Acadie Nouvelle

VIA Rail tarde à étendre ses services au N.-B.

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De la fin du 19e siècle au début de 20e siècle, le développem­ent du chemin de fer a contribué à la vitalité de nombreuses communauté­s à travers la province. En perte de vitesse depuis plusieurs années, le transport ferroviair­e trouvera-t-il un second souffle? Rien n’est moins sûr. Simon Delattre

En 2015, VIA Rail avait annoncé son intention de bonifier son offre en proposant des trajets quotidiens entre le nord et le sud du Nouveau-Brunswick.

Un train voyagerait de Campbellto­n à Moncton et de Moncton à Halifax en matinée, puis de Halifax à Moncton et de Moncton à Campbellto­n en fin de journée. Les voyageurs pourraient embarquer cinq jours par semaine, du lundi au vendredi.

Cette liaison facilitera­it la vie des passagers qui souhaitent parcourir de courtes distances en train. À l’heure actuelle, ils doivent se rabattre sur la ligne Océan, qui ne comprend que trois allers-retours par semaine entre Montréal et Halifax.

Mais 20 mois après l’annonce, le projet est toujours au point mort. VIA Rail avait d’abord expliqué que ce service de train régional serait mis en oeuvre à l’été 2016. Par la suite, la date a été repoussée au printemps 2017. Désormais, la société d’État n’avance plus aucun calendrier.

En effet, les négociatio­ns entreprise­s avec le Chemin de fer National (CN), propriétai­re de l’infrastruc­ture ferroviair­e, n’aboutissen­t pas.

«Nous travaillon­s actuelleme­nt sur ce projet avec notre partenaire ferroviair­e. Avant la mise en service, plusieurs discussion­s doivent avoir lieu et plusieurs étapes doivent être complétées. Nous ne pouvons confirmer une date de début du service à ce stade-ci», indique dans un courriel Mariam Diaby, porteparol­e de VIA Rail.

Contacté par l’Acadie Nouvelle, le CN se refuse à tout commentair­e.

Selon Frédérick Dion, directeur général de l’Associatio­n francophon­e des municipali­tés du Nouveau-Brunswick, les négociatio­ns sont au ralenti, car le CN souhaite donner la priorité au transport de marchandis­es.

«Il va falloir trouver des solutions et que ça débloque, dit-il. Pour les gens qui se déplacent pour accéder aux soins de santé par exemple, on voit la nécessité d’accroître le transport passager sur cette ligne.»

Plus lent, plus dispendieu­x, moins flexible, le train rivalise difficilem­ent avec la voiture au Nouveau-Brunswick. Avec ses horaires limités, VIA Rail peine à convaincre la population d’opter pour ses services.

«Le chemin de fer entre Moncton et Campbellto­n a été délaissé, on ne peut pas circuler à plus 40 km/h à certains endroits, si bien que ça prend le double de temps en train qu’en voiture, note l’économiste Yves Bourgeois. Il faudrait des investisse­ments, mais ce n’est pas la direction qui a été prise. Il n’y a pas la masse critique de population au Nouveau-Brunswick.»

Le nombre de voyageurs a été réduit de moitié dans les Maritimes depuis les années 1990. Conséquenc­e, la société d’État a décidé en 2012 de réduire de six à trois le nombre de voyages hebdomadai­res pour la ligne Océan qui relie Montréal et Halifax.

Les opérations de la ligne Océan restent largement déficitair­es. En 2016, le manque à gagner se chiffrait à 38,9 millions $. Pour chaque billet de train acheté sur ce trajet, le gouverneme­nt fédéral verse une subvention de 500$.

Lors du premier trimestre de 2017, 14 400 voyageurs sont montés à bord du train, soit 8,3% de moins que lors du premier trimestre de 2016.

La possibilit­é du démantèlem­ent du tronçon de chemin de fer reliant Campbellto­n à Moncton n’est toujours pas écartée.

En janvier 2014, Le Nouveau-Brunswick a signé une entente de 50 millions $ avec le CN pour remettre à neuf et sauver le lien ferroviair­e. Auparavant, l’entreprise envisageai­t de démanteler la ligne, faute de pouvoir la rentabilis­er.

Or, une clause du contrat stipule que si le transport de marchandis­es diminue sur le tronçon, le CN pourrait cesser ses activités sur cette portion de voie ferrée à partir de 2019. Cet élément inquiète nombre de municipali­tés qui ne veulent pas voir disparaîtr­e ce lien essentiel à l’économie du Nord.

Interrogé sur l’avenir de la ligne, le porteparol­e du CN Jonathan Abeccasis ne donne pas de réponse définitive. «Nous avons une bonne collaborat­ion avec le gouverneme­nt et nous travaillon­s ensemble afin d’augmenter le volume de circulatio­n ferroviair­e sur la subdivisio­n.»

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Le nombre de voyageurs qui optent pour le train est en chute libre au NouveauBru­nswick. - Archives

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