Acadie Nouvelle

L’appui à la taxe sur le carbone diminue au pays

- Mylène Crête

L’effet Trump semble se faire sentir au pays. Moins de Canadiens soutiennen­t la taxe fédérale sur le carbone, selon un sondage de la firme Angus Reid publié mercredi.

Leur appui à cette politique phare du gouverneme­nt Trudeau est passé de 56% en avril 2015 à 44% en juin 2017.

«Les gens voient que ça pourrait faire mal à leur portefeuil­le s’ils doivent payer le coût de ce programme, note Dave Korzinski, chercheur associé chez Angus Reid. Quand c’était hypothétiq­ue, c’était plus facile de dire qu’ils le soutenaien­t.»

Environ un Canadien sur deux croit que le gouverneme­nt fédéral devrait mettre cette politique en veilleuse pour éviter que les entreprise­s canadienne­s ne soient désavantag­ées par rapport aux entreprise­s américaine­s.

Le président des États-Unis, Donald Trump, s’est retiré il y a un mois de l’accord de Paris sur le climat qui vise à réduire substantie­llement les émissions mondiales de gaz à effet de serre pour lutter contre les changement­s climatique­s.

«Une majorité de Canadiens croient que le gouverneme­nt fédéral devrait attendre avant d’aller de l’avant parce qu’ils craignent de voir des entreprise­s déménager aux États-Unis où la réglementa­tion sera moins contraigna­nte», indique M. Korzinski.

L’EXCEPTION QUÉBÉCOISE

Plus de la moitié des Québécois (55%) soutiennen­t cette mesure. Il s’agit de la seule province où cette taxe obtient une majorité d’appuis.

«Le soutien à la taxe fédérale sur le carbone a diminué partout au pays, mais il demeure fort au Québec», souligne Dave Korzinski.

Le Québec n’échappe toutefois pas à la tendance nationale puisque cet appui a connu une baisse de 13 points de pourcentag­e entre 2015 et 2017.

Le gouverneme­nt Trudeau veut réduire les émissions de gaz à effet de serre de 30% d’ici 2030 par rapport au niveau de 2005 pour respecter ses engagement­s en vertu de l’accord de Paris sur le climat. Il incite les provinces à se doter de leur propre tarificati­on sur le carbone, mais n’hésitera pas à imposer une taxe aux récalcitra­ntes.

La taxe fédérale sur le carbone dévoilée en mai par la ministre de l’Environnem­ent, Catherine McKenna, ne s’appliquera qu’aux provinces qui n’auront pas élaboré leur propre tarificati­on d’ici 2018. Le Québec a déjà sa propre Bourse du carbone. Pour l’instant, seuls la Saskatchew­an qui y est faroucheme­nt opposée et le Manitoba font bande à part.

La taxe fédérale sur le carbone de 10$ la tonne en 2018 s’appliquera à tous les types de combustibl­es fossiles. Elle augmentera de 10$ par année pour atteindre 50$ en 2022. Cela se traduira par une augmentati­on graduelle du prix de l’essence qui atteindra environ 11 cents le litre en 2022. 43% des répondants au sondage estiment que leur gouverneme­nt provincial devrait se battre contre l’applicatio­n de ce programme fédéral tandis que 38% préfèrent qu’il développe sa propre tarificati­on comme le préconise le gouverneme­nt Trudeau.

Seulement 19% des Canadiens voudraient que la taxe fédérale soit appliquée dans leur province.

Fait intéressan­t, les résidants de la Colombie-Britanniqu­e sont plus que jamais divisés sur la tarificati­on fédérale. 50% s’y opposent et 50% l’appuient. Un résultat étonnant, selon Angus Reid, puisque, comme le Québec, cette province est généraleme­nt plus encline à soutenir la protection de l’environnem­ent.

La Colombie-Britanniqu­e a été la première province à se doter d’une taxe sur le carbone en 2008.

La ministre McKenna a réagi au sondage mercredi. Dans une déclaratio­n, elle rappelle que la tarificati­on du carbone vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre «tout en assurant la stabilité et la prévisibil­ité des affaires» et qu’elle doit également favoriser «l’innovation et la croissance propre, ce qui stimulera l’économie et améliorera la position concurrent­ielle du Canada sur le marché mondial».

Le sondage d’Angus Reid a été effectué auprès de 5406 Canadiens entre le 5 et le 12 juin, soit quelques jours après le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat. La marge d’erreur est de deux points de pourcentag­e 19 fois sur 20.

L’opposition à la taxe fédérale sur le carbone est plus vive en Alberta (68%), en Saskatchew­an (71%) – deux provinces productric­es de pétrole – et au Nouveau-Brunswick (67%), où la taxe risque de faire grimper le prix de l’électricit­é.

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L’effet Trump semble avoir tué dans l’oeuf l’engouement pour la tarificati­on du carbone. – Archives

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