FREDERICTON: LA POLICE VEUT FAIRE MIEUX
La mésaventure d’une francophone de Fredericton qui affirme que ces droits linguistiques ont été bafoués par la Force policière de la capitale provinciale n’est pas un événement isolé, selon la commissaire aux langues officielles du Nouveau-Brunswick.
Le plus récent rapport de Katherine d’Entremont met en lumière «l’absence de mesures concrètes» de la part de la Force policière pour assurer des services aux francophones «dans un délai raisonnable».
Après avoir fait enquête, la commissaire a déterminé que la police de Fredericton n’avait jamais fait l’évaluation de ses besoins afin de pouvoir servir les francophones dans la langue de leur choix.
Lorsque la Force policière recrute de nouveaux agents, le bilinguisme est considéré comme «un atout», mais pas comme une «condition essentielle», note Mme d’Entremont.
L’Acadie Nouvelle rapportait la semaine dernière la malheureuse histoire vécue par une francophone de la capitale, Charlotte Abou-Slaiby, et ses amies lors d’un contrôle routier pour des plaques d’immatriculation expirées.
Selon Mme Abou-Slaiby, le policier anglophone qui s’est présenté à elle a d’abord ignoré ses demandes pour un service en français avant de monter le ton en accusant l’une de ses passagères d’obstruction à la justice et de menacer de l’arrêter parce qu’elle ne s’adressait pas à lui en anglais.
Les deux femmes ont porté plainte auprès de la Force policière de Fredericton et de la Commission de police du NouveauBrunswick.
Ce n’est cependant pas cet événement qui a déclenché l’enquête de la commissaire aux langues officielles, mais une situation similaire qui s’est produite un an auparavant.
Dans sa plainte à la commissaire d’Entremont, une conductrice raconte qu’un agent l’a interceptée sans lui offrir de service dans sa langue malgré l’obligation concernant l’offre active prévue dans la Loi sur les langues officielles.
Lorsqu’elle lui a elle-même demandé du service en français, le policier a continué à lui parler en anglais avant de lui faire signe de patienter. Un policier bilingue est arrivé sur les lieux 30 minutes plus tard.
Lorsque la même conductrice s’est présentée au poste de police trois semaines plus tard, elle a dû attendre 90 minutes avant de pouvoir rencontrer un superviseur parlant français.
Dans son rapport, Katherine d’Entremont recommande notamment à la Force policière de Fredericton de faire l’évaluation du nombre d’agents bilingues dont elle a besoin pour offrir aux francophones de la capitale «un service de qualité égale en tout temps et sans délai indu».
La police de Fredericton devrait également procéder à l’embauche d’employés bilingues le plus tôt possible en plus d’intensifier la formation de ses agents «pour qu’ils comprennent les droits linguistiques de l’ensemble des citoyens».
TENTER DE FAIRE MIEUX
Les dirigeants de la Force policière de Fredericton ont reçu le rapport de la commissaire aux langues officielles. Ils promettent de faire mieux à l’avenir et ont déjà pris certains moyens pour y arriver.
Chaque membre de la police, jusqu’à la chef Leanne Fitch, est sur le point de passer un examen pour évaluer leur niveau de bilinguisme.
«Dans un avenir rapproché, nous allons offrir de la formation en français à nos membres qui en ont besoin», explique le chef adjoint, Martin Gaudet.
«Nous sommes une province officiellement bilingue. Je suis un Acadien et je suis bilingue. Ça me touche au coeur. C’est important. Ça fait partie de nos droits», mentionne-t-il.
«Je pense que nous avons fait de notre mieux pour mettre en oeuvre l’offre active, le service et la réponse des agents, mais il y a toujours la possibilité de faire mieux et c’est ce que nous nous engageons à faire», ajoute en anglais la chef Fitch.
La police de Fredericton n’a pas l’intention de faire du bilinguisme un critère obligatoire lors de l’embauche de ses futurs agents, mais elle promet d’y accorder plus d’importance à l’avenir.
«Il faut avoir une combinaison des compétences de la profession et des compétences bilingues», affirme M. Gaudet.
Si le bilinguisme devenait obligatoire, le bassin de candidats au poste de policier serait réduit de façon «extrême», avance-t-il.
Le chef adjoint précise cependant que tous les policiers possèdent déjà une carte d’instructions en français pour leur permettre d’avoir des interactions minimales avec les francophones sur la route en attendant l’arrivée d’un collègue bilingue.
«Nous faisons des inspections deux fois par an avec tous nos membres au sujet de leur uniforme, leurs outils et la carte d’offre active. Le policier a la carte et peut faire (l’offre active)», assure Martin Gaudet.
De janvier 2014 à juin 2016, Fredericton a embauché huit policiers et «aucun d’eux n’était bilingue», dit-elle.