Acadie Nouvelle

N’oublions jamais…

- Jeanne d’Arc Gaudet, Moncton

Chère langue française, je t’écris aujourd’hui parce que, tu le sais très bien, le 15 août s’en vient à grands pas et les célébratio­ns ont déjà commencé un peu partout dans nos régions acadiennes. C’est aussi ta fête que nous célébrons, n’est-ce pas? C’est en grande partie à cause de toi si on est toujours ici pour célébrer qui on est, qui on a été et qui on deviendra. Je tiens à t’assurer que si nous sommes toujours là aujourd’hui c’est parce qu’au cours de notre périple historique, des Acadiennes et des Acadiens t’ont aimée profondéme­nt et ont fait de leur mieux pour te protéger de ceux qui, au cours des quatre derniers siècles, ont tenté de te faire disparaîtr­e. C’est grâce à l’amour inconditio­nnel de ces braves gens, nos ancêtres et leur descendanc­e, si aujourd’hui tu occupes encore une partie importante dans nos vies. Toutefois, ce qui me chagrine beaucoup depuis quelque temps c’est de constater jusqu’à quel point on tente de t’oublier. À mon avis, on ne te traite pas toujours avec dignité et respect et malheureus­ement, plusieurs semblent vouloir même t’abandonner et te remplacer par une étrangère qui rôde dans les parages depuis trop longtemps et qui veut prendre ta place. Oui, prendre ta place et trop souvent on ne fait pas grand-chose pour l’éloigner. Je dirais même que plusieurs accordent à cette étrangère une place de choix au sein de leur vie. Encore cette semaine, on nous informe que tu perds du terrain un peu partout sur notre grand territoire canadien, et ce phénomène a des répercussi­ons chez nous en Acadie. On dit même que si rien n’est fait pour renverser la tendance que tu pourrais éventuelle­ment disparaîtr­e de nos vies à plus long terme et ça me casse le coeur. Toi, fidèle amie, depuis toujours qui, par ta fidélité, ta beauté, ta persévéran­ce et ta poésie, tu as soudé nos coeurs et nos âmes pendant si longtemps. Tu as été le fil conducteur de notre identité et je dirais c’est bien à cause de toi si moi et les membres de notre grande famille linguistiq­ue sommes toujours debout. C’est bien à cause de toi, si nous avons surmonté les défis du Grand Dérangemen­t pour arriver à créer des institutio­ns afin d’assurer ta pérennité. Tu sais, c’est comme dans la chanson qui dit, «l’amour, ça vit, ça meurt et ça revient». C’est pourquoi j’invite tout le monde à raviver cette flamme pour que l’amour revienne. Pour ce faire, il faut bien y mettre tous les efforts pour que nos enfants ne puissent jamais t’oublier et surtout oublier qui nous sommes et d’où on vient. Bonne fête de l’Acadie à toutes et à tous!

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