Vitesse sur la Restigouche: un vendeur blâme les conducteurs plutôt que les bateaux
Les embarcations en aluminium de plus en plus populaire sur la rivière Restigouche ne sont pas le problème. Il s’agirait plutôt de ceux qui se trouvent derrière le gouvernail.
«Ce n’est pas une question de vitesse, mais bien d’éducation.»
C’est du moins l’opinion de Régis Maltais, copropriétaire de l’entreprise RPM Marine de Campbellton. Son commerce est en grande partie responsable du nombre croissant depuis deux ans de bateaux d’aluminium doté de moteur à turbine. Ces mêmes embarcations sont montrées du doigt par plusieurs usagés de la rivière. Les autorités promettent de les avoir à l’oeil cet été.
La popularité de ces embarcations ne se dément pas. L’an dernier, M. Maltais affirme en avoir vendu une douzaine. Cette année, c’est déjà plus d’une trentaine.
«C’est l’embarcation du futur pour une rivière de moins en moins profonde comme la nôtre», exprime-t-il.
La mauvaise réputation de ces bateaux serait ainsi surfaite? C’est ce qu’estime M. Maltais affirmant que ces embarcations ne sont pas aussi puissantes qu’on le laisse entendre.
«Elles atteignent environ de 45 à 50 km/h, selon si l’on monte ou l’on descend la rivière. On ne va donc pas à 100 km/h comme on le prétend. Ce n’est pas de la haute vitesse. D’ailleurs, plusieurs canots en bois ont également des moteurs similaires et sont aussi rapides que les bateaux en aluminium», indique M. Maltais.
Il avoue par contre que tout n’est pas rose. Et ce qui nuit à l’image de ces bateaux est surtout l’attitude de quelques adeptes qui se soucient peu du respect des autres usagers sur la rivière.
«Je suis sur la rivière toutes les semaines et oui, j’ai vu certaines choses qui ne m’ont pas plu de la part d’usager de ce type de bateaux. Cela dit, c’était la même chose auparavant avec les canots en bois. Il y a toujours des gens qui n’ont pas de respect pour autrui. Ça n’a pas de lien avec l’engin», dit-il.
En ce sens, songer à bannir ces embarcations ne serait pas, selon lui, la chose à faire. Il suggère plutôt d’augmenter le nombre de patrouilles sur la rivière.
«On fabrique des voitures sport qui roulent à plus de 200 km/h, mais on ne les bannit pas de la route pour autant. Il y a de plus en plus de trafic sur la rivière. Ce serait normal qu’elle soit surveillée de plus près. En ce sens, je suis tout à fait d’accord pour que l’on augmente la surveillance. La dernière chose que je voudrais est que quelqu’un se blesse», indique l’homme d’affaires.
Plus que suggérer uniquement les patrouilles, il va même jusqu’à inviter les autorités à les faire à bord de l’une de ses embarcations.
«C’est une embarcation large (six pieds), très sécuritaire et qui peut passer pratiquement partout. En fait, c’est un bateau parfait pour notre style de rivière et pour les besoins des patrouilleurs», dit-il.
M. Maltais soutient d’ailleurs que plusieurs usagers commencent à réviser leur position sur les moteurs à turbine et les embarcations en aluminium, notamment certains propriétaires de camps de pêche. Selon lui, ils songent à cette transition afin de pouvoir continuer de naviguer sur la rivière.
«D’année en année, le niveau de l’eau semble vouloir baisser, un phénomène relié en partie à l’érosion, donc à l’élargissement de la rivière. Cela fait en sorte qu’il devient vraiment difficile de naviguer avec des moteurs conventionnels à hélices. La majorité des gens optent maintenant pour les moteurs à turbine puisqu’ils ont besoin de peu d’eau pour fonctionner», explique M. Maltais.
Il rejette par ailleurs l’argument voulant que ces moteurs soient plus dommageables pour la rivière que ceux à hélices.
«En fait, les bateaux à hélices qui raclent le fond de la rivière lorsque l’eau est basse causent probablement bien plus de dommages que nous», affirme-t-il.