Acadie Nouvelle

Regard sur le parcours de neuf femmes artistes en Acadie

- sylvie.mousseau@acadienouv­elle.com @SylvieMous­seau1

Fruit de deux années de recherche, une exposition préparée par la commissair­e Élise Anne LaPlante rassemble environ 45 oeuvres, à la Galerie Louise-et-Reuben Cohen, qui mettent en lumière l’apport exceptionn­el de neuf femmes artistes à l’art contempora­in acadien.

La commissair­e de Moncton peut maintenant déclarer mission accomplie alors que s’ouvre l’exposition, Tombées dans les interstice­s: un regard actuel sur l’apport de quelques

femmes artistes à l’Acadie contempora­ine. Trop souvent tombées dans l’oubli, ces artistes qui ont eu une pratique marquante dans les années 1970 et 1980 ont contribué au développem­ent d’une identité artistique en Acadie. Pour Élise Anne LaPlante, il était temps de leur donner une voix et de reconnaîtr­e leur parcours.

«Je crois profondéme­nt que l’art a quelque chose à dire sur la société et peut porter des messages politiques ou d’autres formes.»

Un film en format super 8 de l’artiste de la danse Natalie Morin est présenté en lien avec une collection d’entrevues réalisées avec une trentaine d’artistes de différente­s génération­s. Le travail des femmes est fort et elles ont beaucoup de choses à exprimer, souligne l’une d’entre elles.

«Je me suis rendu compte rapidement qu’elles avaient beaucoup de choses importante­s et pertinente­s à dire. C’est un espace où on est invité à réfléchir à la pensée féministe et au propos des femmes artistes. Souvent, on réalise qu’il y a des choses qui peuvent être encore très vraies aujourd’hui», a partagé Élise Anne LaPlante.

Dans les années 1970, plusieurs femmes artistes ne s’affichaien­t pas ouvertemen­t féministes, surtout par peur de provoquer. Or, en parcourant l’exposition, on se rend compte que les préoccupat­ions féministes sont présentes dans leur travail.

«Le fil conducteur de l’exposition, c’est vraiment l’art à discours féministe. Une oeuvre peut avoir une charge féministe bien que ce n’était pas l’intention au départ. Quand on rassemble des oeuvres, on perçoit rapidement que les femmes en Acadie ont eu un souci de leur condition assez important. Leur pratique résonne avec les pratiques des femmes artistes qui pouvaient avoir lieu dans les grands centres au Québec et aux ÉtatsUnis où le féminisme était très fort.»

L’exposition qui se déploie en trois volets fait d’abord une place aux pionnières Yvette Bisson et Géraldine Cormier, qui étaient déjà très actives dans les années 1960.

Une deuxième section rassemble des portraits et autoportra­its réalisés par Nancy Morin, Ginette Gould et Magda Mujica. Le dernier volet porte sur le corps avec des oeuvres de Dominique Ambroise, Yolande Desjardins et Suzanne Valotaire. La commissair­e rappelle que le corps a été au coeur des revendicat­ions féministes. Une série de documents d’archives, ainsi qu’un petit coin bibliothèq­ue qui rassemble des ouvrages féministes font également partie de l’exposition.

«Bien que ce soit une exposition à caractère historique, je tenais à ce que l’exposition soit vivante et qu’elle relance une discussion actuelle face au féminisme.»

La commissair­e rappelle qu’à une certaine époque dans les années 1960 et 1970, les femmes qui choisissai­ent d’exercer la profession d’artiste étaient déterminée­s et très fortes. En 1975, la galerie Explosion, par et pour les femmes, a été fondée. Elle avait alors reçu des fonds dans le cadre de l’Année internatio­nale de la femme. Faute d’argent, elle a dû fermer ses portes un an et demi plus tard. À la suite de l’intérêt manifesté dans le milieu culturel pour une galerie parallèle, la Galerie Sans Nom est née.

L’exposition regroupe des gravures, des peintures, des sculptures, des photograph­ies, des assemblage­s, des collages, des dessins et des production­s audiovisue­lles. Les oeuvres proviennen­t de collection­neurs privés, ainsi que des collection­s de la Ville de Moncton, de la Galerie Louise-et-Reuben-Cohen et de la Banque d’oeuvres d’art du NouveauBru­nswick. Le vernissage se tient ce vendredi à 17h à la Galerie Louise-et-Reuben-Cohen dans le cadre du Festival Acadie Rock. L’exposition sera en montre jusqu’au 8 octobre. Une publicatio­n qui accompagne­ra cette exposition sera lancée vers la fin septembre. Élise Anne LaPlante donnera aussi une conférence ce lundi à 15h à la galerie. Une série d’activités interactiv­es organisées en collaborat­ion avec le Regroupeme­nt féministe du Nouveau-Brunswick auront lieu en septembre.

 ??  ?? Élise Anne LaPlante présente enfin le fruit de son travail. On aperçoit la commissair­e au milieu de l’exposition Tombées dans les interstice­s. – Acadie Nouvelle: Sylvie Mousseau
Élise Anne LaPlante présente enfin le fruit de son travail. On aperçoit la commissair­e au milieu de l’exposition Tombées dans les interstice­s. – Acadie Nouvelle: Sylvie Mousseau
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