Acadie Nouvelle

Le refuge de la SPCA de la Péninsule déborde

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La cruauté animale ne prend pas de vacances. Les abandons de chiens et de chats se multiplien­t en cette période estivale. Le refuge SPCA de la Péninsule acadienne, à Shippagan, est saturé.

«Nous avons présenteme­nt quatre chiens et une quarantain­e de chats», indique Linda Lanteigne, la coordonnat­rice du refuge. Tous les jours, le téléphone sonne. «On reçoit une douzaine d’appels en moyenne de gens qui veulent donner un chat.»

Comment expliquer une telle disparité entre les félins et les toutous?

«C’est le problème de la non-stérilisat­ion. Les chats se reproduise­nt beaucoup plus vite que les chiens. Résultat, il y en a plus», renseigne Nadine Ferron, membre du bureau exécutif de la SPCA de la Péninsule.

Stériliser un animal coûte cher, de 150$ à 500$. Une somme d’argent que des personnes à faibles revenus ne peuvent se permettre de dépenser.

«Et puis, les gens s’imaginent que les chats survivront plus facilement, qu’ils deviendron­t sauvages et chasseront les souris. Ils s’émeuvent moins de leur sort», poursuit Nadine Ferron. En parallèle, les adoptions se raréfient. «Les trois derniers mois ont été très, très calmes. On a peu de passage de visiteurs et quasiment pas de demandes», se désole Linda Lanteigne.

Nos deux interlocut­rices de la SPCA constatent que les dons d’animaux sur les réseaux sociaux se développen­t.

«Plutôt que d’aller choisir un animal dans un refuge, certaines personnes préfèrent s’en procurer un gratuiteme­nt sur Facebook. Ça nous fait du tort», admet la coordonnat­rice.

Le comporteme­nt de quelques individus révolte Mmes Ferron et Lanteigne. La semaine dernière, les bénévoles du refuge ont retrouvé dans l’enclos extérieur un chat avec une patte brisée.

«Il n’a pas pu s’y introduire tout seul. Quelqu’un l’a forcément jeté par-dessus les grilles pour s’en débarrasse­r.»

D’abord apeuré, le félin s’habitue peu à peu à son nouvel environnem­ent. Il y a fort à parier que d’ici peu, il se montrera aussi social et affectueux que Gaia, une chatte noire de trois ans. Elle a été accueillie au refuge l’année dernière et est toujours en attente d’un nouveau foyer.

«Quand Gaia est arrivée, peu de gens pouvaient l’approcher, se souvient Linda Lanteigne. Elle était agitée, avait peur des balais. Elle a dû être battue.»

Son état de nervosité était tel qu’on lui a administré des antidépres­seurs pendant trois à quatre semaines. Elle est aujourd’hui docile et toujours en demande de caresses.

Les abandons de chiens et de chats ne sont pas tous le fruit de la méchanceté d’êtres humains. Des personnes âgées se retrouvent contrainte­s de laisser leur compagnon à quatre pattes dès lors qu’elles ne peuvent plus s’en occuper ou qu’elles doivent déménager dans un foyer.

Les bénévoles du refuge à Shippagan sont aussi les témoins de belles histoires. Tout le monde ignore quelles ont été les premières années de Vedette, un croisé terrier noir, beige et blanc. A-t-il huit ou neuf ans? Personne ne le sait exactement.

Le chien est devenu célèbre – d’où son nom – à force d’errer dans Shippagan. Confié à la SPCA, il a rapidement attendri ses membres. Un portrait de lui est accroché au mur, dans la zone d’accueil.

«Peu de chiens nous ont marqués comme lui. Il était adorable», insiste Linda Lanteigne.

Elle en parle au passé, car l’animal a été adopté. Il fait depuis quatre ans le bonheur d’un jeune couple avec enfant de Caraquet.

«Nos animaux deviennent de bons animaux. On n’a pas de recette miracle. On leur donne juste de l’amour», confie Nadine Ferron.

 ??  ?? Actuelleme­nt, quarante chats environ attendent d’être adoptés, au refuge SPCA de la Péninsule. La situation devient critique. - Acadie Nouvelle: Vincent Pichard
Actuelleme­nt, quarante chats environ attendent d’être adoptés, au refuge SPCA de la Péninsule. La situation devient critique. - Acadie Nouvelle: Vincent Pichard
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