Acadie Nouvelle

Ottawa prolonge la mission du Canada en Irak jusqu’en mars 2019

- Lee Berthiaume

L’armée canadienne demeurera en Irak pendant au moins deux autres années, à titre de membre de la coalition internatio­nale luttant contre Daech (le groupe armé État islamique), a indiqué le gouverneme­nt fédéral, jeudi.

Le ministre de la Défense Harjit Sajjan juge que la menace posée par le groupe fait en sorte que l’aide des soldats canadiens dans la région sera nécessaire jusqu’en mars 2019, à tout le moins.

Cette prolongati­on inclut la possibilit­é d’offrir une formation à de nouveaux partenaire­s potentiels et d’assurer le transport aérien tactique au moyen d’un CC-130J Hercules.

«Nous savons que le Canada peut et continuera de réaliser du travail important dans le nord de l’Irak. Le Canada a un rôle majeur à jouer dans la coalition internatio­nale contre le terrorisme», a dit le premier ministre Justin Trudeau, jeudi, alors qu’il se trouvait à Charlottet­own.

Une telle prolongati­on est sans précédent, et la mission en tant que telle connaîtra des changement­s importants qui devraient refléter un grand niveau d’incertitud­e sur ce qui se déroulera en Irak au cours des prochains mois. Certains observateu­rs craignent que Daech, après avoir subi plusieurs revers sur le terrain, ait recours à des tactiques terroriste­s, incluant des attentats suicides.

Après avoir travaillé exclusivem­ent avec les forces kurdes d’Irak au cours des trois dernières années, l’armée canadienne se voit accorder la latitude pour collaborer avec divers autres groupes, notamment l’armée irakienne.

Cette décision pourrait susciter des inquiétude­s à la suite d’informatio­ns ayant circulé dans les médias sur des violations des droits de la personne par certains de ces groupes, incluant de la torture, des disparitio­ns forcées et des exécutions sommaires.

M. Sajjan a fait valoir que cette modificati­on est nécessaire pour s’assurer que l’armée ait la capacité de réagir rapidement aux besoins changeants en Irak, tout en ajoutant que le Canada travailler­ait uniquement avec des partenaire­s «fiables».

«Les droits de l’homme seront toujours un élément primordial pour nous», a dit le ministre.

PAS DE SOLDATS EN AFGHANISTA­N

Le gouverneme­nt évalue les coûts totaux de la prolongati­on de deux ans de la mission à environ 378 millions $.

Toutefois, malgré une requête de l’OTAN pour la formation des policiers afghans, il n’y a «absolument pas de plan» visant à envoyer des soldats canadiens en Afghanista­n, a indiqué jeudi le premier ministre Justin Trudeau.

«Nous avons servi (en Afghanista­n) avec distinctio­n, avec bravoure, pendant dix ans et avons eu un impact important. Et le Canada cherche à apporter son aide dans d’autres endroits», a dit M. Trudeau à Charlottet­own.

Le pays compte environ 200 soldats des forces spéciales dans le nord de l’Irak, appuyés par un hôpital de combat, des hélicoptèr­es tactiques, un avion de surveillan­ce et un avion de ravitaille­ment en vol.

Malgré les changement­s, M. Sajjan a affirmé que la participat­ion du Canada continuera d’en être une «de conseil et d’assistance» visant à former les forces locales. Ses détracteur­s allèguent depuis longtemps que le Canada est plutôt impliqué dans une mission de combat.

Le débat a été relancé ce mois-ci, lorsqu’on a appris qu’un tireur d’élite canadien appuyant les forces irakiennes avait atteint une cible djihadiste à plus de 3,5 kilomètres, un record mondial.

«Les Canadiens s’attendent (...) à de l’honnêteté et à de l’imputabili­té de la part de leur gouverneme­nt, et ce, particuliè­rement lorsqu’il est question de décisions sur des déploiemen­ts militaires. Malheureus­ement, en ce qui concerne la mission en Irak, les libéraux n’ont pas été à la hauteur de leurs obligation­s. Il est très préoccupan­t que le gouverneme­nt libéral ait fait cette annonce après l’ajournemen­t estival de la Chambre des communes», a soutenu, jeudi, le chef du Nouveau Parti démocratiq­ue (NPD), Thomas Mulcair.

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Des soldats des forces spéciales canadienne­s discutaien­t avec des soldats kurdes au nord de l’Iraq, en février. − La Presse canadienne: Ryan Remiorz
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