À 70 ans et amputé de ses deux jambes, Guy Pineault est toujours infatigable
Le camping du Festival western de Saint-Quentin, c’est un véritable village dans une ville qui voit le jour pendant une semaine. Et ce petit village est entretenu en partie par un bénévole pour le moins surprenant.
En tout, 305 sites avec services sont offerts et jeudi, il n’en restait plus que cinq disponibles. Bref, c’est facilement plus de 1000 personnes qui peuplent le camping pendant la durée du festival.
«Ils viennent de partout. Plusieurs du Nouveau-Brunswick, c’est normal, mais aussi beaucoup du Québec et même d’ailleurs au pays. Et dans le lot, on retrouve aussi quelques citoyens de Saint-Quentin qui préfèrent marcher jusqu’à leur roulotte plutôt que de prendre le volant pour retourner chez eux, ce qui est sage», explique Guy Pineault, l’un des responsables du site.
M. Pineault n’est pas un bénévole ordinaire. À 70 ans, il s’assure du bon fonctionnement du terrain de camping. Le mois précédant l’arrivée des vacanciers, il répare les conduites d’eau endommagées par le gel, s’occupe de la plomberie, s’assure que tous les sites ont l’électricité, tond le gazon…
«En fait, je m’assure que tout soit bien prêt pour le début du festival», explique le retraité qui effectue cette routine depuis les huit dernières années.
Tout ça bénévolement, mais aussi, avec deux jambes en moins, ce qui est peu banal.
Retraité est d’ailleurs un bien grand mot pour lui.
«Je crois que je travaille plus maintenant que je le faisais avant. Quoique ce n’est pas vraiment un travail. Quand je suis ici, je m’amuse», dit-il.
Entrepreneur forestier, il a été victime d’un grave accident avec son camion il y a 16 ans, accident qui lui a valu l’amputation de ses deux jambes la hauteur des genoux.
Mais contrairement à ce qu’on pourrait penser, cet incident ne l’a pratiquement pas ralenti. Encore aujourd’hui, il bûche sur ses deux terres à bois lui-même – à la main – d’où il sort plusieurs cordes de bois de chauffage par année. Le printemps, il fait du sirop d’érable avec un ami, une récolte faite à l’ancienne, à la bonne vieille chaudière.
«L’accident ne m’a pas arrêté, loin de là. Je fais toujours du VTT, de la motoneige… Je peux faire n’importe quoi. Je ne me fixe pas de limite», dit-il.
Au camping, M. Pineault se déplace à l’aide d’un VTT manuel auquel il a soudé un bras de vitesse maison. Lorsqu’il doit descendre pour effectuer des travaux, il se déplace sur ses poings et les marques sur ses jointures sont là pour en témoigner.
«C’est rocailleux un peu ici sur le terrain, alors elles sont un peu maganées, mais ça ne fait pas trop mal», se veut-il rassurant.
M. Pineault ne prend toutefois pas seul les éloges face au bon roulement du camping. Il les partage avec son collègue de longue date – et comme lui septuagénaire – Pit Thériault, avec qui il fait du bénévolat depuis une demidouzaine d’années.
Ils forment un duo sympathique, qui accueille les visiteurs à l’entrée du site quand ils ne sont pas en train de régler un problème ou un autre.
«On s’amuse bien ensemble. C’est toujours une belle semaine», confirme M. Thériault.