Acadie Nouvelle

Des passagers coincés six heures sur le tarmac

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Des passagers d’un vol d’Air Transat qui arrivait de Belgique ont été ensuite coincés dans l’appareil pendant près de six heures, lundi soir, sur une piste de l’aéroport internatio­nal d’Ottawa, et les deux acteurs dans cette mésaventur­e se renvoyaien­t la balle, mardi.

L’avion, un Airbus A330 en provenance de Bruxelles, devait se poser à l’Aéroport internatio­nal Pierre-Elliott-Trudeau, à Montréal, en milieu d’après-midi, mais les 336 passagers ont été informés que ce n’était pas possible à cause des orages violents qui s’abattaient dans la région. Le commandant de l’appareil a donc dirigé celui-ci vers l’aéroport d’Ottawa.

En entrevue à La Presse canadienne, une passagère, Maryanne Zéhil, a affirmé que pendant près de six heures, les passagers n’ont pas été en mesure de descendre de l’avion à Ottawa. L’appareil est finalement reparti vers Montréal à 23h.

«On est restés cloués au sol pendant six heures. Les portes étaient fermées. À un moment donné, il n’y avait plus de courant. Il n’y avait pas d’air. Les enfants pleuraient. On était vraiment très, très mal — et on le vivait aussi très mal parce qu’on ne comprenait pas pourquoi on ne nous descendait pas pour régler le problème», racontait Mme Zéhil au bout du fil, lundi soir. «C’était inhumain et inacceptab­le.»

Mme Zéhil rapporte qu’un passager a composé le 9-1-1, ce qui a amené pompiers et services d’urgence vers l’appareil. On a alors ouvert les portes pour aérer l’avion et on a procédé, notamment, à une distributi­on de bouteilles d’eau.

ON SE RETOURNE LE BLÂME

Alors que les passagers coincés la veille imitaient Mme Zéhil mardi et racontaien­t leur expérience frustrante à tous les médias, Air Transat diffusait sur son site internet une déclaratio­n pour s’expliquer, sans toutefois s’excuser, et en rejetant la responsabi­lité sur l’administra­tion de l’aéroport.

«Le personnel de l’aéroport d’Ottawa n’a pas été en mesure de nous fournir des passerelle­s ou des escaliers qui auraient permis à nos passagers de quitter nos appareils pris au sol, et à l’appareil en provenance de Bruxelles d’être ravitaillé en eau potable, celle-ci étant épuisée à la fin du vol», a soutenu le transporte­ur.

Des allégation­s qu’a niées l’aéroport, mardi après-midi.

«Nous avions une porte disponible et des escaliers escamotabl­es prêts dans le cas où la compagnie aérienne aurait décidé de faire débarquer les passagers», a-t-on soutenu.

«Nous avions également des autobus sur le tarmac prêts à transporte­r les passagers vers l’aérogare, qui ont été achetés spécifique­ment pour être utilisés dans ce genre de situation.»

Or, «ni le service de manutentio­n de la ligne aérienne au sol ni la compagnie aérienne n’ont fait demande de ces services lors de cet événement», soutient l’administra­tion de l’aéroport.

Air Transat attribue également à l’aéroport d’Ottawa la lenteur du ravitaille­ment de son appareil en carburant, «qui explique aussi l’absence de climatisat­ion à bord pendant un certain moment». L’Administra­tion de l’aéroport réplique qu’une fois dans l’appareil, après les appels logés au 9-1-1, son personnel «a pris les dispositio­ns nécessaire­s pour que des bouteilles d’eau soient livrées à l’avion et distribuée­s (...) Nous avons également proposé de fournir des ventilateu­rs pour aider à refroidir l’avion. Nos employés ont aussi suggéré à l’équipage d’ouvrir toutes les portes de l’avion afin de faire circuler de l’air frais.» «Bien que la responsabi­lité de décider si un vol est débarqué et traité par les douanes canadienne­s dépende entièremen­t de la compagnie aérienne, l’Aéroport d’Ottawa dispose d’un programme de service à la clientèle complet qui est prêt à être déployé au besoin (...) Nos employés ont essayé de contacter l’équipage à plusieurs reprises à travers leur service de manutentio­n afin de proposer de l’aide supplément­aire, mais nous n’avons reçu aucune réponse de l’équipage concernant l’aide que nous offrions.»

DEMANDER DES COMPTES

La déclaratio­n d’Air Transat ne se termine pas par des excuses à ses clients. «Nous sommes sincèremen­t désolés des inconvénie­nts que cette situation hors de notre contrôle a pu causer à nos passagers», s’est-on contenté de déclarer.

Mme Zéhil, elle, entend bien demander des excuses, mais aussi des comptes à la compagnie, dès qu’elle sera remise de ses émotions.

Au bureau du ministre fédéral des Transports, on assure que cette situation ne pourra plus se produire une fois qu’un projet de loi déposé au printemps par Marc Garneau sera adopté.

Le projet de loi C-49 obligera les compagnies aériennes, après trois heures d’immobilité sur le tarmac, à fournir aux passagers eau, nourriture et la possibilit­é de débarquer de l’appareil, si cela est sécuritair­e. Le projet de loi exigera également que les compagnies aériennes expliquent aux passagers les causes d’un retard. Les députés membres du comité permanent des transports ont prévu se réunir début septembre, avant la reprise des travaux parlementa­ires, afin d’étudier C-49 et d’en accélérer l’adoption.

«Lorsque les voyageurs achètent un billet d’avion, ils s’attendent avec raison à ce que la compagnie aérienne respecte ses engagement­s. Quand elle ne le fait pas, les voyageurs devraient connaître leurs droits et bénéficier d’une indemnité claire, transparen­te et exécutoire. De plus, certaines normes minimales de traitement devraient être établies», a déclaré Karen McCrimmon, secrétaire parlementa­ire du ministre Garneau, dans un communiqué transmis mardi après-midi.

L’administra­tion de l’aéroport internatio­nal d’Ottawa se dit «déçue du manque de transparen­ce et de prise de responsabi­lité d’Air Transat au sujet de ses vols détournés». «Nous sommes plusieurs à avoir pris la décision que Air Transat, plus jamais!», a-t-elle lancé, en fin d’entrevue.

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Un avion d’Air Transat est resté immobile pendant six heures à l’aéroport d’Ottawa. - Archives

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