JACKIE VAUTOUR DEMANDE UN COUP DE MAIN
Une campagne de sociofinancement, ayant comme objectif d’amasser 170 000$, est lancée afin de soutenir la cause de Jackie Vautour devant la Cour suprême du Canada. «L’éternelle rebelle» tentera de convaincre le plus haut tribunal du pays de reconnaître les droits des Métis des Provinces maritimes.
Jackie Vautour se bat pour ses droits métis de chasse et de pêche depuis près de 20 ans devant les tribunaux du NouveauBrunswick. Au cours des prochaines semaines, il tentera de rallier ses sympathisants à l’appuyer financièrement alors que sa lutte se déplace à Ottawa.
L’homme âgé de 88 ans interjettera appel devant la Cour suprême du Canada au début août. Il conteste la décision de la Cour d’appel du Nouveau-Brunswick, qui a refusé d’entendre sa cause en mai.
L’avocat de M. Vautour, Michael Swinwood, avance que le test Powley - utilisé par les tribunaux au Canada afin de déterminer s’il y a droit Métis - ne tient pas compte de la réalité du NouveauBrunswick. Il croit que l’adoption d’un nouvel arrêté s’impose.
«La décision Powley a l’effet d’une camisole de force par rapport à l’affirmation des droits métis. L’un des critères est la capacité d’établir qu’il y avait une communauté exclusive métisse, et qu’on peut démontrer son existence. Cela est plutôt difficile quand le gouvernement est responsable d’un génocide. C’est plutôt difficile quand le gouvernement est celui qui les déplace.»
Me Swinwood avance que l’élimination de la communauté métisse à Kouchibouguac remonte au Grand dérangement de 1755. Il ajoute qu’une peur de s’identifier comme Métis s’est propagée dans la région au XXe siècle.
Il espère que la cause de M. Vautour recevra l’appui de tous ceux qui s’identifient comme Métis au Canada atlantique. Sur le site web de sociofinancement (gofundme. com/jackie-vgenocide), on souligne que plusieurs individus ont une carte métisse de diverses associations, mais ils «ne possèdent aucun droit».
«C’est une cause qui touche tous les Métis de l’est du Canada. Ils ont tous des cartes métisses, mais il n’y a rien qui se passe. Ça tourne en rond. La meilleure place de régler ça, c’est à la Cour suprême du Canada. Une fois que c’est réglé là, ça va ouvrir la porte pour tous les Métis», affirme Edmond Vautour, fils de Jackie.
UN AUTRE 500$ PAR FAMILLE POUR LA CAUSE DES EXPROPRIÉS
En avril 2015, Ensemble pour la justice a lancé une collecte de fonds majeure afin d’entamer un processus légal avec les familles expropriées de Kouchibouguac devant la Cour fédérale. Le groupe d’Edmond Vautour avait demandé aux familles souhaitant participer à la cause de donner 1000$ chacune afin de couvrir les frais de justice du procès, indépendant de celui sur la chasse et la pêche de Jackie Vautour. Les expropriés ont répondu à l’appel, et plus de 140 000$ ont été ramassés.
Cet été, le groupe lance une deuxième campagne de financement. Il demandera à chaque famille de payer 500$ additionnels afin de continuer les démarches juridiques.
«Il y en a toujours qui vont chialer. Il y a des familles qui nous appellent et disent qu’ils ne vont pas payer, mais ce n’est pas ma responsabilité de prendre une décision pour ces familles-là. Il y en a plusieurs qui disent que ceux qui ne paient pas, on ne veut plus les avoir là. Tu ne peux pas arriver à trois quarts du chemin et dire “moi je ne paie plus rien, mais vous autres payez et je vais suivre pareil”», mentionne Edmond Vautour.
En décembre 2015, les familles expropriées ont déposé une action en justice contre le gouvernement fédéral et Parcs Canada. Elles allèguent que l’expropriation des années 1970 était illégale en raison de ses titres ancestraux métis.
Le processus s’est heurté contre un obstacle en novembre 2016 quand le chef de bande d’Elsipogtog, Arren Sock, a réclamé des titres ancestraux sur un territoire comprenant le parc Kouchibouguac devant la Cour du Banc de la Reine du NouveauBrunswick.
Afin de permettre à la cour de déterminer qui est le représentant légitime des Micmacs dans la région, les expropriés ont transféré leur dossier de la Cour fédérale à la Cour du Banc de la Reine.
En début juillet, le Procureur général du Canada a déposé un avis d’intention de présenter une défense. Les prochaines étapes du procès doivent avoir lieu au cours des prochaines semaines.