Acadie Nouvelle

À quand une mobilisati­on contre le bruit excessif?

- Louis-Philippe Nault Saint-Jacques (Edmundston)

Nous vivons plus ou moins en campagne, n’en déplaise à certains de nos dirigeants qui semblent penser que nous habitons une grande ville. S’ajoute à ceci le fait que notre région est un peu au nord, ce qui explique qu’on doive vivre à l’intérieur de nos maisons plus de sept mois par année. Quand le printemps et l’été (plus particuliè­rement) arrivent, je présume que nous sommes tous bien heureux de vouloir profiter de l’extérieur, et entendre des bruits de campagne, dont un peu de «silence».

Mais en est-il ainsi? D’une part, il y a ces petites motos plutôt bruyantes que certains jeunes prennent sans doute un grand plaisir à conduire. Une seule de celles-ci peut cependant rendre plusieurs concitoyen­s presque dingues. Il y a aussi toutes les autres. S’ajoutent à ce concert les camions de plus en plus nombreux et volumineux. Si je me limite à une seule catégorie, soit les trains routiers qui circulent sur la transcanad­ienne. Selon mes informatio­ns, ils sont environ 2000 certains jours de semaine à traverser notre belle vallée du Madawaska. Plusieurs sont même munis d’une trentaine de pneus. Si vous faites le calcul, c’est parfois des centaines de ces pneus que nous pouvons entendre. À quoi doit-on s’attendre?

Un des avantages à vivre dans un milieu à faible densité humaine devrait être de pouvoir être tranquille et de jouir d’une certaine quiétude. Bref, ne pas avoir à subir tout ce vacarme. Ce bruit constant est d’autant plus probable lorsque ces voies de circulatio­n rapides sont construite­s non seulement à proximité des citoyens, dans une vallée, mais en plus en hauteur, ce qui favorise la propagatio­n du bruit et rend la constructi­on de murs de réduction du bruit pratiqueme­nt impossible. La question la plus fondamenta­le est évidemment la suivante: maintenant que nous sommes prisonnier­s de ces infrastruc­tures mal conçues il y a quelques décennies, que peut-on y faire? S’adapter? Garder nos fenêtres fermées jour et nuit et rester à l’intérieur? Se munir de bouchons ou d’écouteurs à réduction du bruit si on se risque à l’extérieur? Ou encore déménager au plus profond des bois?

Pour revenir à la question de la conception, vous avez sûrement remarqué qu’à Moncton, à Fredericto­n, et même chez nos voisins tout à côté, au Témiscouat­a, les méthodes de constructi­on de ces voies rapides sont bien différente­s afin, je pense bien, de limiter les bruits (murs de réduction du bruit pour ces derniers et routes plus éloignées des zones habitées chez nos voisins plus à l’est).

Quant à nos options, autres que celles soulevées plus haut, elles me semblent plutôt restreinte­s. Mais il y en a une, à mon humble avis, pas si compliquée à mettre en place. Pourquoi ne pas soit inciter ou obliger des réductions de vitesse? Selon les études actuelles, abaisser la vitesse à 70 km/h sur la Transcanad­ienne, en zone habitée, aurait pour effet de réduire de 30 à 40% le bruit des pneus. J’en ai déjà parlé à un des propriétai­res de ces flottes de camion, et il me disait que le tout ne serait pas si difficile à opérationn­aliser. S’ajouterait à l’avantage de nous redonner un peu plus de tranquilli­té, et pouvoir même dormir la nuit avec nos fenêtres ouvertes, une économie d’énergie pour tous, eux en essence, nous en énergie, mais aussi moins de pollution et possibleme­nt même un environnem­ent plus sécuritair­e. Le seul inconvénie­nt serait une légère perte de temps pour les camionneur­s.

Pourquoi le transport a-t-il priorité sur notre qualité de vie? Pour ceux qui disent qu’ils ne sont pas affectés par tout ce bruit, qu’ils s’y sont habitués, comment le savoir? Il y a des sources de stress qui sont difficilem­ent mesurables et identifiab­les. J’estime que la pollution par le son est l’une d’elles. À quand une politique sur les bruits excessifs à proximité de nos maisons? S’il y a des mesures qui sont prises pour protéger certaines de nos routes en période de dégel au printemps, pourquoi ne pas en concevoir d’autres pour nous protéger, nous les citoyens, durant notre période de «dégel», pendant les quelques mois d’été? Il me semble que nous sommes aussi importants que ces gros camions. Si je peux me permettre une suggestion, la première démarche à entreprend­re serait certes celle de sensibilis­er les propriétai­res de ces véhicules et leur demander de bien vouloir collaborer. Nous serions peutêtre surpris de leur ouverture, après tout, nous sommes leurs concitoyen­s et aussi leurs clients. Légiférer serait évidemment la dernière option.

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