Acadie Nouvelle

Femmes autochtone­s: il y a un «mouvement» pour démanteler l’enquête, selon Michèle Audette

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Au lendemain d’une éprouvante apparition devant les membres de l’Assemblée des Premières Nations (APN), Michèle Audette n’a pas l’intention de démissionn­er de son poste de commissair­e au sein de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtone­s disparues et assassinée­s. Mélanie Marquis

En entrevue avec La Presse canadienne sur son chemin du retour de Regina, jeudi, elle a dit avoir constaté qu’il s’organise en coulisses un mouvement «pour faire en sorte que l’enquête soit démantelée au complet» et qu’on «mette dehors les commissair­es» pour tout repartir à zéro.

Les personnes qui mènent la fronde souhaitent «que ce soient les membres des communauté­s touchées, les familles ou les survivante­s qui soient à la tête d’une nouvelle enquête», d’après la commissair­e Audette.

À quatre reprises, mercredi, à Regina, la démission pure et simple des commissair­es a été réclamée. Ces requêtes, comme les critiques qui ont été formulées à l’endroit de l’enquête, ont été «rough» à encaisser, a reconnu Michèle Audette à l’autre bout du fil depuis Toronto.

«Il s’est dressé un mur à un moment donné face à nous», a-t-elle laissé tomber en relatant les événements de la veille, assurant néanmoins qu’elle écoute «attentivem­ent» les doléances d’«un certain groupe qui est important dans l’échiquier» et qui amène de «bons points».

Par contre, la Québécoise n’a pas l’intention de capituler «pour le moment», et d’abandonner cette enquête qui vit certes des difficulté­s «au niveau de la transparen­ce, au niveau de la communicat­ion, de comment on gouverne», mais qu’elle trouve encore «belle et légitime».

On s’attend à ce que «probableme­nt deux résolution­s» sur l’enquête soient déposées jeudi après-midi sur le plancher du congrès, selon ce qu’a indiqué Alain Garon, porteparol­e de l’APN.

Selon le réseau CBC, une résolution émane de plusieurs chefs du Manitoba, et si elle était adoptée, les dirigeants de l’APN se verraient dans l’obligation de réclamer le remplaceme­nt des quatre commissair­es toujours en poste auprès du premier ministre Justin Trudeau.

Plusieurs membres des familles des victimes ont livré des messages empreints de frustratio­n, mercredi, lorsque la commissair­e Audette et son collègue Brian Eyolfson sont venus expliquer le processus d’enquête.

Gerri Pangman, dont la soeur et la tante ont été tuées dans des événements distincts, a dit que la commission était vouée à l’échec, car elle n’a pas le pouvoir de contraindr­e les forces policières à rouvrir des enquêtes dont les conclusion­s sont contestées par les familles.

«Pour cette enquête nationale, dans les termes de référence, le fait d’écarter la police, c’est un échec et un déshonneur pour ma soeur», a-t-elle lancé.

La commissair­e Audette répond à cela que «le mot police n’est pas écrit noir sur blanc dans le décret», mais que «la police, comme le bureau du coroner» et des représenta­nts de la sécurité publique ou du système de justice, «vont être invités à nos audiences».

«On va avoir examiné et analysé comment ils ont fait leur travail sur le terrain, comment ils ont enquêté, comment ils ont traité le dossier. Et on va faire les comparaiso­ns avec (les cas de femmes canadienne­s non autochtone­s) pour savoir si le traitement a été le même.»

La commission a jusqu’au 1er novembre 2018 pour fournir son rapport final et dispose d’un budget de 53,8 millions $. La commissair­e en chef, Marion Buller, a déjà signalé que cette somme ne serait pas suffisante, mais aucune demande formelle n’a encore été envoyée au fédéral.

Plusieurs démissions sont survenues au sein de la commission, la plus récente étant celle de la commissair­e Marilyn Poitras. Dans une lettre adressée à Justin Trudeau, elle écrivait qu’elle se sentait incapable de mener à bien son mandat selon les paramètres fixés par le gouverneme­nt.

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Michèle Audette

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