Festival Acadie Love de Caraquet: «On trempe l’orteil dans une piscine»
Les rassemblements et autres festivals ne manquent pas dans la Péninsule acadienne, en été. Il faudra désormais compter avec un nouvel événement. Jeudi soir, à Caraquet, s’ouvre le 1er Rendez-vous de la fierté Acadie Love. Et il est voué à se répéter.
«On se donne trois ans pour l’installer. On y pensait depuis deux ans au moins. La population est prête, c’est le moment», déclare Claude L’Espérance.
Le président du comité organisateur reconnaît qu’il y a quelques années, cela n’aurait pas été possible de mettre ainsi en avant l’homosexualité.
«Les temps ont changé. On sent une ouverture mondiale. Au Canada, à voir notre premier ministre qui se montre ouvert sur ces questions, ça aide.»
Alors qu’il n’était pas encore élu à la tête du gouvernement, Justin Trudeau participait déjà aux défilés de fierté de Toronto, Montréal et de Vancouver. C’est toujours le cas.
Jusqu’à dimanche, Caraquet se drape aux couleurs de l’arc-en-ciel, symbole de la communauté gaie. Conférences, spectacles, expositions et films sont au programme. Toutes ces activités culturelles et éducatives ont pour but de souligner la diversité sexuelle et de genres.
«Nous avons volontairement mis au point une programmation à la fois festive et sérieuse. Nous pensons avoir trouvé le bon équilibre. Des gens sont encore mal à l’aise avec l’homosexualité. Nous voulons briser les tabous.»
Les organisateurs du rendez-vous savent combien le sujet peut être sensible. Ils se demandaient comment la population allait accueillir leur manifestation. L’annonce officielle de l’événement a fait office de test.
Christian Blanchard, de Caraquet, salue l’initiative.
«C’est un bel effort. On trempe l’orteil dans une piscine», considère-t-il.
En tant que jeune homosexuel, il soutient l’événement. Il a acheté un billet pour les deux spectacles de Mado, vendredi et samedi soir, au Carrefour de la mer.
«Je vais sans doute aussi assister à une ou deux conférences.»
Mado est une figure emblématique de la culture gaie et du divertissement de cabaret à Montréal. C’est la tête d’affiche du Rendezvous de la fierté de Caraquet. Avec sa présence, Claude L’Espérance a le sentiment d’avoir marqué le coup.
«On voulait faire sensation pour notre première. Mado ne se déplace pas facilement pour se produire sur scène.»
Le public en a conscience, visiblement. Les trois quarts des billets pour la prestation de vendredi sont vendus. Pour celle du lendemain, la moitié des billets a trouvé preneurs.
«On a bon espoir d’afficher complet, jeudi, pour notre soirée d’ouverture (un piano-bar chantant animé par Sandra Le Couteur, Isabelle Thériault et le sénateur René Cormier). Les spectacles de Mado seront remplis. Jusqu’à présent, on est satisfait.»
«Nous gardions à l’esprit que la réaction pouvait être défavorable, voire violente. D’emblée, les gens ont manifesté une saine curiosité. Les retours sont positifs. Ça nous encourage», poursuit Claude L’Espérance.