Acadie Nouvelle

UNE DRAG QUEEN DE DESCENDANC­E ACADIENNE

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Mado et ses drag queens avaient fait salle comble au festival Acadie Love à Caraquet devant plus de 700 personnes en juillet. Et pour Jonathan Lebouthill­ier, qui performe sous les traits de Marla Deer, c’était en quelque sorte un retour aux sources.

Le public se rappellera de Marla Deer comme de l’assistante hilarante et parfois vulgaire du Bingo à Mado, au festival Acadie Love. Ou de son interpréta­tion d’Edith Butler lors du cabaret de la soirée précédente.

C’est durant cette soirée que Mado avait dévoilé au public les origines néobrunswi­ckoises de Marla Deer, sa complice sur scène depuis plusieurs années.

«Vous voyez ce que ça fait, un mélange entre des Lanteigne et des Lebouthill­ier!», avait lancé Mado.

Il nous a reçus dans sa loge au cabaret à Montréal, alors qu’il se préparait avant un spectacle.

S’il n’est pas né au NouveauBru­nswick, il a de la famille originaire de Caraquet. Son grand-père a déménagé à Montréal il y a plusieurs années. L’homme âgé de 34 ans n’a jamais dit à son grand-père, mort il y a quelques années, ce qu’il faisait dans la vie.

«Ma famille m’appuie. Il y a vraiment juste mon grand-père qui ne savait pas, sinon tout le monde était au courant», dit-il.

«J’aurais aimé lui dire, mais il était d’une autre génération. Ce n’est pas simple de comprendre ça et d’accepter. Quand j’ai commencé à faire ça, il était déjà rendu très vieux», laisse-t-il tomber.

UN PASSAGE APPRÉCIÉ EN ACADIE

C’est en participan­t par hasard à un concours qu’il a commencé à performer sous les traits d’une drag queen. Depuis, Jonathan Lebouthill­ier adore se transforme­r.

«On est des artistes de la scène. La plupart d’entre-nous ne chantons pas pour vrai. Nous travaillon­s beaucoup le maquillage et le costume. Une drag queen c’est à la base quelqu’un qui performe en tant qu’artiste, on n’est pas habillée comme ça 24 heures sur 24», dit-il.

La troupe a adoré son passage en Acadie en juillet, où elle a offert son spectacle pour la première fois. L’artiste de la scène a été étonné par l’accueil chaleureux lors des deux soirées. Le public a ri de bons coeurs aux blagues.

«Les gens ici sont vrais, authentiqu­es», dit-il.

RELIGION ET HOMOSEXUAL­ITÉ

La troupe de Mado a aussi profité de son passage au Nouveau-Brunswick pour faire des activités et des rencontres, dont le maire de Caraquet Kevin Haché.

«Nous sommes allés chez le maire. Il a une belle maison décorée avec beaucoup d’objets religieux», dit Jonathan Lebouthill­ier.

Voit-il une conciliati­on possible entre la religion et l’homosexual­ité?

«Je dirais qu’il y a plus de monde qui ont les yeux ouverts. C’est sûr qu’à la base, la religion ne nous aime pas beaucoup… pas la petite madame, mais la religion en tant que telle. Il y a encore trop de gens qui sont dans leur bulle», soutient-il.

Le phénomène des drag queens peut être mal reçu dans certains milieux. Mais pour Jonathan Lebouthill­ier la scène drag est indissocia­ble de la lutte pour les droits de la communauté LGBT. Il affirme qu’elles ont été parmi les premières à se battre sur ce front.

«On a accès à une scène et on peut faire passer des messages. Il n’y a pas juste des gays qui viennent nous voir, il y a beaucoup de monde qui viennent voir nos spectacles. On n’a pas peur de s’exprimer sur scène, alors qu’il y a tellement de gens à qui on ne donne pas ce droit-là… On se doit de parler et de se battre pour eux autres», dit-il.

Pour Jonathan Lebouthill­ier, faire des spectacles en Acadie, à Paris ou ailleurs ne fait aucune différence. Mais la troupe a été marquée par son passage au Nouveau-Brunswick et espère être invitée l’année prochaine.

«La réaction du public a été étrange», se rappelle Jonathan Lebouthill­ier, qui performe sur la scène drag depuis 14 ans et qui est maintenant un pilier du cabaret Mado.

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 ??  ?? Marla Deer (à gauche) en compagnie de Mado, lors du Bingo à Mado au festival Acadie Love. - Gracieuset­é: Julie D’Amour-Léger
Marla Deer (à gauche) en compagnie de Mado, lors du Bingo à Mado au festival Acadie Love. - Gracieuset­é: Julie D’Amour-Léger
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