Acadie Nouvelle

50 ans après sa dissolutio­n, la Patente fascine toujours autant

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L’Ordre de Jacques-Cartier, connu sous l’appellatio­n la Patente, fascine toujours un demi-siècle après sa dissolutio­n, notamment en raison de son côté obscur.

L’historien et politicien Bernard Thériault a discouru pendant une heure et demie, la semaine dernière, sur cette organisati­on secrète, à l’occasion de la 14e Grande conférence d’Acadie organisée par la Fondation du Collège de Bathurst. Une centaine de personnes était présente.

L’Ordre de Jacques-Cartier a été fondée pour défendre les droits des Canadiensf­rançais et les propulser à des postes stratégiqu­es.

«Son histoire commence le 22 octobre 1926 dans le sous-sol du presbytère de la paroisse Saint-Charles à Ottawa. Dix-neuf hommes canadiens-français et catholique­s sont les membres fondateurs. Ce sont essentiell­ement des fonctionna­ires fédéraux. Il y a un Acadien, Domitien Robichaud, né à Pokemouche, qui était le traducteur en chef à la Chambre des communes», a relaté M. Thériault.

L’organisati­on tend ses tentacules au Nouveau-Brunswick. Campbellto­n établit la première commanderi­e de l’Ordre de Jacques-Cartier en 1933, suivie l’année suivante par celles du Madawaska et de Gloucester. En 1935, c’était au tour du Sud-Est.

«On recherche des élites. On veut des gens qui sont bien perçus dans la communauté, qui contrôlent des organisati­ons. L’éducation et le développem­ent économique sont les premiers combats qu’ils vont mener au Nouveau-Brunswick», explique l’historien.

«En 1936, il y a quatre commanderi­es qui regroupent 75 membres. En 1948, 254 membres sont répartis dans une douzaine de commanderi­es et en 1962, il y en avait 22 pour 300 membres», détaille M. Thériault.

Willie Ferguson a découvert la charte de la commanderi­e de Tracadie, datant du 21 juillet 1955, dont son père, Patrick Albert Ferguson, était le Grand Chevalier, lorsqu’il a vidé la maison familiale à la mort de sa mère, en 2004. Il a appris du coup que son paternel avait été dans la Patente.

«Nous avons trouvé ce document dans un tube caché dans un coin du bureau de mon père. Personne ne parlait de cette organisati­on, donc tu ne pouvais pas savoir qui était là-dedans. Nous étions jeunes de toute façon et ça allait au-delà de notre quotidien. Avec le recul, je me dis que mon père était président de la caisse populaire de Tracadie durant les années 1950, et comme M. Thériault l’a dit, ce sont ces gens qu’on allait chercher pour être dans la Patente», observe celui qui réside à Saint-Louis-deKent depuis 1974.

Le recrutemen­t était très select. Tout candidat était proposé par un membre de l’Ordre et il n’en fera partie que si toute la commanderi­e l’accepte.

«Je crois que c’est là que la mauvaise réputation de l’Ordre de Jacques-Cartier commence à se faire. On devient sélectif et il suffit que quelqu’un ne t’aime pas la face, et tu ne seras pas membre», explique Bernard Thériault.

L’organisati­on est à l’origine du Mouvement scout dans les Maritimes, est très liée au Mouvement des caisses populaires, ainsi qu’à l’établissem­ent du Club Richelieu dans la province. Le journal l’Évangéline a obtenu 200 000$ de l’Ordre.

La Patente est devenue malgré elle politique et a galvanisé la diaspora autour de l’élection du premier premier ministre acadien, Louis J. Robichaud.

Des dissension­s surviennen­t lors du congrès national de l’Ordre en 1964, si bien que l’exécutif saborde la structure l’année d’après.

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Bernard Thériault a présenté une conférence sur la Patente, la semaine dernière, à Bathurst. - Acadie Nouvelle: Béatrice Seymour
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