Crise au Venezuela: les États-Unis imposent des sanctions au président Maduro
Au lendemain du vote controversé sur la création d’une assemblée constituante au Venezuela, les États-Unis ont ajouté le président Nicolas Maduro à la liste croissante de hauts responsables vénézuéliens touchés par des sanctions financières.
Pour l’instant, l’administration Trump n’a pas mis à exécution sa menace de sanctions contre le secteur pétrolier du Venezuela - un geste qui fragiliserait encore plus le gouvernement de M. Maduro, mais qui pourrait faire grimper les prix de l’essence aux États-Unis et accroître la crise humanitaire au Venezuela.
L’impact financier des nouvelles sanctions imposées par Washington demeure incertain puisque les actifs de M. Maduro dans les territoires contrôlés par les États Unis, s’il en a, n’ont pas été rendus publics. Néanmoins, le fait d’imposer des sanctions contre un chef d’État est rare et peut être symboliquement puissant, en amenant d’autres pays à suivre dans la même voie punitive contre un tel dirigeant.
M. Maduro a déclaré lundi soir qu’il n’a aucunement l’intention de dévier de son plan de réécrire la Constitution et de s’en prendre à une série d’ennemis, que ce soit des médias indépendants au Venezuela ou des hommes armés envoyés selon lui par la Colombie pour perturber le vote dans le cadre d’un complot international dirigé par l’«Empereur Donald Trump» - selon les termes qu’il a employés.
«Les menaces et les sanctions de l’empire ne m’intimident pas du tout», a dit le président du Venezuela à la télévision nationale.
Plus de huit millions d’électeurs vénézuéliens auraient approuvé dimanche la création d’une assemblée constituante chargée de remanier les lois et les institutions du pays, accordant au président Maduro et à son gouvernement des pouvoirs quasi illimités alors que le pays continue de s’enfoncer dans une crise socioéconomique.
Des observateurs et des membres de l’opposition estiment toutefois que la participation réelle a été deux fois moins importante et ont tourné l’annonce officielle en dérision.
Plusieurs pays, dont le Canada, les États-Unis et le Mexique, ont déjà annoncé qu’ils ne reconnaissaient pas la légitimité du scrutin.
Selon la commission électorale nationale, le taux de participation s’est établi à 41,53 pour cent, soit un peu plus de huit millions de personnes.
L’opposition croit plutôt qu’entre deux et trois millions de personnes ont voté, et des analystes externes crédibles évoquent plutôt la participation de 3,6 millions de personnes.
APPEL AUX MANIFESTATIONS
Le chef de l’opposition Henrique Capriles, gouverneur de l’État central de Miranda, a demandé aux Vénézuéliens de descendre dans les rues lundi. Le président Maduro a déjà annoncé qu’il utiliserait les pouvoirs de l’assemblée constituante pour empêcher l’opposition de briguer les postes de gouverneurs en décembre si elle refuse de négocier avec son parti pour mettre fin aux hostilités qui ont fait au moins 125 morts et près de 2000 blessés depuis quatre mois.
De nouveaux affrontements entre policiers et manifestants ont fait au moins dix morts, dimanche. Sept policiers ont été blessés par une explosion qui s’est produite en pleine rue, dans un quartier contrôlé par l’opposition dans l’est de Caracas.
Un sondage mené dans 110 bureaux de vote par la banque d’affaires new-yorkaise Torino Capital et un sondeur vénézuélien estime que 3,6 millions de personnes ont voté, soit un taux de participation de seulement 18,5 pour cent. Le même sondage rappelle que le gouvernement vénézuélien compte environ 2,6 millions de fonctionnaires, «ce qui permet de croire qu’une large portion des votes n’était peut-être pas volontaire».
L’assemblée constituante de 545 membres aura pour mission de réécrire la Constitution du pays. Ses pouvoirs seront supérieurs à ceux de n’importe quelle autre institution, y compris l’Assemblée nationale contrôlée par l’opposition.