Acadie Nouvelle

MISCOU: LE FEU A LAISSÉ DES TRACES

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Le feu de forêt et de plaine à Miscou est officielle­ment éteint depuis dimanche. Les dégâts sont visibles et importants. Nous sommes retournés sur place.

Dix jours après avoir regagné leur domicile du chemin Wilson sur l’île de Miscou, Frank Wilson et sa femme Kelley restent marqués par le drame qui les a éloignés de chez eux quatre jours durant.

Samedi 29 juillet, la police les a sommés d’évacuer en urgence leur maison menacée par les flammes. Un feu de forêt venait de se déclarer. Pendant une semaine, le sinistre a mobilisé d’importants moyens terrestres et aériens.

Au dernier bilan, 35 hectares ont brûlé. Le chemin Wilson qui menait au plus près du brasier est resté fermé à la circulatio­n jusqu’au 3 août. La zone étant sous surveillan­ce accrue, les riverains avaient été autorisés à rentrer chez eux deux jours auparavant.

Au terme de plusieurs journées de patrouille­s, l’incendie a été déclaré éteint dimanche.

«Il a été constaté qu’il ne restait plus de points chauds ni de fumée», indique-t-on au ministère du Développem­ent de l’énergie et des Ressources.

Le feu a laissé des traces. Dans les parties boisées, des rangées entières d’arbres ne sont plus que troncs morts et noircis. L’odeur de brûlé titille encore les narines. Des coulées d’herbes calcinées dévalent jusqu’aux pieds des habitation­s.

Aucune d’entre elles n’a été endommagée, ou pis réduite en cendres. Quand il a quitté précipitam­ment la sienne, Frank Wilson pensait ne jamais la revoir. Il y est attaché, il y est né.

«On revenait du phare de Miscou, on s’en allait à Lamèque prendre une crème glacée quand on a vu de la boucane. On s’est dit que notre maison était en flammes. On a tout de suite pensé à nos trois chiens qui étaient à l’intérieur», raconte Kelley.

Le couple se précipite et découvre ce qui se passe.

«Il y avait des sirènes de police et des camions de pompiers partout. La boucane se faisait de plus en plus épaisse. C’est devenu surréalist­e», poursuit-elle.

«C’était le chaos total. J’ai vu des étincelles voler et la pelouse de mon voisin s’embraser. J’ai essayé d’éteindre ce départ de feu avec une pelle. C’était pire. Je ne pouvais rien faire», ajoute-t-il.

Dans la confusion, Kelley s’est demandé quoi faire.

«Je comprenais que c’était sérieux. On n’avait pas le temps de réfléchir. J’étais sous pression, je me suis mise à pleurer. J’ai pris quelques photos souvenirs. On a monté les chiens dans la voiture et on est parti.»

Ce coin de l’île habituelle­ment si tranquille s’est retrouvé plongé dans une tout autre dimension. Depuis, le chemin Wilson a retrouvé sa quiétude, mais les esprits demeurent agités.

«On y pense encore. Mardi, on est allé à Bathurst pour la journée. Je n’étais pas rassurée. J’avais peur qu’un autre feu démarre pendant notre absence. On sait maintenant comment un incendie peut rapidement se montrer incontrôla­ble.»

Les conditions actuelles les inquiètent quelque peu. Il n’a pas plu à Miscou depuis juin. Les sols sont toujours extrêmemen­t secs.

«Toutes les tempêtes n’ont pas dépassé Lamèque. On n’a rien eu», souligne Frank.

Les résidants du chemin Wilson ne sont pas les seuls à stresser.

«La population entière de l’île est toujours nerveuse», révèle Johnny Stewart, le président du DSL de Miscou.

Ce week-end en soirée, une bande de jeunes a allumé un feu sur la plage.

«Quelqu’un a tout de suite appelé le 911. Les pompiers se sont déplacés et l’ont éteint. Faire un feu en ce moment est totalement interdit, que ce soit sur son terrain ou ailleurs. Avec le vent, une étincelle suffit pour que ça vire à la catastroph­e», rappelle Johnny Stewart.

Celui-ci préfère voir le bon côté des choses. Il considère que la situation aurait pu prendre une tournure tragique.

«Si le feu avait été plus en profondeur, avec les émanations de gaz, ça aurait été beaucoup plus dangereux. Les pompiers et les agents du gouverneme­nt ont fait un travail exemplaire. Je leur tire mon chapeau.»

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 ??  ?? Sans l’interventi­on des secours, des maisons du chemin Wilson, à Miscou, auraient été ravagées par les flammes. Le feu a dangereuse­ment menacé certaines habitation­s. Acadie Nouvelle: Vincent Pichard
Sans l’interventi­on des secours, des maisons du chemin Wilson, à Miscou, auraient été ravagées par les flammes. Le feu a dangereuse­ment menacé certaines habitation­s. Acadie Nouvelle: Vincent Pichard
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Le feu a laissé une végétation morte et réduite en cendres. Sur place, une légère odeur de brûlé se fait encore sentir. - Acadie Nouvelle: Vincent Pichard
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