Acadie Nouvelle

L’Acadie québécoise: Bécancour mise sur son patrimoine historique

- restigouch­e@acadienouv­elle.com @JFBjournal­iste

On le sait, mais on a tendance à l’oublier, l’Acadie ne se limite pas qu’aux provinces des Maritimes. Au Québec par exemple, de nombreuses communauté­s ont été fondées ou encore largement peuplées par des descendant­s acadiens. Aujourd’hui, leurs descendant­s célèbrent leur fierté québécoise et acadienne. Car oui, il est permis d’être fiers des deux à la fois!

Pour des raisons de proximités géographiq­ues, on sait que plusieurs communauté­s gaspésienn­es – comme Carleton et Bonaventur­e – ont de profondes racines acadiennes. Mais c’est aussi le cas beaucoup plus à l’ouest.

Si on regarde dans le bottin téléphoniq­ue de Bécancour, par exemple, on y trouvera de nombreux patronymes à consonance familière. Idem pour le nom des rues de l’endroit (boul. des Acadiens, avenues Cormier, Landry, Arsenault, Bourque, etc.). Dans cette ville voisine de Trois-Rivières, le drapeau acadien flotte au mât de plusieurs résidences ainsi qu’à celui du bureau d’informatio­ns touristiqu­es. On y retrouve même un musée sur l’histoire acadienne.

En somme, l’Acadie est définitive­ment bien présente dans cette localité située au Centre-du-Québec. Et pour cause, puisque ce sont des Acadiens qui l’ont fondée, plus précisémen­t quelque 300 familles déportées de Beaubassin en 1755. Elles fondèrent plus tard ce qui deviendra SaintGrégo­ire, village fusionné depuis pour former Bécancour.

«On en retrouve bien entendu en Gaspésie, ici au Centre-du-Québec avec nous et Nicolet, mais également dans le coin de Joliette, à Saint-Jean-sur-le-Richelieu (L’Acadie), au Saguenay, et j’en passe. En fait, les statistiqu­es disent qu’un Québécois d’origine française sur deux aurait un ancêtre acadien quelque part dans son arbre généalogiq­ue. Ça fait donc beaucoup de racines acadiennes au Québec», dit-elle.

Selon Mme Coutu, les gens seraient surpris de la fierté acadienne qui émane de ces communauté­s québécoise­s.

«Dans notre coin, c’est très fort. Les couleurs acadiennes sont très présentes, tout comme la fierté des gens qui se considèren­t aussi bien Acadiens que Québécois», dit-elle.

La mise en valeur du patrimoine acadien est le créneau touristiqu­e de cette communauté. On retrouve dans l’ancien couvent de Saint-Grégoire un centre d’interpréta­tion sur l’histoire acadienne.

Trois autres monuments historique­s liés directemen­t à la colonisati­on acadienne peuvent également être visités (et sont dotés d’exposition permanente), soit l’église, l’ancien moulin à vent et la petite école de rang.

On retrouve également dans cette localité le premier monument de l’Odyssée acadienne installé au Québec (2011).

Si vous êtes dans le coin de Bécancour prochainem­ent, la Société acadienne Port-Royal organise les Retrouvail­les acadiennes les 12 et 13 août.

Une famille est annuelleme­nt mise en valeur. Cette année, il s’agit de la famille Hébert.

RAPPROCHEM­ENTS SOUHAITÉS

Mme Coutu est également présidente de la Coalition des organisati­ons acadiennes du Québec, un regroupeme­nt qui célèbre cette année son 10e anniversai­re. À l’image des Congrès mondiaux acadiens, l’organisme tient également, depuis 2012, un «Ralliement acadien provincial» aux quatre ans.

Le dernier a eu lieu l’année passée à Bonaventur­e. Le prochain se déroulera justement à Bécancour en 2020.

«Et tous les Acadiens du NouveauBru­nswick sont évidemment bienvenus à venir nous voir», indique-t-elle, une invitation qu’elle ne lance pas à la légère.

Car pour Mme Coutu, il y a assurément place à beaucoup de rapprochem­ents entre l’Acadie québécoise et ce qu’elle appelle l’Acadie territoria­le, soit l’Acadie des Maritimes.

«Étant au Québec, on ne vit pas la même réalité que nos cousins Acadiens d’ailleurs – notamment au niveau de la langue –, mais je crois qu’on a tout de même des choses à apporter, que l’on peut contribuer. On espère que ça va éventuelle­ment déboucher sur quelque chose, sur des partenaria­ts, des projets concrets», indique-t-elle.

Les Québécois aux racines acadiennes seraient-ils victimes d’un peu de snobisme de la part de leurs contrepart­ies des Maritimes?

«Québécoise d’origine acadienne, je me suis souvent fait dire que j’étais l’une ou l’autre, soit Québécoise ou Acadienne. Mais en somme, mes racines ne sont pas différente­s de celles d’un Acadien du NouveauBru­nswick. Les Juifs des États-Unis ne sont pas moins juifs que ceux qui vivent en Israël. L’identité de quelqu’un n’a pas de frontière. Elle est ancrée en elle», rappelle-t-elle.

Parmi les projets sur lequel travaille actuelleme­nt le RAP, on note entre autres la création d’une route acadienne, un circuit touristiqu­e thématique qui relierait les localités «acadiennes» du Québec.

Cette route pourrait d’ailleurs se relier au Nouveau-Brunswick.

«Il y a beaucoup de petites Acadie comme la nôtre ailleurs au Québec», explique Élizabeth Coutu, qui est directrice de la Société acadienne Port-Royal, un organisme destiné à mettre en valeur le riche passé acadien de Bécancour.

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L’église de Saint-Grégoire revêt ses couleurs acadiennes. - Gracieuset­é
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