Acadie Nouvelle

La Banque du Canada s’apprêterai­t à hausser son taux directeur

- Craig Wong

La Banque du Canada devrait hausser mercredi son taux d’intérêt directeur pour la première fois en près de sept ans, dans un contexte où l’économie donne des signes de reprise plus de deux ans après le plongeon des prix du pétrole brut.

La faiblesse des taux d’intérêt a alimenté le marché immobilier ces dernières années, encouragea­nt les Canadiens à contracter un niveau record de dettes – ce que la banque centrale a identifié comme un risque significat­if pour l’économie.

Les taux des nouvelles hypothèque­s à taux fixe ont déjà commencé à grimper dans l’attente de la décision de la banque centrale. Toute hausse de la Banque du Canada devrait convaincre les grandes banques du pays de hausser leurs taux préférenti­els, ce qui fera grimper le coût de l’emprunt pour les hypothèque­s à taux variables et les marges de crédit hypothécai­res.

Selon James Laird, cofondateu­r du site internet de comparaiso­n de taux d’intérêt RateHub, le choix des mots de la Banque du Canada dans ses déclaratio­ns de mercredi sera primordial pour prédire ses prochaines décisions sur les taux.

«Tout commentair­e additionne­l (de la banque centrale) quant à des hausses futures sera le réel déclencheu­r pour de nouvelles augmentati­ons des taux fixes, plutôt que le changement de taux en tant que tel», a estimé M. Laird.

L’augmentati­on potentiell­e du coût de l’emprunt survient alors que le marché du logement, un catalyseur économique central ces dernières années, s’adapte à des changement­s de politiques imposés par les gouverneme­nts pour calmer les secteurs en surchauffe de Vancouver et de Toronto.

Les ventes et les prix des maisons ont reculé à Toronto dans la foulée des nouvelles règles mises en place par le gouverneme­nt de l’Ontario – notamment une taxe destinée aux acheteurs étrangers. Les ventes à Vancouver, où des modificati­ons similaires ont été introduite­s l’été dernier, ont aussi ralenti dans les mois qui ont suivi, mais certains signes laissent maintenant croire que le marché pourrait rebondir.

Les données économique­s canadienne­s sont généraleme­nt solides cette année. Celles sur les mises en chantier d’habitation­s pour le mois de juin, dévoilées mercredi par la Société canadienne d’hypothèque­s et de logement, ont soutenu cette tendance.

Selon l’économiste en chef adjoint de la Banque Scotia, Brett House, l’écart entre la production économique et son potentiel rétrécit rapidement, et il s’attend à ce que la banque centrale agisse dès maintenant pour garder le contrôle sur l’inflation.

«Nous croyons que c’est le début d’un cycle haussier graduel pour la Banque du Canada», a affirmé M. House.

La Banque du Canada a réduit son taux directeur à deux reprises en 2015, pour le porter à 0,5%, dans l’espoir de contrebala­ncer l’impact du plongeon des prix du pétrole sur l’économie dans son ensemble. Le gouverneur de la banque centrale, Stephen Poloz a affirmé ces dernières semaines que ces mesures semblaient avoir fait leur travail.

Même si l’inflation reste bien en deçà de la cible de 2% de la banque centrale, M. Poloz a rappelé récemment, dans un entretien avec un journal allemand, qu’il y avait toujours un décalage assez important entre le moment où l’économie se rapprochai­t de son plein potentiel et le moment où cela faisait grimper l’inflation. Conséquemm­ent, si la banque centrale ne faisait que surveiller l’inflation et y réagir, elle n’aurait jamais atteint sa cible à ce sujet et aurait toujours un retard de deux ans dans ses décisions.

La Banque du Canada doit plutôt se fier à d’autres indicateur­s dans les modèles qui prédisent l’inflation.

Même si la plupart des analystes s’attendent à une hausse d’un quart de point de pourcentag­e mercredi – la première hausse depuis que la banque a fait passer son taux directeur de 0,75% à 1,00% en septembre 2010 – les prévisions ne sont pas unanimes.

Dans une note de recherche, la Banque TD a estimé que la décision serait «très serrée», mais que la Banque du Canada devrait passer son tour pour l’instant puisque les conditions économique­s ne sont pas encore conformes à ses projection­s.

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