e aux langues officielle­s du Nouveau-Brunswick accuse le gouverneme­nt de «nier le principe d’égalité» des deux communauté­s linguistiq­ues en refusant de rendre obligatoir­e le bilinguism­e chez les hauts fonctionna­ires indépendan­ts de l’Assemblée législativ­e.

Katherine d’Entremont n’y va pas de main morte dans son rapport annuel 2016-2017 au sujet du refus du gouverneme­nt d’exiger le bilinguism­e pour les postes comme la vérificatr­ice générale et le commissair­e à l’intégrité.

À son avis, Fredericto­n fait tout simplement «abstractio­n du principe constituti­onnel de l’égalité des deux langues (officielle­s)» en choisissan­t de faire passer «l’intérêt personnel des candidats» à ces postes devant l’intérêt des citoyens à pouvoir communique­r avec les agents de l’Assemblée législativ­e dans la langue de leur choix.

La commissair­e a émis ses commentair­es à la suite de son enquête sur les concours qui ont eu lieu l’automne dernier afin de pourvoir les postes de commissair­e à l’intégrité, de défenseur du consommate­ur en matière d’assurances et de directeur général des élections.

Lors des concours, Fredericto­n avait précisé que le bilinguism­e des candidats était un «atout», mais pas une exigence formelle, ce qui a incité un citoyen à porter plainte à la commissair­e.

Dans sa réponse officielle à l’enquête de Katherine d’Entremont, le Bureau du conseil exécutif (qui répond au premier ministre) a indiqué à la commissair­e qu’il serait «imprudent de (sa) part d’empêcher une personne unilingue de postuler» à un poste de hauts fonctionna­ires indépendan­t de l’Assemblée si cette personne «est prête à poursuivre ses études pour maîtriser la langue seconde.»

L’exigence du bilinguism­e ne permettrai­t pas «à tous ceux qui sont qualifiés de bénéficier des mêmes chances», écrit le Bureau dans sa réponse à la commissair­e.

Le chien de garde du pouvoir peut confier certaines de ses tâches à un employé bilingue, ajoute le gouverneme­nt.

Katherine d’Entremont soutient plutôt que certains hauts fonctionna­ires indépendan­ts ont des responsabi­lités qu’ils ne peuvent tout simplement pas déléguer.

De plus, le groupe linguistiq­ue qui devra passer par un intermédia­ire pour se faire comprendre n’aura automatiqu­ement pas droit à la même qualité de service, affirme-t-elle.

En juin 2013, le gouverneme­nt fédéral a adopté une loi obligeant tous les agents du Parlement à être bilingue, rappelle Mme d’Entremont. Elle recommande à la province de faire de même.

«Il est temps que le Nouveau-Brunswick se montre à la hauteur de son statut constituti­onnel», écrit-elle dans son rapport.

Fredericto­n n’a pas l’intention d’emboîter le pas à Ottawa, selon le ministre responsabl­e des Langues officielle­s.

«Est-ce que nous allons changer la loi? Non. Mais nous allons nous assurer que les gens que l’on embauche sont très compétents. Et nous allons regarder les autres facteurs, incluant la capacité de s’exprimer dans les deux langues», affirme Donald Arseneault.

Le ministre a répété plusieurs fois en mêlée de presse que le système de sélection utilisé l’automne dernier fonctionne parfaiteme­nt bien puisque «deux des trois (nouveaux commissair­es) sont bilingues et que le troisième a une certaine habileté à fonctionne­r dans les deux langues».

Michèle Pelletier et Alexandre Deschênes ont été nommés respective­ment défenseure du consommate­ur en matière d’assurances et commissair­e à l’intégrité.

Kimberly Poffenroth a été choisi pour occuper le poste de directrice générale des élections. Mme Poffenroth comprend le français et le parle un peu. Elle a l’intention de suivre bientôt des cours de français.

Au moment d’annoncer la nomination de Mme Poffenroth, le premier ministre Brian Gallant avait indiqué qu’elle était bilingue.

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- Archives Le gouverneme­nt Gallant estime que la capacité des hauts fonctionna­ires indépendan­ts de communique­r dans les deux langues officielle­s est un atout, mais pas une obligation. Ci-dessus, l’édifice de l’Assemblée législativ­e.

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