De l’ours noir au tigre gris
Médusées. Oui, toutes les trois, nous fûmes médusées d’apprendre que le NouveauBrunswick compte une population de 17 000 ours noirs. – Tu es sûre? – Mais où sont-ils?! Et ce ne sont pas que de petites bêtes non plus, à voir ces ours étendus là dans l’Acadie Nouvelle, abattus par des chasseurs fiers de leur prise. – Ah, ces chasseurs. Pourquoi les tuer? Je ne connais pratiquement rien à la chasse, mais un individu, Paul Arseneau en l’occurrence, qui guette un ours pendant deux ans puis l’abat d’une flèche après avoir attendu le positionnement parfait de la bête, j’avoue que cela m’impressionne.
Pendant quelques secondes, j’ai l’impression qu’il se joue encore, parfois, des combats mythiques entre l’homme et l’animal.
La méduse, cet animal marin gélatineux et chevelu qui bientôt apparaîtra en masse le long de nos côtes, tient son nom d’une créature de la mythologie grecque, Medousa, dont la chevelure était faite de serpents et qui changeait en pierre ceux et celles qui la regardaient. D’où l’adjectif médusé, pour dire frappé de stupeur, pétrifié.
Au Nouveau-Brunswick, au fil du temps, des ours noirs ont probablement donné la frousse à quelques centaines de personnes.
Quant aux méduses, elles ont sûrement échauffé des milliers de personnes en cours de baignade. Mais tous et toutes, nous avons été éprouvés pour une souris.
Entendre leurs petits pas furtifs en pleine nuit ou en voir une se faufiler parmi nos bocaux de conserve déclenche immanquablement un branle-bas, à la fois dans notre imaginaire et dans notre environnement physique.
Il semble moins grave de tuer une souris qu’un ours.
Contrairement à l’ours, la souris est petite, se reproduit aisément et s’aventure facilement sur notre territoire. Il est d’autant plus nécessaire et important de la tuer si vous êtes comme ma tante, qui un jour résuma comme suit la situation: «pour moi, une souris, c’est un tigre»!