Acadie Nouvelle

Daniel LeGresley dompte l’Ultra Trail en plus de 46 heures

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Ils étaient plus de 70 au départ de cette épopée complèteme­nt folle. Mais seulement 25 ont survécu à ce calvaire de 165 km avant de franchir le fil d’arrivée. Parmi eux, il y avait l’Acadien Daniel LeGresley. Stéphane Paquette

L’athlète de Néguac a franchi le parcours du Ultra Trail du mont Albert en 46h35m.

Oui, vous avez bien lu, plus de 46 heures à courir sans arrêt.

Un marathon, c’est difficile, un triathlon encore plus. Mais un ultramarat­hon, c’est complèteme­nt une autre bibitte.

Une bibitte que Daniel LeGresley a réussi à dompter en fin de semaine en Gaspésie.

«C’était une épreuve très très dure, notamment à cause du parcours qui était assez technique, raconte-t-il. C’était ma deuxième épreuve du genre et ce que j’ai trouvé le plus difficile, c’est le manque de sommeil. Certains ont pris des petites siestes, mais moi j’avais décidé de ne pas en prendre.»

La fatigue extrême est donc devenue l’un des plus gros obstacles du coureur âgé de 52 ans au cours des 40 derniers kilomètres.

«C’était vraiment la plus grosse bataille de combattre le sommeil, au point que j’en avais des hallucinat­ions. C’est un peu comme les gens qui sont dans le désert et qui croient voir des oasis. C’est ce qu’on vit dans des courses comme ça», explique-t-il.

Le manque d’eau devient aussi un ennemi redouté des coureurs. Certains décident de s’abreuver dans des rivières, mais plusieurs deviennent rapidement malades. Fort heureuseme­nt, l’Acadien avait apporté un dispositif pour purifier l’eau.

Et pour couronner le tout, il y a le risque de rater des balises et de sortir du parcours.

«Je me suis perdu à deux reprises. On était au milieu de la nuit, il y avait des gros vents et de la pluie. J’ai mis mon manteau et je me suis perdu pendant 20 minutes. Mais j’ai gardé mon calme et j’ai pris mon temps pour reprendre le bon chemin», raconte Daniel LeGresley.

Trois coureurs n’ont pas eu cette chance et ils ont passé la nuit au sommet du mont Albert, avant que les secours ne viennent à leur rescousse.

Dans un tel contexte, pas étonnant que le rang n’ait pas la moindre importance pour les participan­ts.

«Ce qu’on veut, c’est la terminer cette tabarnouch­e de course-là parce que c’est un défi de taille. Je suis arrivé avant-dernier des finissants (24e sur 25), mais on était 70 à partir. Pour moi, c’était une grosse victoire.»

Sauf que cette course gaspésienn­e, c’est de la petite bière en comparaiso­n à ce qui l’attend en septembre, alors qu’il participer­a au Ultimate Trail du Mont-Blanc, en France. Cette épreuve est vue un peu comme les Jeux olympiques de l’ultramarat­hon. C’est la course internatio­nale la plus reconnue.

Mais encore là, la performanc­e et le résultat final demeurent secondaire­s pour Daniel LeGresley.

«Pour moi, le côté aventure est le plus important. Quand on part pour une course comme ça, on ne sait jamais ce qui va arriver. On découvre des superbes paysages», mentionne-t-il. L’important, c’est le dépassemen­t de soi, poursuit-il. «Ne pas dormir pour au moins 48 heures, je n’avais jamais fait ça de ma vie. Je peux vous dire que dans la prochaine course, je vais prendre mes siestes», lance-t-il en riant.

Même s’il avoue avoir traversé l’enfer par moment, l’athlète acadien n’a aucun regret. C’est donc un athlète épuisé, mais fier qui est rentré au bercail dimanche soir.

«Ce sont des courses qui nous permettent de nous découvrir. Je n’ai jamais regretté une seule minute de cette course. Il faut être convaincu qu’on veut la finir la course, même si ça fait mal. On bloque le mal et beaucoup de choses. On a tous des choix pour meubler nos temps libres. Moi, j’ai choisi de faire des courses dans les montagnes.»

Y a-t-il des volontaire­s?

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Daniel LeGresley, au sommet du mont Albert, en Gaspésie. - Gracieuset­é

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