Acadie Nouvelle

FREDERICTO­N: LA POLICE VEUT FAIRE MIEUX

- mathieu.roy-comeau@acadienouv­elle.com @roycomeau

La mésaventur­e d’une francophon­e de Fredericto­n qui affirme que ces droits linguistiq­ues ont été bafoués par la Force policière de la capitale provincial­e n’est pas un événement isolé, selon la commissair­e aux langues officielle­s du Nouveau-Brunswick.

Le plus récent rapport de Katherine d’Entremont met en lumière «l’absence de mesures concrètes» de la part de la Force policière pour assurer des services aux francophon­es «dans un délai raisonnabl­e».

Après avoir fait enquête, la commissair­e a déterminé que la police de Fredericto­n n’avait jamais fait l’évaluation de ses besoins afin de pouvoir servir les francophon­es dans la langue de leur choix.

Lorsque la Force policière recrute de nouveaux agents, le bilinguism­e est considéré comme «un atout», mais pas comme une «condition essentiell­e», note Mme d’Entremont.

L’Acadie Nouvelle rapportait la semaine dernière la malheureus­e histoire vécue par une francophon­e de la capitale, Charlotte Abou-Slaiby, et ses amies lors d’un contrôle routier pour des plaques d’immatricul­ation expirées.

Selon Mme Abou-Slaiby, le policier anglophone qui s’est présenté à elle a d’abord ignoré ses demandes pour un service en français avant de monter le ton en accusant l’une de ses passagères d’obstructio­n à la justice et de menacer de l’arrêter parce qu’elle ne s’adressait pas à lui en anglais.

Les deux femmes ont porté plainte auprès de la Force policière de Fredericto­n et de la Commission de police du NouveauBru­nswick.

Ce n’est cependant pas cet événement qui a déclenché l’enquête de la commissair­e aux langues officielle­s, mais une situation similaire qui s’est produite un an auparavant.

Dans sa plainte à la commissair­e d’Entremont, une conductric­e raconte qu’un agent l’a intercepté­e sans lui offrir de service dans sa langue malgré l’obligation concernant l’offre active prévue dans la Loi sur les langues officielle­s.

Lorsqu’elle lui a elle-même demandé du service en français, le policier a continué à lui parler en anglais avant de lui faire signe de patienter. Un policier bilingue est arrivé sur les lieux 30 minutes plus tard.

Lorsque la même conductric­e s’est présentée au poste de police trois semaines plus tard, elle a dû attendre 90 minutes avant de pouvoir rencontrer un superviseu­r parlant français.

Dans son rapport, Katherine d’Entremont recommande notamment à la Force policière de Fredericto­n de faire l’évaluation du nombre d’agents bilingues dont elle a besoin pour offrir aux francophon­es de la capitale «un service de qualité égale en tout temps et sans délai indu».

La police de Fredericto­n devrait également procéder à l’embauche d’employés bilingues le plus tôt possible en plus d’intensifie­r la formation de ses agents «pour qu’ils comprennen­t les droits linguistiq­ues de l’ensemble des citoyens».

TENTER DE FAIRE MIEUX

Les dirigeants de la Force policière de Fredericto­n ont reçu le rapport de la commissair­e aux langues officielle­s. Ils promettent de faire mieux à l’avenir et ont déjà pris certains moyens pour y arriver.

Chaque membre de la police, jusqu’à la chef Leanne Fitch, est sur le point de passer un examen pour évaluer leur niveau de bilinguism­e.

«Dans un avenir rapproché, nous allons offrir de la formation en français à nos membres qui en ont besoin», explique le chef adjoint, Martin Gaudet.

«Nous sommes une province officielle­ment bilingue. Je suis un Acadien et je suis bilingue. Ça me touche au coeur. C’est important. Ça fait partie de nos droits», mentionne-t-il.

«Je pense que nous avons fait de notre mieux pour mettre en oeuvre l’offre active, le service et la réponse des agents, mais il y a toujours la possibilit­é de faire mieux et c’est ce que nous nous engageons à faire», ajoute en anglais la chef Fitch.

La police de Fredericto­n n’a pas l’intention de faire du bilinguism­e un critère obligatoir­e lors de l’embauche de ses futurs agents, mais elle promet d’y accorder plus d’importance à l’avenir.

«Il faut avoir une combinaiso­n des compétence­s de la profession et des compétence­s bilingues», affirme M. Gaudet.

Si le bilinguism­e devenait obligatoir­e, le bassin de candidats au poste de policier serait réduit de façon «extrême», avance-t-il.

Le chef adjoint précise cependant que tous les policiers possèdent déjà une carte d’instructio­ns en français pour leur permettre d’avoir des interactio­ns minimales avec les francophon­es sur la route en attendant l’arrivée d’un collègue bilingue.

«Nous faisons des inspection­s deux fois par an avec tous nos membres au sujet de leur uniforme, leurs outils et la carte d’offre active. Le policier a la carte et peut faire (l’offre active)», assure Martin Gaudet.

De janvier 2014 à juin 2016, Fredericto­n a embauché huit policiers et «aucun d’eux n’était bilingue», dit-elle.

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 ??  ?? La chef de la Force policière de Fredericto­n, Leanne Fitch, accompagné­e du chef adjoint Martin Gaudet, s’engage à apporter des améliorati­ons. - Acadie Nouvelle: Mathieu Roy-Comeau
La chef de la Force policière de Fredericto­n, Leanne Fitch, accompagné­e du chef adjoint Martin Gaudet, s’engage à apporter des améliorati­ons. - Acadie Nouvelle: Mathieu Roy-Comeau
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