Acadie Nouvelle

La poésie enrichit la vie, mais pas le portefeuil­le

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Si la poésie connaît un engouement en Acadie avec une relève qui arrive en force, il reste que les ventes de livres ne suivent pas nécessaire­ment cette cadence.

Libraires comme éditeurs soulignent que les ventes de livres de poésie acadienne sont minimes comparativ­ement à d’autres genres littéraire­s, à l’exception de certains titres comme ceux de la poète Georgette LeBlanc.

Le Festival acadien de poésie de Caraquet ou encore la sortie d’une nouvelle publicatio­n amènent un regain dans les ventes, mais cela ne se maintient pas tout au long de l’année, précise le libraire Julien Cormier. Le directeur des Éditions PerceNeige, Serge Patrice Thibodeau, précise que les tirages des livres de poésie dépassent rarement 400 exemplaire­s. Or, les Acadiens aiment la poésie, comme en font foi les soirées de lectures publiques et les lancements qui sont souvent très courus et festifs.

«Je constate que les gens aiment entendre la poésie, mais ils n’aiment pas la lire à moins d’avoir un coup de coeur pour un poète qu’ils veulent relire… Il y a un marché et un public pour la poésie, mais c’est restreint», a expliqué l’éditeur et écrivain.

Depuis qu’il dirige les Éditions PerceNeige, il a élargi le catalogue de l’entreprise afin d’inclure davantage de genres littéraire­s. Aujourd’hui, pas plus de 60% de la production annuelle est consacrée à la poésie.

«Perce-Neige n’existerait pas aujourd’hui, si la maison s’était entêtée à ne publier que de la poésie. On fait du roman, des essais, des récits, c’est-à-dire des livres un peu plus grand public qui nous permettent de bien fonctionne­r, d’élargir notre lectorat et de faire de la poésie.»

Après avoir connu un léger creux de vague vers la fin des années 1980, la poésie a repris de la vigueur, estiment Serge Patrice Thibodeau et le poète Jean-Philippe Raîche. Créée en 2013, la collection destinée aux jeunes poètes, compte déjà six titres. Et il y en a d’autres qui s’en viennent. C’est très bon signe.

«C’est une poésie qui parle fort. Je dirais que c’est une poésie dénonciatr­ice et très critique du monde dans lequel on vit. En fait, le travail des poètes est de rendre notre monde habitable. La poésie est là un peu pour nous sortir de notre torpeur et nous faire apprécier la vie. On dénonce les injustices, les travers et je pense que le plus caustique est certaineme­nt Sébastien Bérubé», a fait valoir M. Thibodeau.

Jean-Philippe Raîche estime qu’il y a un retour à la poésie de revendicat­ion dans ses multiples facettes. À ses yeux, la poésie constitue un élément vital. «C’est le poumon de la société acadienne», soutient-il.

«Je pense que la poésie est une parole très puissante qui brasse les choses et on en a besoin plus que jamais. 140 caractères, c’est soit un poème ou un d’un chef d’État qu’on ne nommera pas. À toutes les fois qu’il y a un de Donald Trump, il faut qu’il y ait un poème qui sorte, juste pour proposer une autre vision du monde...»

Parmi les poètes émergents figure Monica Bolduc, la benjamine de la poésie acadienne chez Perce-Neige. À 25 ans, cette auteure et comédienne en devenir a publié un premier recueil Sa poésie a été qualifiée de rebelle, tourmentée, provocatri­ce et fragile, mais surtout pas complaisan­te. Monica Bolduc confie que l’écriture est d’abord thérapeuti­que. D’ailleurs, elle a commencé à écrire vers 2013 alors qu’elle traversait une période difficile de sa vie. Quand elle se présente devant un public pour lire ses poèmes, elle se met en quelque sorte à nu.

«J’adore lire mes poèmes en public. C’est là qu’ils prennent vie. Avec ma formation en théâtre, ça me permet de livrer ces textes et de faire sentir des choses à la foule. Si je peux faire ressentir quelque chose à quelqu’un, ma job est faite», a exprimé l’artiste originaire du Madawaska.

Comme la plupart des poètes acadiens, Monica Bolduc ne peut pas compter uniquement sur la poésie pour gagner sa vie. D’ailleurs, elle n’écrit pas de la poésie pour en vivre. Ce serait une utopie de croire que les poètes puissent, un jour, vivre uniquement de leur plume, considère Serge Patrice Thibodeau.

Monica Bolduc, Serge Patrice Thibodeau et Jean-Philippe Raîche seront de la distributi­on de la soirée de poésie Gérald-Leblanc au Festival Acadie Rock qui mettra en vedette également Guy Arsenault, Rose Després, Sébastien Bérubé, Caroline Bélisle et André Muise.

La soirée est présentée lundi à 20h à la Salle Bernard-LeBlanc.

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Monica Bolduc montera sur la scène de la Salle Bernard-LeBlanc afin de prendre part à la Soirée de poésie GéraldLebl­anc. - Acadie Nouvelle: Sylvie Mousseau
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