Pêche: autre plaidoyer pour le port obligatoire du gilet de sauvetage
Le 16 juin 2016, un naufrage a fait deux morts au large de Salmon Beach, près de Bathurst
Le Bureau de la sécurité des transports du Canada a publié son rapport, mercredi, sur l’accident de juin 2016 qui a coûté la vie à deux pêcheurs au large du quai Millerbrook, à Salmon Beach, près de Bathurst. Le BST recommande de modifier la loi du Nouveau-Brunswick pour imposer le gilet de sauvetage aux pêcheurs commerciaux.
Les événements remontent au 16 juin 2016. À seulement 240 mètres de la côte de Salmon Beach, une heure avant le lever du soleil, l’équipage s’affairait à remonter des casiers de homard lorsqu’un cordage s’est emmêlé avec celui d’un autre pêcheur, déstabilisant le bateau qui a alors été renversé par des vagues.
«Alors que tous les membres d’équipage travaillaient sur cette partie du bateau pour remonter le casier et démêler le filin, deux vagues se sont brisées sur le pont, ce qui a entraîné une accumulation de plus d’un pied d’eau dans le bateau», a expliqué Marc-André Poisson, directeur des enquêtes maritimes du BST.
«Immédiatement après que le capitaine ait donné l’ordre de libérer le cordage, une autre vague s’est brisée sur le côté du bateau et l’embarcation a chaviré.»
Les trois membres d’équipage ont été projetés à l’eau, mais aucun d’entre eux ne portait de gilet de sauvetage ou de vêtement de flottaison individuel (VFI).
Un seul pêcheur a réussi à se hisser sur la coque du bateau chaviré. Dans la noirceur, il a crié à l’aide jusqu’à ce qu’un autre bateau passe à proximité. «Il a été le seul survivant.» La noyade est la principale cause de décès dans le secteur de la pêche au pays.
Dans son rapport d’enquête publié mercredi, le BST souligne que «ce type de tragédie survient trop fréquemment dans le secteur de la pêche commerciale», où l’on dénombre en moyenne dix décès de pêcheurs par année.
Le Bureau rappelle que presque tous les autres secteurs sont régis par une réglementation provinciale en matière de santé et de sécurité au travail, mais que la pêche commerciale n’est pas toujours incluse dans cette réglementation et que «cette situation doit changer».
La Loi sur l’hygiène et la sécurité au travail du Nouveau-Brunswick n’exige pas que les pêcheurs commerciaux portent un VFI, contrairement au Québec.
L’organisme émet donc la même recommandation qu’il formule depuis 1999, c’est-à-dire d’exiger le port de VFI aux pêcheurs commerciaux pour aider à réduire le nombre de pertes de vie attribuable aux chutes par-dessus bord.
Les enquêteurs citent en exemple une tragédie survenue en septembre 2015 en Colombie-Britannique. Lors d’une sortie de pêche, un chalutier a coulé. Un seul des quatre membres de l’équipage a survécu. Il était aussi le seul à porter un gilet de sauvetage.
Le bureau fédéral d’enquête a fait la même recommandation et le gouvernement de la Colombie-Britannique a agi en modifiant sa loi pour exiger des pêcheurs commerciaux qu’ils portent un VFI lorsqu’ils sont sur le pont.
Le BST espère maintenant que le Nouveau-Brunswick collaborera aussi, comme l’a fait la Colombie-Britannique.
«Dans certaines régions du pays, notamment au Québec, à Terre-Neuve-etLabrador, en Nouvelle-Écosse et en Colombie-Britannique, cette collaboration existe déjà. Espérons que le NouveauBrunswick fera bientôt partie de ce groupe et qu’il travaillera en collaboration avec les intervenants du secteur de la pêche et Transport Canada pour trouver des méthodes d’exploitation plus sécuritaires», a avancé M. Poisson.
La loi fédérale exige le port d’un gilet de sauvetage pour la navigation, mais elle ne s’applique pas à l’industrie de la pêche commerciale. Cette responsabilité revient aux provinces et la loi est loin d’être uniforme partout au pays.
Le BST a donné 90 jours au gouvernement de Brian Gallant pour répondre au rapport et à ses recommandations. L’organisme fédéral indépendant n’a cependant qu’un pouvoir d’enquête. Il peut émettre des recommandations, mais n’est pas habilité à attribuer ni à déterminer les responsabilités civiles ou pénales.