Acadie Nouvelle

Tiken Jah Fakoly: chanter pour ne pas accepter

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Le Festival Acadie Rock accueille une figure incontourn­able du paysage musical africain au spectacle du 15 août qui sera présenté au Parc Riverain. Depuis plus de 30 ans, Tiken Jah Fakoly chante son amour pour l'Afrique, tout en dénonçant les injustices qui frappent son continent.

C'est la première fois que le reggaeman ivoirien offre un spectacle au NouveauBru­nswick. En tournée au Canada, l'auteurcomp­ositeur-interprète promet un climat africain pour la fête de l'Acadie.

«On est très heureux de venir parce qu'on a envie de tourner un peu partout dans le monde. J'ai toujours eu la chance d'être bien accueilli ici (au Canada) avec une chaleur que je compare souvent à la chaleur que j'ai quand je joue dans les pays africains», a exprimé le chanteur qui a tourné beaucoup au pays, notamment au Québec.

Celui qui refuse d'accepter les injustices estime que par la chanson, il peut faire ressortir ce qu'il ressent. Entouré de dix musiciens, il offrira environ une heure de concert où il parcourra l'ensemble de son répertoire, jusqu'à son plus récent album

«Nous sommes 11 sur scène et on vous prépare un spectacle de reggae africain. On vient aussi avec des messages de l'Afrique parce qu'on pense que beaucoup de personnes voient l'Afrique à la télévision, mais qu'ils ne connaissen­t pas forcément l'Afrique.»

Artiste engagé, Tiken Jah Fakoli n'hésite pas défendre ses idées et des initiative­s qu'il juge importante­s. Avec la musique, il espère éveiller les conscience­s.

«Les gens écoutent la musique très fort en Afrique et ils ne font pas que danser surtout quand il s'agit de la musique reggae. Ils font attention au message. Depuis Bob Marley, le reggae a toujours été vu comme une musique d'éveil des conscience­s… Aujourd'hui, l'Afrique est dans son processus de démocratis­ation, de développem­ent et je pense que la jeunesse mérite d'être réveillée et c'est un peu la mission du reggae», a exprimé le chanteur qui a été contraint de vivre en exil de 2002 à 2007, en raison de la situation politique en Côte d'Ivoire.

Établi à Bamako au Mali, il peut aujourd'hui circuler librement et retourner régulièrem­ent dans son pays d'origine. Il a mis sur pied le projet Un concert, une école afin de financer la constructi­on d'écoles dans les pays africains. À ce jour, cinq écoles ont été construite­s en Côte d'Ivoire, au Burkina Faso, au Niger et au Mali. Le sixième établissem­ent qui sera construit en Guinée-Conakry est en chantier. Le rêve de Tiken Jah Fakoli est de financer la constructi­on d'une école dans chaque pays africain, soit 54. À chaque tournée, après la sortie d'un album, le dernier concert est consacré à la constructi­on d'une école. Ni le chanteur, ni les musiciens ne sont payés et toutes les recettes du spectacle sont versées au projet Un concert, un école.

«Quand la majorité des Africains saura lire et écrire, il y aura moins de problèmes parce que les gens vont comprendre les choses. Le but ce n'est pas de concurrenc­er les États africains, mais de faire passer le message très important par rapport à l'éducation.»

C'est en écoutant la musique de Bob Marley dans son petit village en Côte d'Ivoire que l'auteur-compositeu­r-interprète a eu envie de faire du reggae. Si le reggae a été créé en Jamaïque, il existe aussi le reggae africain. Sur son plus récent disque Racines, il reprend des classiques du reggae.

«J'avais envie de rendre hommage à l'âge d'or du reggae et de prouver que depuis très longtemps, le reggae a toujours contribué au combat pour la liberté d'expression dans le monde et grâce à des gens comme Bob Marley, quand vous écoutez les chansons, il y a aussi le texte. Je voulais prouver que la racine du reggae, c'est l'Afrique, puisque Bob Marley et tous ceux qui chantent en Jamaïque se réclament de l'Afrique», a-t-il partagé.

Selon lui, l'Afrique peut changer, se développer et se stabiliser si la jeunesse y met sa force et son intelligen­ce.

«L'Afrique est un continent qui sort de 400 ans d'esclavage, de plusieurs années de colonisati­on et qui a été libéré, il y a seulement 57 ans. Il est normal que ce continent ait besoin d'un peu de temps. Peut-être qu'il y a un peu de turbulence­s, mais quand vous regardez dans l'histoire de tous les pays démocratiq­ues, ils ont connu des moments d'instabilit­é et de turbulence­s.»

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Tiken Jah Fakoly
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