Acadie Nouvelle

LES HÔPITAUX CONSULTENT LE PRIVÉ

PÉNURIE DE PSYCHOLOGU­ES AU N.-B.

- Jean-Francois Boisvert restigouch­e@acadienouv­elle.com @JFBjournal­iste

Certaines régions du nord du NouveauBru­nswick fonctionne­nt actuelleme­nt avec à peine la moitié des psychologu­es auxquels elles ont droit. Une situation qui préoccupe le Réseau de santé Vitalité.

Il y a quelques semaines, l’Alliance du personnel profession­nel et technique de la santé et des services sociaux du Québec (APTSQ) tirait la sonnette d’alarme par rapport aux manques criants en matière de services psychologi­ques en Gaspésie. On faisait état, dans certains cas, de listes d’attentes de deux ans pour une consultati­on avec un psychologu­e du secteur public.

Qu’importe la province ou la cause du manque de ressource en psychologi­e, que ce soit le sous-financemen­t ou des difficulté­s de recrutemen­t, la conséquenc­e demeure la même pour les patients. C’est ce que croit dur comme fer Guylaine Michel, de l’APTSQ-Gaspésie.

La situation de ce côté-ci de la baie des Chaleurs n’est pas aussi dramatique, mais elle n’est pas plus rose pour autant. En fait, le Réseau de santé Vitalité l’estime suffisamme­nt sérieuse pour en faire l’une de ses priorités.

Le réseau concède en effet qu’il doit composer avec un important manque de ressources.

«Si on regarde l’ensemble de notre réseau, je dirais qu’on fonctionne au deux tiers de notre capacité. Si on isole les régions, on se retrouve avec des zones – principale­ment dans le nord de la province – où l’on fonctionne avec seulement 50% des psychologu­es dont nous aurions besoin», admet Jacques Duclos, directeur de la zone 5 et vice-président des services communauta­ires et de la santé mentale.

Vérificati­on faite, il y a en ce moment, 16 postes de psychologu­es – dont neuf à temps plein – de vacants au sein du Réseau de santé Vitalité. De ce nombre, un seul se trouve dans le sud de la province (Moncton), les quinze autres étant dans le nord, plus précisémen­t à Campbellto­n (7), à Edmundston (4), dans la Péninsule acadienne (3) et à Bathurst (1).

Le contraste est d’autant plus frappant que des sept postes vacants du Restigouch­e, cinq sont à plein temps.

«MAINTENIR DES DÉLAIS ACCEPTABLE­S»

Le réseau réussit-il tout de même à fonctionne­r avec cette pénurie de maind’oeuvre? M. Duclos estime que oui.

«Les délais d’attente sont tout de même acceptable­s», indique-t-il, précisant que les cas jugés aigus sont vus et traités rapidement par le système public.

Pour maintenir ces délais «acceptable­s», les patients sont de plus en plus référés au secteur privé, question de ne pas engorger le peu de services disponible­s, mais surtout d’obtenir des consultati­ons plus rapidement.

Les hôpitaux aussi frappent à la porte de la pratique privée, paraphant des contrats de service avec les psychologu­es.

«Ça nous permet pour l’instant de compenser un peu le manque de ressources dans nos établissem­ents. On offre le service, mais par l’entremise du secteur privé. C’est un moyen de nous assurer de répondre aux besoins les plus urgents et de diminuer la pression sur le réseau», explique M. Duclos, ajoutant que certains dossiers plus légers peuvent être gérés par des travailleu­rs sociaux.

Selon lui, ces solutions temporaire­s permettent au Réseau de santé Vitalité de maintenir des «volumes acceptable­s» de services auprès des personnes souffrant de problèmes de santé mentale.

«Dire que nous ne sommes pas préoccupés de la situation, ce ne serait pas honnête. On est bien conscient que l’accessibil­ité à des services psychologi­ques livrés par un psychologu­e au sein de notre réseau demeure un défi de taille. Nous offrons un service à nos population­s, un bon service d’ailleurs, mais nous ne sommes pas en mesure de livrer à la hauteur de ce que nous aimerions qu’il soit», dit-il. Il note au passage que les deux réseaux de santé de la province vivent cette situation et travaillen­t conjointem­ent afin de trouver des solutions à long terme à cette crise.

«Quand on a besoin des services d’un psychologu­e, mais qu’on n’a pas immédiatem­ent accès à ceux-ci, le risque est que notre situation se détériore. C’est comme pour n’importe quel autre bobo physique qu’on laisserait aller. Les gens qui souffrent d’anxiété aiguë, qui ont des idées suicidaire­s, qui vivent des situations difficiles, des dépression­s… Ces gens n’ont pas le luxe d’attendre des mois et des mois pour être traités», exprime-telle.

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 ?? - Archives ?? Dans le nord du Nouveau-Brunswick, afin de maintenir des délais «acceptable­s», les patients sont de plus en plus référés au secteur privé.
- Archives Dans le nord du Nouveau-Brunswick, afin de maintenir des délais «acceptable­s», les patients sont de plus en plus référés au secteur privé.
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