Acadie Nouvelle

La «liste» d’épicerie du Canada

-

La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a dévoilé lundi la liste des priorités du Canada en vue de la renégociat­ion de l’ALÉNA, qui s’amorce mercredi à Washington. Voici l’essentiel de cette liste, beaucoup moins exhaustive que celle des États-Unis, qui compte plus de 100 points:

• Un nouveau chapitre sur les normes du travail: dans l’ALÉNA actuel, cet enjeu n’est évoqué que dans une annexe ajoutée après l’élection de Bill Clinton en 1994 (et donc après les négociatio­ns de l’accord général); cette annexe mettait l’accent sur quelques modificati­ons seulement. Les Canadiens et les Américains souhaitera­ient notamment forcer le Mexique à hausser les salaires pour éliminer cet avantage concurrent­iel, surtout dans le secteur de l’automobile.

• Un nouveau chapitre, cette fois sur les normes environnem­entales: cet enjeu fait aussi partie actuelleme­nt d’une annexe ajoutée après l’arrivée de Bill Clinton à la Maison-Blanche. Mme Freeland souhaitera­it qu’un chapitre de l’accord général prévoie notamment que les pays signataire­s ne peuvent réduire leur protection environnem­entale pour attirer les investisse­ments. La ministre espère aussi que l’ALÉNA appuiera les efforts des trois pays pour lutter contre les changement­s climatique­s.

• Des modificati­ons au mécanisme de règlement des litiges entre investisse­urs et États, nommément le «chapitre 11» qui permet aux entreprise­s de poursuivre un État si une loi ou un règlement visant l’intérêt public nuit à ses affaires. À ne pas confondre avec le fameux chapitre 19, consacré au règlement des litiges entre des compagnies au sujet de dumping et de droits compensato­ires, par exemple sur le bois d’oeuvre.

• Conserver ce fameux chapitre 19: la ministre Freeland rappelle que le Canada avait brièvement quitté la table de négociatio­ns en 1987 parce que cet enjeu représenta­it pour Ottawa une priorité absolue. Les Américains souhaitent l’éliminatio­n du

chapitre 19; des observateu­rs croient que ce chapitre pourrait simplement être modifié.

• Protéger le système canadien de gestion de l’offre dans les secteurs du lait et de la volaille, où le libre-échange ne s’applique pas actuelleme­nt: le Canada réglemente les prix et les importatio­ns (en imposant des taxes).

• Conserver l’«exception culturelle»: le Canada avait insisté là-dessus dans l’accord de 1994, mais les Américains considèren­t souvent comme des irritants ces mesures de protection des cultures nationales, notamment dans l’édition et l’audiovisue­l.

• Ouverture des appels d’offres aux entreprise­s des partenaire­s de l’ALÉNA. Le Canada souhaite depuis longtemps l’abolition du Buy American pour des projets de constructi­on mis en branle par les États américains ou les municipali­tés, mais la bataille sera dure: les élus à Washington souhaitent au contraire plus de mesures protection­nistes, comme d’ailleurs le président Donald Trump, qui en a fait un enjeu de sa campagne électorale. Mme Freeland a qualifié ces mesures de «malbouffe politique: appétissan­tes en apparence, mais malsaines à long terme».

• Une libre circulatio­n des profession­nels. L’ALÉNA contient déjà une liste de profession­s qui peuvent être pratiquées chez les voisins d’Amérique du Nord, après l’obtention d’un visa, mais cette liste n’est pas jeune – par exemple, les programmeu­rs informatiq­ues n’y figurent pas. Les multinatio­nales aimeraient que leurs employés puissent aller travailler dans leurs autres bureaux d’Amérique.

• Un nouveau chapitre sur l’égalité entre les sexes.

• Un nouveau chapitre sur les droits des Autochtone­s.

Newspapers in French

Newspapers from Canada