Des oiseaux de mauvais augure
Les données linguistiques du recensement de 2016 n’étaient pas encore publiques que, du Québec, certains éditorialistes inspirés et autres oiseaux de mauvais augure s’acharnaient déjà sur la Francophonie canadienne – comprenez, celle dite «hors Québec», donc nous tous et toutes.
Le gouvernement canadien n’a que faire, à les entendre, des quelques millions d’entre nous qui n’avons pas «la chance» de vivre au Québec. Selon eux, le dévouement et l’acharnement de nos communautés linguistiques ne parviennent à rien, autrement dit, mieux vaut ouvrir les yeux, regarder la réalité en face et accepter une fois pour toutes que notre entêtement linguistique et culturel ne sert à rien et que nous sommes tous voués à disparaître dans l’indifférence la plus complète.
Les données du dernier recensement, si on veut les lire ainsi, semblent conforter ces thèses défaitistes, quoique chez moi à Terre-Neuve-et-Labrador la communauté francophone est restée stable. Néanmoins, vieillissement et immigration font que l’impact de la francophonie canadienne diminue tandis que les autres langues gagnent du terrain. Cette réalité existe partout, même au Québec où, en passant, le bilinguisme augmente.
Je n’ai pas l’intention de disséquer les chiffres du recensement, c’est un sport national auquel on s’emploiera collectivement jusqu’au prochain recensement. Non, ce que je tiens à exprimer ici, aujourd’hui, c’est mon exaspération devant tous ces gens bien-pensants qui, du relatif (d’après le recensement) confort linguistique du Québec, se permettent de pontifier sur notre sort, comme autant de charlatans du Moyen-Âge devant un grand corps malade et possiblement, à les en croire, un cadavre encore chaud.
Il y en a marre! Ces rengaines, ces sornettes, nous les avons déjà entendues des milliers de fois, de Lord Durham jusqu’à eux et si on les écoutait on aurait abandonné la partie depuis longtemps. Ce qui m’exaspère particulièrement c’est que, quand on proteste, on se fait taxer de naïfs et d’utopistes face à cette déroute de notre francophonie qui, semble-t-il, se voit bien clairement depuis le Québec.
À tous ces défaitistes et donneurs de leçons je reviens à cette superbe maxime: «Ceux qui pensent que c’est impossible sont priés de ne pas déranger (et je suis polie!) ceux qui essaient.»