L’Allemagne durcit le ton sur la vague de répression turque
L’Allemagne invite ses citoyens qui voyageront vers la Turquie à faire preuve de grande prudence dans la foulée de l’emprisonnement de défenseurs des droits de la personne par le régime de Recep Tayyip Erdogan.
Le ministère allemand des Affaires étrangères soutient que «tout citoyen allemand en Turquie» pourrait subir le même sort que le militant Peter Steudtner, qui serait soupçonné d’appuyer un groupe terroriste armé.
Le ministre Sigmar Gabriel estime que la détention provisoire de M. Steudtner et de cinq autres défenseurs des droits de la personne, dont la directrice nationale d’Amnistie internationale, démontre que le temps de faire preuve de retenue dans les rapports diplomatiques avec Ankara est révolu.
Mercredi, Berlin avait réclamé la remise en liberté immédiate de M. Steudtner – une demande que le gouvernement turc a qualifiée d’une tentative «inacceptable» de s’ingérer dans son système judiciaire.
MENACE DE SANCTIONS
Le ministre Sigmar Gabriel a ajouté jeudi qu’il ne voyait pas comment l’Allemagne pourrait continuer d’offrir des garanties pour les investissements de ses entreprises en sol turc face à la menace «d’expropriations arbitraires pour des raisons politiques».
Il a ajouté que Berlin s’entretiendrait avec les autres pays membres de l’Union européenne sur l’avenir des fonds de préadhésion que touche la Turquie – dont les pourparlers pour rejoindre l’UE sont toutefois stagnants.
Les autorités allemandes signalent que depuis le putsch raté de juillet dernier contre le gouvernement d’Erdogan, 22 citoyens allemands ont été arrêtés et neuf d’entre eux demeurent à ce jour derrière les barreaux.
La vague de répression enclenchée après cette tentative de coup d’État a mené à un total de 50 000 arrestations et de 110 000 licenciements de fonctionnaires. Le régime turc dit mener cette purge contre des terroristes et des traîtres.