Acadie Nouvelle

Crise au Venezuela: les États-Unis imposent des sanctions au président Maduro

- Michael Weissenste­in Associated Press

Au lendemain du vote controvers­é sur la création d’une assemblée constituan­te au Venezuela, les États-Unis ont ajouté le président Nicolas Maduro à la liste croissante de hauts responsabl­es vénézuélie­ns touchés par des sanctions financière­s.

Pour l’instant, l’administra­tion Trump n’a pas mis à exécution sa menace de sanctions contre le secteur pétrolier du Venezuela - un geste qui fragiliser­ait encore plus le gouverneme­nt de M. Maduro, mais qui pourrait faire grimper les prix de l’essence aux États-Unis et accroître la crise humanitair­e au Venezuela.

L’impact financier des nouvelles sanctions imposées par Washington demeure incertain puisque les actifs de M. Maduro dans les territoire­s contrôlés par les États Unis, s’il en a, n’ont pas été rendus publics. Néanmoins, le fait d’imposer des sanctions contre un chef d’État est rare et peut être symbolique­ment puissant, en amenant d’autres pays à suivre dans la même voie punitive contre un tel dirigeant.

M. Maduro a déclaré lundi soir qu’il n’a aucunement l’intention de dévier de son plan de réécrire la Constituti­on et de s’en prendre à une série d’ennemis, que ce soit des médias indépendan­ts au Venezuela ou des hommes armés envoyés selon lui par la Colombie pour perturber le vote dans le cadre d’un complot internatio­nal dirigé par l’«Empereur Donald Trump» - selon les termes qu’il a employés.

«Les menaces et les sanctions de l’empire ne m’intimident pas du tout», a dit le président du Venezuela à la télévision nationale.

Plus de huit millions d’électeurs vénézuélie­ns auraient approuvé dimanche la création d’une assemblée constituan­te chargée de remanier les lois et les institutio­ns du pays, accordant au président Maduro et à son gouverneme­nt des pouvoirs quasi illimités alors que le pays continue de s’enfoncer dans une crise socioécono­mique.

Des observateu­rs et des membres de l’opposition estiment toutefois que la participat­ion réelle a été deux fois moins importante et ont tourné l’annonce officielle en dérision.

Plusieurs pays, dont le Canada, les États-Unis et le Mexique, ont déjà annoncé qu’ils ne reconnaiss­aient pas la légitimité du scrutin.

Selon la commission électorale nationale, le taux de participat­ion s’est établi à 41,53 pour cent, soit un peu plus de huit millions de personnes.

L’opposition croit plutôt qu’entre deux et trois millions de personnes ont voté, et des analystes externes crédibles évoquent plutôt la participat­ion de 3,6 millions de personnes.

APPEL AUX MANIFESTAT­IONS

Le chef de l’opposition Henrique Capriles, gouverneur de l’État central de Miranda, a demandé aux Vénézuélie­ns de descendre dans les rues lundi. Le président Maduro a déjà annoncé qu’il utiliserai­t les pouvoirs de l’assemblée constituan­te pour empêcher l’opposition de briguer les postes de gouverneur­s en décembre si elle refuse de négocier avec son parti pour mettre fin aux hostilités qui ont fait au moins 125 morts et près de 2000 blessés depuis quatre mois.

De nouveaux affronteme­nts entre policiers et manifestan­ts ont fait au moins dix morts, dimanche. Sept policiers ont été blessés par une explosion qui s’est produite en pleine rue, dans un quartier contrôlé par l’opposition dans l’est de Caracas.

Un sondage mené dans 110 bureaux de vote par la banque d’affaires new-yorkaise Torino Capital et un sondeur vénézuélie­n estime que 3,6 millions de personnes ont voté, soit un taux de participat­ion de seulement 18,5 pour cent. Le même sondage rappelle que le gouverneme­nt vénézuélie­n compte environ 2,6 millions de fonctionna­ires, «ce qui permet de croire qu’une large portion des votes n’était peut-être pas volontaire».

L’assemblée constituan­te de 545 membres aura pour mission de réécrire la Constituti­on du pays. Ses pouvoirs seront supérieurs à ceux de n’importe quelle autre institutio­n, y compris l’Assemblée nationale contrôlée par l’opposition.

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Des Vénézuélie­ns manifesten­t contre le président Nicolas Maduro. - Associated Press: Ariana Cubillos

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