Acadie Nouvelle

LE COMMISSARI­AT AUX LANGUES OFFICIELLE­S EST SOUS-FINANCÉ

- mathieu.roy-comeau@acadienouv­elle.com @roycomeau

Katherine d’Entremont dénonce une fois de plus le sous-financemen­t chronique du commissari­at aux langues officielle­s.

Au cours des 15 dernières années, le budget de la commissair­e a augmenté de 3,6% alors que celui de l’Assemblée législativ­e dont elle dépend a connu une croissance de 52,4%, constate Mme d’Entremont dans son plus récent rapport.

En considéran­t l’inflation, le budget du commissari­at est de 17,2% inférieur à ce qu’il était lors de sa création en 2003, note-t-elle.

«Le sous-financemen­t chronique du commissari­at a pour résultat de compromett­re la protection des droits linguistiq­ues de tous les Néo-Brunswicko­is», affirme Katherine d’Entremont.

Avec un budget de 519 000$ par année, 94% du budget du commissari­at est consacré aux salaires et aux avantages sociaux de la commissair­e et des quatre membres de son personnel. Faute de moyens, un poste supplément­aire est vacant depuis 2010.

La situation ne peut plus durer, selon le président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick, Kevin Arseneau.

«C’est tout à fait inacceptab­le dans la seule province officielle­ment bilingue au Canada», dit-il.

M. Arseneau promet d’en discuter personnell­ement avec le premier ministre Brian Gallant lors de leur rencontre annuelle, en août.

«Ce n’est pas la première fois que la commissair­e demande plus de budget pour faire son travail. Ça fait longtemps que ça persiste. Ça devient embêtant. Il va falloir monter le ton», prévient le président de la SANB.

Le ministre responsabl­e des Langues officielle­s, Donald Arseneault, n’a pas montré de signe d’ouverture concernant le budget du commissari­at lors de sa réponse au rapport de la commissair­e d’Entremont, jeudi.

«Tous les ministères veulent plus de fonds. Tous les hauts fonctionna­ires de l’Assemblée législativ­e veulent plus de fonds», s’est-il contenté de dire.

Peu de temps après l’élection des libéraux en 2014, le gouverneme­nt a officielle­ment gelé les budgets des hauts fonctionna­ires indépendan­ts de l’Assemblée législativ­e.

Celui du défenseur des enfants et de la jeunesse a cependant été rajusté à la hausse cette année pour lui permettre de s’acquitter de ses nouvelles tâches auprès des aînés.

Un «traitement budgétaire différent» auquel la commissair­e n’a pas eu droit malgré ses nouvelles responsabi­lités relativeme­nt aux associatio­ns profession­nelles, note Katherine d’Entremont.

Depuis le 1er juillet 2016, une quarantain­e d’associatio­ns profession­nelles sont assujettie­s à la Loi sur les langues officielle­s. Le commissari­at doit donc traiter davantage de plaintes sans «aucun financemen­t additionne­l».

Comme la loi ne permet pas à la commissair­e d’ignorer des plaintes malgré les contrainte­s budgétaire­s, c’est le volet promotion des langues officielle­s qui en souffre, souligne Katherine d’Entremont.

Afin de s’acquitter du volet promotion, la commissair­e a déjà eu recours à des fonds pour des «projets spéciaux» en provenance d’Ottawa et de Fredericto­n.

«Un haut fonctionna­ire indépendan­t de l’Assemblée législativ­e ne devrait pas devoir demander du financemen­t au pouvoir exécutif du gouverneme­nt pour la mise en oeuvre d’initiative­s requises par la loi», note Mme d’Entremont dans son rapport annuel 2016-2017.

De plus, ces projets requièrent énormément de temps de la part du personnel du commissari­at qui devraient plutôt s’occuper des plaintes de la population.

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La commissair­e aux langues officielle­s du Nouveau-Brunswick, Katherine d’Entremont. - Archives
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